Revue de la Presse quotidienne internationale européenne du 31/05/2018

Jeudi 31 Mai 2018

Bruxelles - La crise politique en Italie liée à la formation d'un nouveau gouvernement, la fusillade de Liège et les derniers éléments de l'enquête sur les motivations de l’assaillant, la visite de la chancelière allemande Angela Merkel au Portugal, la situation politique en Espagne alors que le Congrès des députés débattra ces jeudi et vendredi la motion de censure déposée par le Parti socialiste ouvrier espagnolcontre le gouvernement de Mariano Rajoy et la guerre commerciale entre les Etats-Unis et l'Union européenne sont les sujets phares développés jeudi par les quotidiens européens.

«La comédie politique romaine affole l'Italie», titre Le Figaro qui écrit qu’entre calculs à la Machiavel et théâtre, l'Italie s'enfonce dans une crise qui agite les marchés.

«Relisez Machiavel!» C'était la recommandation du numéro deux de la Ligue, Giancarlo Giorgetti, au lendemain des élections du 4 mars, ajoute le journal, se demandant : Gouvernement technique, à durée limitée? Gouvernement politique, avec deux ou trois partenaires? Vote de confiance, ou vote de non-défiance? Retour aux urnes le 29 juillet, le 5 août? Ou plus tard, en septembre ou en octobre? 

La lecture du Prince paraissait plus indispensable que jamais, mercredi, alors que la classe politique italienne se perdait en conjectures pour trouver une issue à la crise politique ouverte par le retrait de Giuseppe Conte dimanche dernier, poursuit l’auteur de l’article.

La crise italienne secoue les marchés, souligne de son côté Le Monde, notant que les investisseurs craignent que l'instabilité politique à Rome plonge l'Europe dans une nouvelle crise des dettes.

C'est le grand retour de la peur. Wall Street, Tokyo, Paris, Milan… mardi 29 mai, l'ensemble des places financières mondiales ont terminé en baisse, tandis qu'en Europe, les taux -souverains des pays du Sud se sont tendus un peu plus encore – en particulier ceux de l'Italie. Mercredi, à l'ouverture, l'incertitude dominait toujours, relève la publication, s’interrogeant : Risque-t-on de revivre une crise des dettes européennes comparable à celle de 2011-2012 ? 

Même son de cloche chez Libération qui affirme qu’en Italie, les marchés financiers font de la politique, expliquant qu’en moins de trois semaines, le Trésor italien a vu se durcir les exigences des investisseurs internationaux pour acheter des bons souverains de dix ans.

Pour les investisseurs, si l’Italie s’enfonce dans une crise institutionnelle, c’est toute une partie de l’économie du pays qui s’en trouverait alors fragilisée, fait remarquer la publication.

Sous le titre "Rome dans l'attente d'un gouvernement", la Tribune de Genève écrit que les marchés financiers sont fébriles et l'hypothèse d'un gouvernement populiste refait surface au moment où la formation du gouvernement de Cottarelli semble s'éterniser.

"Aucun des grands partis n'envisageant pour l'instant de voter la confiance pour le gouvernement Cottarelli, y compris le parti démocrate", relève le journal, soulignant que s'il est formé, il devrait seulement expédier les affaires courantes avant la tenue d'élections après le mois d'août. Sur le même registre, le "24Heures" indique que des démarches d'élus de tous bords sont en cours pour un retour aux urnes dès le 29 juillet, afin de laisser le temps à la prochaine majorité d'élaborer et adopter le budget 2019.

Il rapporte d'autre part les propos de Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement antisystème 5 étoiles qui a relancé l'hypothèse d'un gouvernement d'union avec la Ligue (extrême droite), abandonnée à la suite du véto spectaculaire du président à un ministre des Finances anti-euro. Le Temps titre de son côté "un commissaire européen réprimandé pour avoir fait la leçon aux Italiens", notant que le responsable européen chargé du budget, Gunther Oettinger, est sous le feu des critiques après des commentaires jugés arrogants. 

"L’Union européenne (UE) doit-elle ou non se mêler des affaires électorales de ses Etats membres? Et peut-elle se permettre de donner des conseils à ceux qui lui causent le plus de tracas, en l’occurrence l’Italie actuellement?", s'interroge la publication. 

Dans un article intitulé "le laboratoire des antisystème", la Reppublica écrit que e Mouvement Cinq étoiles (M5S) a relancé l'idée d'un gouvernement d'union avec la Ligue du nord (extrême droite) comme le laisse penser la réunion du chef de l'Etat avec les dirigeants des deux partis.

