Revue de la presse européenne quotidienne internationale

Mardi 23 Juillet 2019

Bruxelles - Les résultats des élections législatives en Ukraine, la vague de chaleur en Europe, les tractations politiques pour la formation d'un nouveau gouvernement en Espagne, le débat sur l'augmentation des dépenses militaires en Allemagne, "le mécanisme européen de solidarité" pour la répartition des migrants secourus en Méditerranée et la course au poste de Premier ministre au Royaume-Uni, sont les principaux sujets commentés par la presse européenne de ce mardi. En France, ce sont les résultats des élections législatives en Ukraine, qui retiennent l'attention du journal Le Monde. « Ukraine : la victoire sans appel du président Zelensky », titre le journal, qui souligne que les résultats de ce scrutin constituent un « plébiscite pour le parti de Zelensky ».

« Le succès aux législatives de la formation du jeune président ukrainien Volodymyr Zelensky a parachevé, dimanche 21 juillet, son offensive éclair sur la scène politique ukrainienne. Elu triomphalement à la présidence du pays au mois d’avril, l’ancien humoriste a conclu non moins brillamment l’acte II de sa conquête du pouvoir : avec 44,2 % des voix récoltées aux élections législatives, selon les premières estimations », indique le journal qui souligne qu’avec ce plébiscite, Volodymyr Zelensky s’apprête à prendre le contrôle du Parlement, étape indispensable dans la transformation profonde du pays qu’il a promise aux électeurs. 

« L’Ukraine n’a pas ni de surprendre. Après avoir joué un rôle crucial dans l’éclatement de l’Union soviétique en 1991, ce pays de 45 millions d’habitants, charnière entre l’Est et l’Ouest, n’a cessé de tenter de se détacher de l’orbite postcommuniste pour devenir une démocratie européenne, dotée d’une économie de marché dont le fonctionnement ne serait plus entravé par la corruption et les oligarques », souligne Le Monde dans un éditorial sous le titre « Nouveau départ pour l’Ukraine ».

Selon le journal, « les résultats des élections législatives organisées dimanche 21 juillet offrent aux Ukrainiens la chance d’un nouveau départ ». 

Il y a trois mois, en désespoir de cause, les électeurs se sont tournés vers un humoriste, Volodymyr Zelensky, héros d’une série télévisée dans laquelle il incarnait un professeur devenu président de la République malgré lui, pour diriger leur pays. Inexpérimenté mais entouré de quelques réformateurs sérieux, le président Zelensky s’est rapidement heurté à un Parlement dominé par la vieille garde ; il a donc convoqué des élections législatives anticipées, que son nouveau parti, Serviteur du peuple (c’était le nom de sa série télévisée), a remportées haut la main, rappelle le journal français.

Le Figaro lui s’intéresse à la vague de chaleur qui frappe la France actuellement, la deuxième en moins d’un mois.

Alors que 73 départements font désormais l’objet de restrictions d’eau, une nouvelle période de canicule débute en France et chez la plupart de nos voisins européens, écrit le journal dans un article sous le titre « La France a chaud, la terre a soif ».

« C’est la double peine. Non seulement les trois quarts de la France (73 départements) font désormais l’objet de restrictions d’eau - plus ou moins sévères - du fait de la sécheresse qui sévit depuis plusieurs semaines, mais la canicule est de retour et devrait petit à petit s’installer sur la majorité du pays à l’exception de la pointe bretonne, et perdurer jusqu’à la fin de la semaine », écrit le journal qui souligne que « la sécheresse s’affiche sur une bonne partie du territoire en raison d’un déficit pluviométrique «de 20 % en moyenne sur la France depuis septembre» ».

« Si les prévisionnistes s’accordent à penser que des températures plus clémentes devraient revenir à partir de la fin de la semaine, rien en revanche ne laisse présager des précipitations suffisantes pour offrir un peu de répit aux cultures. Dans ses projections à trois mois, Météo France anticipe des journées encore chaudes et sèches », affirme le journal.

«Une vague de chaleur servie sur un plateau pour Greta Thunberg. La jeune Suédoise, qui mobilise une partie de la jeunesse mondiale dans son combat contre le réchauffement climatique, ne devrait pas manquer de l’évoquer ce mardi 23 juillet, face aux membres de l’Assemblée nationale », avance le Figaro.

