Rachida Ouysse, une économiste marocaine qui brille en Australie

Lundi 9 Mars 2020

Canberra – De Rabat à Sydney, en passant par Montréal et Boston, l’universitaire marocaine Rachida Ouysse a su tracer un parcours exceptionnel qui lui a valu une place privilégiée parmi les rares femmes dans le domaine très spécialisé de l’économétrie et être experte de la modélisation des données et des prévisions des tendances de l’économie australienne.
Poussée par un père adepte du travail acharné et une mère aimante et attentionnée, Mme Ouysse a gravi les échelons les uns après les autres pour signer une saga hors pair, qui l’emmena à la capitale économique de la douzième économie mondiale, où elle est considérée parmi les as de l’économétrie.


Le début de son aventure commence dans la ville de Tiznit, au sud du Maroc, quand elle obtint son baccalauréat scientifique et fit face au dilemme de son choix d’études et de son orientation. La jeune Rachida s’est enfin fiée à l’intuition de son père, qui lui recommanda de s’inscrire à l’Institut National de Statistique et d’Economie Appliquée (INSEA) à Rabat.

Un choix qui conduisit la jeune fille à renouer vers sa ville natale, Rabat. Un premier éloignement du cocon familial pour une jeune fille qui n’aurait jamais imaginé que ce fut la voie ouverte sur un plus long voyage au bout du monde.

Après un excellent passage à l’INSEA, la jeune étudiante a bénéficié du Programme canadien de bourses de la Francophonie (PCBF), un tremplin qui l’a propulsé à la haute sphère académique. “Une bourse généreuse qui m’a permis de perfectionner mes connaissances acquises à l’Institut National de Statistique et d’Economie Appliquée, à décrocher ma maîtrise en Economie appliquée et d’entamer une aventure scientifique qui m’a emmené loin du pays”, se rappelle Mme Ouysse depuis son bureau au sein de l’Université de Nouvelles-Galles du Sud à Sydney.

Alors qu’elle se préparait à faire son doctorat à l’Université de Montréal, le destin avait décidé autrement pour elle. Une de ses professeures lui recommanda de s’orienter plus au sud et pour faire son doctorat aux Etats-Unis. C’est à Boston qu’elle jeta l’ancre pour cinq années de recherches et de dur labeur, couronnées par un doctorat en Économétrie, “l’étude des phénomènes économiques à partir de l’observation statistique donne des grandeurs pertinentes pour décrire ces phénomènes”, vulgarise-t-elle au sujet de son travaille.

Pour son premier poste universitaire, elle a dû encore une fois faire ses valises. Cette fois pour se diriger vers le pays des kangourous, où elle a décroché un poste de professeur à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud. Une carrière parsemée de plusieurs projets de recherche et de thèses, notamment dans le domaine de l’économétrie.
“J’ai intégré l’université de Nouvelle-Galles du Sud en septembre 2002 dans un poste d’enseignement (50%) et de recherche (50%)”, explique Mme Oyusse, qui a jeté l’ancre dans la mégapole australienne dans sa fastidieuse quête du savoir aux quatre coins de la planète, guidée par une passion héritée de son père, son idole qui a bien su l’orienter vers l’excellence des sciences économiques.

“Je serai toujours reconnaissante envers mon père qui a cru en moi et m’a mis sur la bonne voie pour m’épanouir sur les plans personnel, académique et professionnel. Sans lui, je n’aurais jamais pu réaliser mes rêves”, dit Dr. Ouysse, les larmes aux yeux.

Concernant sa relation avec sa mère-patrie, la scientifique plonge dans ses souvenirs d’enfance dans les différentes villes marocaines où elle a vécu. “A cause du travail de mon père, intendant d’internat, on a dû changer d’adresse plusieurs fois. Ainsi, on a quitté Rabat quand j’avais 5 ans pour nous installer à Larache, puis à El Jadida, Safi, Taounat, Sidi-Bennour, Tiznit et Ourzazate, avant de revenir à Rabat quand mon père a pris sa retraite”, se rappelle-t-elle nostalgique, ajoutant que ce déplacement permanent l’a aidé ultérieurement dans ses voyages à l’international.

“Malgré les 17.000 km qui me séparent du Maroc, je veille à ce que je vis l’ambiance du bled dans ma vie quotidienne et je suis soucieuse de permettre à ma famille de rester en contact permanent avec la culture et l’identité du pays”, confie-t-elle.

“Mon fils Noor insiste à manger des Rghaifs au petit déjeuner”, raconte cette mère de trois enfants avec le sourire, soulignant que l’art culinaire traditionnel “constitue un lien culturel qui nous lie à la mère-patrie, que je visite au moins deux fois par an”.

Par gratitude à ses débuts dans le système éducatif marocain, Dr. Ouysse cherche à entrer en contact avec des universités marocaines pour faire des projets de collaboration et de recherche.

Omar Er-rouch - MAP