Quels ‘monstres marins’ les romains chassaient-ils au nord du Maroc ?

Mercredi 18 Juillet 2018

New York : Et si les anciens romains exploitaient les premiers baleiniers de l’histoire, dans le large méditerranéen du Maroc ?


Pline l’ancien, de son nom latin, ‘Gaius Plinius Secundus’, est un historien romain, du premier siècle (23 apr. J.-C. - 79 apr. J.-C.). Ecrivain et naturaliste, il est l’auteur d’une importante encyclopédie intitulée ‘Histoire naturelle’.

Dans ses récits, Pline l’ancien décrivait des créatures marines gigantesques, que d’intrépides marins romains chassaient, parfois aux périls de leurs vies, et qu’ils réussissaient à attraper, aux termes souvent, d’âpres batailles.

La plupart de ces récits se situaient au large nord du Maroc, qui fut à l’époque un royaume protégé sous suzeraineté romaine, portant le nom de ‘Maurétanie tingitane’.

Les récits de Pline l’ancien ont été utilisés, bien plutard, au 16e siècle, par le religieux et écrivain suédois, Olaus Magnus, qui a dessiné la ‘Carta Marina’, un document cartographique dans lequel, il a détaillé les créatures marines décrites par Pline l’Ancien. Ces ‘monstres marins’ commençaient ainsi à être identifiés.


DES BALEINES DE L’ATLANTIQUE NORD DANS LES EAUX TIEDES DU MAROC

Si les romains chassaient des ‘monstres marins’ au nord méditerranéen du Maroc, il ne pourrait que s’agir de baleines. C’est ce qu’indique une équipe de chercheurs britanniques, français et espagnols.

En effet, des écologistes des universités de York, de Cadiz et de Montpellier, ont publié il y a quelques jours, une étude intitulée ‘Forgotten Mediterranean calving grounds of grey and North Atlantic right whales: evidence from Roman archaeological records’.

A travers leur étude publiée dans la revue de l’institution scientifique britannique, ‘the Royal Society’, ces chercheurs ont analysé des ossements de baleine prélevés sur des sites au Maroc près du détroit de Gibraltar et en Espagne.


L'équipe a analysé l'ADN des os et a découvert que deux appartenaient à des baleines grises et trois appartenaient à des baleines franches de l’Atlantique nord.

L'équipe a daté les ossements de ses baleines de 230 av. JC à 525 av. J.-C. Pendant cette période, l'empire romain contrôlait le détroit de Gibraltar et ses deux rives, le Maroc et l’Espagne.

Selon les chercheurs, il est bien inédit que les restes de ces baleines, qui vivent actuellement, en nombre réduit et sous menace d’extinction, dans l’Atlantique nord, soient retrouvés dans les eaux chaudes méditerranéennes du Maroc.   


Il serait fort possible que ces baleines se rendaient il y a 2000 ans dans les côtes marocaines pour se reproduire et mettre bas, ce qui aurait pu en faire des cibles pour les baleiniers romains.

Mais, nuancent les chercheurs, il faudrait plus d’études et d’analyses d’ossements, et pleins d'autres preuves, avant que l’on puisse affirmer avec certitude que la chasse à la baleine romaine a eu lieu au large du Maroc. Il est possible que les ossements de baleines que l'équipe a trouvées appartiennent à des baleines échouées ou mortes avant d’être récupérés par les Romains.


Larbi Amine - LeMag