En Suisse, Le Temps s'intéresse aux tensions au Proche-Orient après la démolition par les autorités israéliennes d'habitations palestiniennes dans la région de Sour Baher à Al Qods-Est occupée.

"Pour la première fois, Israël a démoli lundi des maisons situées à Sour Baher, village contrôlé par l'Autorité palestinienne. Un acte qui crée un précédent dangereux pour les Palestiniens", écrit le journal.

Dans un autre registre, NZZ s'attarde sur la course au poste de premier ministre au Royaume-Uni, relevant que si toutes les projections ne se révèlent pas fausses, Boris Johnson prendra déjà mercredi la présidence du cabinet du Premier ministre. 

Selon le dernier sondage, poursuit le journal, Johnson pourrait recevoir plus de 70% des voix des membres du parti conservateur, notant que le ministre des Affaires étrangères par intérim, Jeremy Hunt, ne dispose que de possibilités limitées.

La publication fait observer que tous les deux hommes soient considérés comme des partisans convaincus du Brexit et souhaitent renégocier l'accord de leur prédécesseur avec l'Union européenne (UE). "Si cela ne fonctionne pas, ils veulent quitter l'UE sans accord en cas d'urgence à la fin du mois d'octobre", note le journal précisant que "Hunt a toutefois indiqué que, dans certaines circonstances, il envisagerait un nouveau délai. Johnson, d'autre part, a catégoriquement exclu cette possibilité". 

"Les renégociations portent principalement sur le volet sécuritaire en Irlande, dont tous les deux candidats veulent annuler l'accord. Cela garantira qu'il n'y aura pas de contrôle futur des frontières entre l'Irlande du Nord et l'Irlande, membre de l'UE", ajoute le journal.

En Espagne, le débat d'investiture de Pedro Sanchez au Congrès des députés et le déroulement des négociations PSOE-Podemos pour former un nouveau gouvernement sont les sujets les plus commentés par la presse.

Sous le titre "L'investiture de Sanchez dans l'air", El Pais souligne que le candidat socialiste, Pedro Sanchez, cherche à être investi aujourd'hui en tant que président du nouveau gouvernement, mais il est encore incertain que les négociations qui sont en cours entre le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Podemos (extrême gauche) puissent être couronnées par un accord avant le deuxième vote prévu jeudi. Les positions entre les deux formations de gauche sont encore très éloignées et un climat tendu règne toujours entre les dirigeants des deux partis, rapporte la publication, relevant que le chef de Podemos, Pablo Iglesias, a averti qu'"il ne s'agit pas d'un jeu", en référence à l'offre du PSOE, ajoutant "je crains que vous (Sanchez) ne soyez jamais président du gouvernement, si vous ne faites pas avec nous une coalition proportionnelle aux voix".

Son confrère La Razon relève que l'intervention du candidat socialiste la veille au Congrès des députés (Chambre basse du Parlement) lors de la première séance du débat d'investiture était concentrée sur les choses qui séparent les socialistes de Podemos, plutôt que sur les points de cohésion, notant que Sanchez reste toujours attaché à la formule de "coopération" au cas où les deux formations ne parviendront pas à sceller un accord de législature, pour éviter une éventuelle répétition des élections.

ABC note que le dirigeant socialiste a encore une fois appelé le parti populaire (PP) et les libéraux de Ciudadanos (Cs) à faciliter son investiture à travers leur abstention lors de ce vote. Toutefois, les deux formations insistent toujours à voter contre.

Selon le journal, le candidat socialiste a exclu la crise catalane des six défis qu'il a promis de relever s'il réussit à être reconduit à la tête du prochain exécutif espagnol, notant que sa proposition de mettre en oeuvre un "pacte d'État" visant à réformer l'article 99 de la Constitution pour éviter le blocage institutionnel a été mal perçue par Pablo Iglesias, alors que les deux formations de gauche sont toujours en train de négocier un éventuel accord pour réussir l'investiture de Sanchez.

El Mundo révèle que les négociations entre les socialistes et Podemos ont été paralysées, après l'intervention de Pedro Sanchez lors du débat d'investiture, notant que l'obstacle majeur qui entrave la conclusion d'un accord entre les deux parties est la "répartition du pouvoir" au sein du nouvel exécutif, selon des sources socialistes.

