Procès du Hirak: les partis politiques regrettent les condamnations dans leurs discours, mais n'agissent pas

Jeudi 28 Juin 2018

PROCÈS - “Jugements extrêmement sévères à l’encontre des activistes du Rif”. La déclaration n’est pas celle d’un avocat des détenus, ni d’un militant de la cause du Hirak, mais celle du secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, en réaction au verdict prononcé mardi soir à l’encontre des détenus du Hirak du Rif. 

S’exprimant sur sa page Facebook et son compte Twitter, Benabdellah estime, au nom de son parti, membre de la majorité gouvernementale, que “les condamnations vont à l’encontre de l’apaisement souhaité” et brisent l’espoir “d’un apaisement attendu par la société”. Nabil Benabdellah émet ainsi le souhait de son parti de voir “ces condamnations révisées par “toutes les voies de recours légales et juridiques”.    

Jugements extrêmement sévères à l’encontre des activistes du Rif. Ils vont à l’encontre de l’apaisement souhaité. Toutes les voies de recours doivent être activées pour réviser ces jugements et contribuer ainsi à insuffler le souffle démocratique nouveau dont le Maroc a besoin.

— Nabil Benabdallah (@BenabdallahMN) June 27, 2018

ساألتنا كثيرا في حزب التقدم والاشتراكية الأحكام القضائية القاسية في حق نشطاء الريف التي لن تسهم في إذكاء جو الإنفراج المنتظر في المجتمع. نأمل بقوة أن تتم مراجعة هذه الأحكام بكافة السبل القانونية والقضائية الممكنة للإسهام في ضخ النفس الديمقراطي اللازم في الحياة السياسية الوطنية.

— Nabil Benabdallah (@BenabdallahMN) 28 juin 2018

Contacté par le HuffPost Maroc sur la nature des recours auxquels il fait allusion, Benadellah botte en touche, indiquant avoir dans ces messages “exprimé une position complète et équilibrée”, et estimant avoir “dit ce qu’il avait à dire”. Faisant allusion à la subtilité politique, le secrétaire général du PPS se contentera d’ajouter: “j’espère que cet appel sera entendu”. 

Au PJD, parti qui dirige le gouvernement, c’est le numéro 2 du parti de la Lampe, Slimane El Omrani, qui s’est exprimé à la suite de ce verdict, sans pour autant le qualifier de “sévère”. Il a opté pour la neutralité, soulignant que le PJD a pour principe de respecter les verdicts émis par la justice “en tant qu’autorité constitutionnelle indépendante quel que soient nos évaluations ou notre position envers certains jugements”.

 Sur le site du parti, il a, par ailleurs, tenu à préciser que le parti “reste confiant” pour cette deuxième phase judiciaire de l’appel, espérant que celle-ci permettra “de rectifier les points négatifs enregistrés au cours de la première instance”.

Compétition politique oblige, le secrétaire général adjoint du PJD n’a pas raté l’occasion d’imputer les déclenchement du Hirak à “la faillite d’un parti”, sous-entendu appuyé au PAM, qui préside la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

العمراني يجيب عن تدخل الحزب في الأحكام الصادرة في حق نشطاء حراك الريف https://t.co/t8O3b9idDX

— PJD MAROC (@PJDofficiel) 28 juin 2018

Le nouveau secrétaire général du PAM, Abdelhakim Benchamach, n’a de son côté pas hésité à qualifier le verdict de “très cruel”, estimant que ce dernier va ”à l’encontre des acquis que le Maroc a cumulé dans le domaine des droits de l’Homme”. Exprimant ses regrets, il a précisé que son parti croit toujours au principe de la réconciliation, appelant à adopter “la voie de la sagesse” et à “renforcer les valeurs de l’amnistie”. 

Benchamach, moralisateur, a aussi mis en garde contre l’impact que pourraient avoir “des peines aussi lourdes” sur le climat social, appelant à “une mobilisation nationale pour accomplir le chantier de l’équité et réconciliation dans son aspect social, économique et territorial”. Un discours qui cependant ne s’appuie, pour l’instant, sur aucune mesure concrète.

Opposition toujours, le président du groupe de l’Istiqlal à la Chambre des représentants, Noureddine Moudiane, déclare au HuffPost Maroc que le verdict à l’encontre des détenus du Hirak a eu un “effet de choc”. Il nous précise que le sujet a été évoqué à l’occasion de la rencontre qu’une délégation du parti de la Balance, présidée par son secrétaire général Nizar Baraka, a eu, hier, avec le chef du gouvernement au sein de sa résidence. Si l’ordre du jour de cette rencontre a été consacré au mémorandum du parti appelant le gouvernement à rectifier la loi de finance, soulever la question du verdict s’est presque imposé. “Nous avons dit au chef du gouvernement que ce sont des peines excessives auxquelles on ne s’attendait pas du tout”, confie Noureddine Moudiane. Et de préciser que le chef du gouvernement s’est montré confiant, estimant qu’il “y a espoir tant que les procédures judiciaires sont toujours en cours”. 

Pour Moudiane, le verdict à l’encontre des détenus du Hirak pose, par ailleurs, de nombreuses questions sur “l’indépendance de la justice” et sur le respect des principes de la constitution. “Nous espérons que ce qui se passe actuellement va motiver l’activation du principe d’amnistie, je suis personnellement pour”, confie-t-il à notre rédaction.



Source : https://www.huffpostmaghreb.com/entry/proces-du-hi...

Leïla Hallaoui