Quelle approche pour la réhabilitation de l’ancienne médina de Fès ?

Mercredi 6 Mars 2013

L’approche participative est la démarche la plus pertinente pour mener à bien le chantier, qualifié de complexe et de coûteux, de réhabilitation de l’ancienne médina de Fès, estime le Ministère de l’habitat. Départements publics concernés, élus, acteurs associatifs et opérateurs économiques locaux doivent donc conjuguer leurs efforts pour la réalisation du projet, dont l’assise juridique et administrative est matérialisée par les deux conventions signées le 4 mars 2013 à Fès par le Roi Mohammed VI.

Il existe toutefois déjà un instrument spécifiquement dédié à la réhabilitation de l’ancienne médina de Fès, l’Agence pour la dédensification  et la réhabilitation de la médina de Fès (ADER-Fès). Créée le 23 juin 1989, quand le besoin de mener des programmes de sauvegarde de la vieille ville s’est fait sentir, la situation financière et les activités de l’ADER, société anonyme au capital initial de 5 millions de dirhams, augmenté de 30 millions de dirhams en 2001 pour couvrir les dettes cumulées et de 19 autres millions de dirhams en 2010, ont connu des évolutions oscillatoires. De par sa mission, qui consiste, entre autres, à reloger les habitants des bâtisses menaçant ruine et irrécupérables, l’ADER doit pourtant être dotée de fonds suffisants pour atteindre les objectifs qui lui ont été tracés. Car si, en vertu de la première convention signée par le roi, l’Etat supportera à hauteur de 50% le coût de restauration du bâti menaçant ruine, voire la totalité du coût dans les cas critiques ou faute de propriétaires dûment identifiés, outre la prise en charge des études et de l’encadrement des projets, il faudra par ailleurs mobiliser des fonds pour reloger les ménages dont les habitations doivent être détruites et ceux qui n’ont pas les moyens de participer au financement de la restauration.

Selon les chiffres de l’ADER-Fès, les vieilles bâtisses menaçant ruine représentent le dixième des 14 000 constructions de l’ancienne médina de Fès. Et le taux de pauvreté y atteint les 34%. De ce fait, au moins le tiers des familles habitant dans le bâti menaçant ruine n’est pas capable de financer ni les travaux de réfection ni leur relogement, sachant que cette portion est certainement plus importante si l’on tient compte des ménages en situation de précarité et de ceux de la petite classe moyenne aux revenus limités.

C’est là où les acteurs de la société civile et les opérateurs économiques locaux peuvent jouer un rôle déterminant, en mobilisant les fonds nécessaires pour prendre part à l’effort de réhabilitation. Il s’agit non seulement de soutenir les ménages les plus défavorisés pour les reloger, mais aussi d’investir dans la valorisation des vieilles bâtisses à restaurer de manière à les intégrer aux domaines du tourisme et de l’artisanat. Car, veiller à préserver le sceau authentique de l’ancienne médina de Fès n’empêche pas pour autant de l’exploiter intelligemment au profit de ses habitants.

Déjà, les multiples et riches activités culturelles organisées par des organisations de la société civile, tel le festival des musiques sacrées de Fès, participent à la renommée internationale de Fès en tant que destination touristique. Ce qui se répercute positivement sur le dynamisme économique de la cité millénaire.  

Ahmed Naji
Journaliste

Ahmed Naji