En Belgique, les journaux focalisent leur attention sur l'élection au sein du parti conservateur pour la désignation du successeur de Theresa May à la tête du gouvernement britannique.

Le Royaume-Uni va basculer ce mardi dans une nouvelle ère, alors que Boris Johnson devrait largement devancer le ministre des affaires étrangères sortant, Jeremy Hunt, dans la course au Downing Street, écrit L'Echo.

Rien ne présage de la suite du processus et rien ne dit que la situation sera moins bloquée avec Johnson aux manettes qu'elle aurait pu l'être si Theresa May avait conservé le pouvoir, estime le journal.

Tout dépendra de l'ampleur de la victoire de Jonhson, souligne la publication. "Si elle est nette, Johnson aura une plus grande légitimité pour forcer la décision sur le Brexit, en réaffirmant être prêt à un no deal le 31 octobre si l'UE n'accepte pas de renégocier l'accord de retrait conclu avec Theresa May en novembre dernier, et rejeté systématiquement par le Parlement au premier trimestre".

Sa mission semble "impossible", note, toutefois le journal, puisqu'il ne peut pas s'assurer du soutien du Parlement, qui a rejeté l'accord de May, mais qui a aussi rejeté avec encore plus d'autorité la perspective d'un no deal. Le changement de Premier ministre ne rendra pas cette perspective de no deal plus séduisante. 

La Libre Belgique estime, de son côté, qu'"au-delà de son charisme et de sa bonhomie", les adhérents du parti conservateur soutiennent Boris Johnson car "il est l'homme qui a toujours cru dans le Brexit".

La position de Boris Johnson sur le Brexit n’est pourtant pas jugée déterminante par la plupart des adhérents conservateurs, relève toutefois le journal, notant que plusieurs membres du parti voient en lui le candidat "le mieux placé" pour remporter une élection générale face au Labour.

Et le quotidien de souligner que Johnson ne fait pas l'unanimité au sein de son parti, notant que "malgré le score sans doute écrasant de sa victoire, l’engouement en sa faveur reste limité".

Abondant dans ce sens, Le Soir relève que dans les rangs des députés du parti conservateur, un front anti-Boris Johnson émerge et le premier à lancer la charge a été le ministre de l’Economie et des Finances, Philip Hammond, qui avait annoncé dimanche qu’il quittera le gouvernement britannique si Boris Johnson remporte ce mardi l’élection interne au parti conservateur.

Vingt-quatre heures plus tard, c’est le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Alan Duncan, qui s’est positionné de manière très publique contre le grand favori du scrutin interne au parti conservateur. Contrairement à Philip Hammond, Alan Duncan a présenté sans attendre sa démission à Theresa May, ajoute le journal.

Selon le quotidien, Alan Duncan a remis en cause la capacité à gouverner le pays. "Je suis très inquiet à l’idée que Boris Johnson improvise (au 10 Downing street, NDLR) et je pense qu’il va droit à la crise gouvernementale", a-t-il déclaré à la BBC.

Il n'a pas exclu non plus de voter une motion de défiance contre Boris Johnson pour l’empêcher de mettre en œuvre une sortie sans accord de l’Union européenne le 31 octobre prochain, ajoute la publication.

En Allemagne, les journaux reviennent sur la stratégie du ministre de la santé au sujet de la réforme des urgences, les résultats des élections législatives en Ukraine, et le débat sur l'augmentation des dépenses de l'armée allemande.

Rheinische Post estime que le projet du ministre de la santé est " judicieux en ce sens que la situation des salles des urgences qui sont souvent engorgées ne peut plus perdurer", notant que la surcharge de ces salles s'explique par le fait que les patients préfèrent se rendre aux urgences même pour cas simples et non urgents. 

Le journal relève que le système d'organisation des patients est devenu lui même défaillant, des patients présentant des cas urgents et qui menacent leur vie ne sont pas admis dans les cliniques qui correspondent à leur cas. 

Dans un autre volet, Frankfort Rundschau souligne que les objectifs de l'augmentation des dépenses militaire de l'armée allemande n'auront aucune valeur si ils ne sont pas associés à des résultats tangibles. 