L'Italie a la capacité de donner des leçons, y compris en matière de formation d'un exécutif anti-européen à l'instar de celui que tentent de constituer le M5S et la Ligue, relève le quotidien.

Citant des sources gouvernementales, la Stampa estime que le président Mattarella et le Premier ministre désigné ont peut-être décidé de faire marche arrière pour donner les chances à la formation d'un gouvernement politique susceptible de sortir le pays de l'impasse. Sur le plan économique, le Corriere Della Sera souligne que l'agence de notation Moody's a mis en garde contre "l'instabilité politique en Italie met en danger son économie et l'expose à des risques". "Le climat d'incertitude qui règne en Italie pourrait mener le pays vers de nouvelles élections anticipées", une situation qui pourrait entraîner le pays dans l'inconnu, selon l'analyse de l'agence. 

La presse belge, quant à elle, continue de focaliser son attention sur la fusillade de Liège et les derniers éléments de l'enquête sur les motivations de l’assaillant.

Sous le titre "Encore des zones d'ombre autour de la tuerie de Liège", L’Echo relève que plusieurs questions demeurent encore sur le profil du tueur de Liège.

Lors d'une conférence de presse, le ministre de la Justice Koen Geens penchait pour l'hypothèse d'un "loup solitaire", souligne le journal qui s’interroge sur le crédit à accorder à la revendication hier soir, par le groupe "Etat islamique" de cette attaque.

Côté politique, le débat autour de la responsabilité du gouvernement Michel a déjà été lancé, ajoute le quotidien.

"L’auteur des faits, Benjamin Herman, avait-il des complices, qui l’ont aidé dans son équipée meurtrière ? Quelqu’un, qui lui aurait "lavé la tête", l’aurait-il incité à commettre un tel massacre dans les rues de Liège ? C’est à ces questions que tente de répondre prioritairement l’enquête, pour assassinats terroristes et tentatives d’assassinats terroristes, qui a été confiée à un juge d’instruction de Liège spécialisée en terrorisme", rapporte la Libre Belgique.

Citant le parquet fédéral, la publication souligne que plusieurs éléments font pencher pour un attentat terroriste, en premier lieu, le modus operandi utilisé que l’Etat islamique préconise régulièrement sur Internet par le biais de messages vidéo – à savoir attaquer des policiers avec un couteau et leur dérober leur arme de service, ajoutant que les contacts avec des personnes radicalisées datent de la détention de Benjamin Herman.

Dans un éditorial intitulé "Et si on sortait enfin la prison du ghetto?", Le Soir décortique la question de la radicalisation en milieu carcéral.

Pour l’auteur de cette chronique, la conversion des détenus "n’a le plus souvent absolument rien de religieux". Elle comble un "vide" et leur donne un sentiment d’appartenance et la possibilité de jouer un rôle reconnu, qui dans leur nouvel imaginaire, peut même être celui de "héros".

Les hommes politiques chargés de l’"après-Liège" doivent rester modestes : les solutions à trouver sont plus complexes et plus courageuses que la suppression du congé pénitentiaire ou la sanction d’un fonctionnaire, voire d’un ministre, "fautifs", affirme le journaliste.

Il s’agit, poursuit-il, de "faire du temps passé en prison, un temps utile pour le condamné, histoire qu’il se construise un avenir 'dehors' via du travail et des occupations qui font sens, et qu’il se reconstruise lui, via l’aide psychologique"

Les quotidiens allemands ont consacré leurs commentaires à la crise commerciale entre les Etats-Unis et les payys de l'Union européenne et aussi à la crise politique en Italie.

SuddeutcheZeitung écrit ainsi qu'il y'a des indices selon lesquels le président Trump campera sur sa position en maintenant les taxes sur l'importation de l'acier et de l'aluminium en provenance de l'Union européenne. Les Etats-Unis vont vont instaurer des droits de douane sur l'acier et l'aluminium en provenance de l'Union européenne, selon le journal qui rapporte des informations rapportées plus tôt par le Wall Street Journal.

Le journal ajoute que la Commission européenne réclame que l'UE soit exemptée de manière permanente, arguant que l'UE est une alliée des Etats-Unis et qu'elle n'est en rien responsable de l'engorgement des marchés de l'acier et de l'aluminium.

Évoquant la crise politique en Italie, le journal NEUE OSNABRÜCKER ZEITUNG souligne qu'en dépit des efforts et tentatives du parti 5 étoiles à former une coalition populiste pour mener le gouvernement, la situation n'est pas encore stable dans le pays.

Pour le quotidien, les pays voisins de l'Italie doivent respecter les choix des électeurs italiens même si cela peut nuire à l'Union européenne en général.

MAP