Mondial-2021: la Tunisie, bastion du handball en Afrique

Jeudi 14 Janvier 2021

Hammamet (Tunisie) - Une culture du handball solidement ancrée, un système de formation performant: la Tunisie, référence du handball africain, lance vendredi face à la Pologne son 14e Championnat du monde masculin consécutif et peut surprendre son monde, comme en 2005 à domicile.


"La Tunisie est sur le trône de l'Afrique" grâce à "des années de travail", explique fièrement l'entraîneur des gardiens de but de la sélection tunisienne, Riadh Sanaa.

Pour celui qui a participé à onze Mondiaux comme joueur puis entraîneur, le handball tunisien s'est développé grâce à "la multiplication des installations sportives et à la politique encourageante de l'Etat", au point d'en faire le deuxième sport le plus populaire dans ce pays du Maghreb après le football.

Depuis sa création dès l'indépendance en 1956, la fédération tunisienne est devenue la plus titrée d'Afrique, avec dix titres continentaux, le dernier en date en 2018.

Vice-champions d'Afrique 2020, battue par l'Egypte, l'un de ses deux rivaux historiques avec l'Algérie, les "Aigles de Carthage" profitent à plein de la stratégie de formation mise en place dans les années 1990.

L'Etat tunisien a alors créé des centres de formation au sein de clubs dans les villes côtières du nord-est du pays. Obligés de leur consacrer 20% de leur budget, ces clubs sont devenus des "pépinières pour les jeunes", souligne le journaliste sportif Hatem ben Emna.

Issus de ces bastions du hand, comme Moknine, Beni Khiar, Mahdia ou Menzil-Temim, certains ont pu percer et être recrutés par des grands clubs européens.

Ainsi, Wissam Hammam, révélé durant le Mondial-2005 organisé à domicile et terminé à la 4e place, meilleur résultat de la Tunisie dans un rendez-vous planétaire, a fait l'essentiel de sa carrière à Montpellier où il a collectionné les titres de champion de France et autres trophées français.

De son côté, Wael Jalouz est passé par le club allemand de Kiel (2013-14) et le géant catalan du FC Barcelone (2014-18) pour devenir une source d'inspiration pour les espoirs fréquentant les nombreux complexes sportifs de la côte nord-est.

Dans ces régions, "la culture de handball est enracinée", souligne Sami Saïdi, entraîneur de l'équipe nationale depuis août 2020, qui a succédé à l'Espagnol Toni Gerona et à une série de sélectionneurs étrangers, dont le Français Alain Portes.

Le gardien de l'équipe Marwan Maggaiez se souvient ainsi avoir débuté en jouant dans la rue dans les quartiers populaires de Beni Khiar, où il a grandi.

Avec certains de ses futurs coéquipiers, "ça nous arrivait de jouer des matches à minuit et même à une heure du matin !", se rappelle le portier de 37 ans. "Ce qui fait que lorsque nous avons rejoint El Baath Sportif de Béni Khiar, on était prêts".

Son idole d'alors est devenu son entraîneur.

"Quand j'étais jeune, je suivais le jeu brillant du gardien de la Tunisie pour la Coupe d'Afrique 1994, Riadh Sanaa", explique-t-il, désignant fièrement l'ex-champion à quelques pas de lui, en plein entraînement dans une salle de Hammamet (nord-est).

"Il y a une communication et une continuité étroite entre les générations, l'encadrement des joueurs passe par ça, c'est pour cela que nous parlons de grande tradition du handball dans notre pays", souligne le gardien.

Régulièrement classé entre la 10e et la 20e place mondiale, la Tunisie a participé aux deux derniers JO (8e en 2012, 12e en 2006), mais n'est jamais jusqu'ici montée sur le podium d'un Mondial, échouant en 2005 d'un but (26-25) face à la France pour la médaille de bronze dans "son" Mondial.

Mais au-delà du résultat final, Sami Saïdi appelle à profiter de ce Mondial organisé en Egypte voisine pour "attirer plus d'enfants et leur faire aimer ce sport", à travers notamment "des tournois pour les enfants, pour découvrir les jeunes talents".

AFP