Il faut d'abord, poursuit le journal, déterminer des missions de l'armée pour les années à venir (...). Aussi, devons-nous savoir s'il faut augmenter l'effectif de l'armée, se doter d'une section pour les nouveaux chars, se préprarer à la guerre de l'espace et s'équiper de célèbres porte-avions. 

Pour le journal, la ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, doit, avant tout, déterminer la nature de la politique sécuritaire qu'il faut adopter.

En Italie, la presse commente l'effondrement d'une bâtisse dans l'île d'Elbe et l'accord sur "le mécanisme de solidarité" visant à se répartir les migrants secourus en Méditerranée. La Repubblica rapporte qu'une bâtisse de deux étages s'est effondré tôt mardi matin à Portoferraio dans l'île d'Elbe, au centre-ouest du pays, notant que les investigations se poursuivent pour déterminer les circonstances de cet accident.

Selon les premières informations, poursuit le journal, l'écroulement de la bâtisse serait dû à l'explosion d'une bonbonne de gaz, relevant que les agents de la protection civile sont parvenus à dégager trois hommes en vie qui étaient ensevelis sous les décombres.

Le Corriere della Sera précise, pour sa part, que les équipes de la protection civile tentent encore de retirer une quatrième personne bloquée sous les gravats. 

Dans un autre registre, le journal fait observer que l'accord européen sur "le mécanisme de solidarité" sur les modalités de répartition des migrants secourus en Méditerranée a suscité de nouvelles divergences entre l'Italie et la France.

Le journal indique que le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi que 14 pays ont approuvé "le mécanisme de solidarité" lors d'une réunion sur "les migrations en Méditerranée" tenue à Paris en présence des représentants des pays européens, ajoutant que le chef de l'Etat français "s'en est pris" au vice-Premier ministre italien Matteo Salvini qui était absent de la réunion.

Au Royaume Uni, The Guardian rapporte que des rebelles conservateurs ont estimé que Borris Johnson, le candidat qui sera donné aujourd'hui favori à la succession de Theresa May à la tête du parti conservateur, "ne survivra pas longtemps en tant que Premier ministre, à moins qu'il n'abandonne son agenda sur le Brexit". 

Le journal précise que M. Alan Duncan, qui a démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères lundi, a tenté d'imposer un débat d’urgence sur le soutien à M. Johnson au parlement, mais le président de la Chambre des communes a rejeté sa requête, faisant savoir que certains conservateurs "s'organisent déjà pour rendre la vie difficile au nouveau premier ministre".

Pour sa part le Financial Times se fait l'écho des appels lancés par le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt aux alliés européens pour qu'ils dirigent une nouvelle alliance maritime visant à protéger les navires commerciaux naviguant dans le détroit d'Ormuz.

Les propos de M. Hunt interviennent après la saisie par Téhéran d'un pétrolier battant pavillon britannique dans le Golfe, dans un contexte de tensions croissantes entre l'Occident et l'ancien empire perse. 

Sur un autre registre, The Daily Telegraph indique que l'homme surnommé 'Nick', qui a déclenché le scandale des pédophiles de Westminster avec une série d'allégations sournoises contre des personnalités bien connues, a été reconnu coupable d'avoir tout inventé.

Selon le journal, Carl Beech, 51 ans – un pédophile manipulateur lui-même – a été reconnu coupable de 12 chefs de falsification de la justice et d'un chef de fraude par un jury à Newcastle Crown Court, à l'issue d'un procès de trois mois.

Il est maintenant condamné à une longue peine de prison, après que les procureurs aient prouvé qu'il avait inventé un catalogue de mensonges extraordinaires contre certains des noms les plus en vue du pays afin de réclamer une indemnisation, rapporte la même source. 

Dans la même veine, The Times indique que Tom Watson, dirigeant adjoint du parti travailliste, a été invité à présenter ses excuses aux personnalités publiques nommées par le pédophile Carl Beech, qui a été reconnu coupable de 13 chefs d'accusation de corruption et de fraude.

De son côté, Scotland Yard (police anglaise) qui a mené une enquête de 2,5 millions de livres sterling sur ses allégations de meurtre, de viol et de torture d'enfants, a été critiqué par le maréchal Lord Bramall, qui a déclaré que ses mensonges avaient causé des «dommages irréparables».

MAP