Maroc-Sénégal, modèle de coopération Sud-Sud

Mardi 19 Mars 2013

Maroc-Sénégal, modèle de coopération Sud-Sud

L’axe Rabat-Dakar est à coup sûr un modèle de coopération Sud-Sud et un construit bilatéral susceptible de constituer un centre de rayonnement dans tout l’ouest de l’Afrique. Plusieurs indices le confirment. Certes, les rapports diplomatiques entre les deux Etats, officiellement parlant, ne datent que de 1960. 

Toutefois, et sans conteste, les deux pays ont affiché leur volonté de monter une coopération politique dans le respect des intérêts mutuels et dans le soutien réciproque. Ainsi, le Sénégal n’a jamais émis de réserves sur son appui inconditionné au Maroc dans son projet d’accomplissement de son intégrité territoriale. Au fil de changements de gouvernements et de présidents, cette position sénégalaise s’inscrit dans la durée comme position de principe. En contrepartie, le Maroc semble privilégier la destination sénégalaise sur la scène africaine. C’est ce dont témoignent les visites répétitives du Roi Mohamed VI à ce pays depuis son accès au pouvoir en juillet 1999.

Sur le plan économique, les échanges et les conventions de coopération entre les deux pays sont allés crescendo. En 1964, a été signée une convention qui garantissait la réciprocité du traitement national des entreprises marocaines et sénégalaises sur le territoire des deux parties. En 1981, un protocole additionnel était venu renforcer cette disposition. Aujourd’hui, le répertoire compte plus de soixante conventions embrassant divers secteurs économiques et commerciaux. Le Sénégal est devenu ainsi le premier partenaire commercial du Maroc dans la région de l’Afrique de l’Ouest. A titre d’exemple, leurs échanges commerciaux sont passés de 6 millions de dollars en 1999 à 52 millions en 2005. Les opérateurs bancaires marocains sont bien implantés dans l’économie sénégalaise qui, en outre, bénéficie du savoir-faire marocain dans le domaine du Bâtiment et Travaux Publics, de l’électrification et de l’industrie pharmaceutique. Il faut dire que les deux pays n’ont ménagé aucun effort pour que leurs relations économiques soient enfin au diapason de leurs relations politiques. Ceci dit, il reste néanmoins un chemin à parcourir pour propulser davantage les formes et les outils de la coopération économique, commerciale et douanière afin d’assurer un optimum d’exploitation des opportunités réellement offertes par les deux marchés. Ainsi le mardi 19 mars 2013, le Roi Mohammed VI et le président Salle ont, dans « (…) un communiqué conjoint sanctionnant la visite officielle de SM le Roi Mohammed VI au Sénégal, dont lecture a été donnée (…) ont exprimé leur volonté d'imprimer une nouvelle dynamique à leur coopération économique bilatérale, en décidant la tenue, "le plus tôt possible", de la 14ème Session de la Grande Commission Mixte de Coopération Maroco-sénégalaise ».

Ce qui singularise le modèle maroco-sénégalais de coopération est en plus l’existence d’une dimension spirituelle et religieuse qui cimente de façon remarquable les rapports non seulement entre les deux appareils étatiques mais aussi et surtout entre leurs peuples respectifs. La majorité des musulmans sénégalais est très attachée à la Zawiya Tijania, implantée à Fès. Les deux peuples partagent en effet un sentiment commun de convivialité et de fraternité qu’il est possible d’exploiter afin de relancer un chantier touristique prometteur dans les deux sens.

Enfin, le Maroc comme le Sénégal, sont conscients que leur relation exemplaire peut servir de noyau pour établir un cadre de coopération plus vaste intégrant d’autres pays de la région. A cet égard, l’une de leurs perspectives majeures reste la conclusion d’un accord commercial avec l’Union économique et monétaire de l’ouest africain (UEMOA), créé à Dakar en 1994 et qui compte parmi ses membres le Sénégal et la Côte d’Ivoire.  La signature définitive de l’accord, déjà paraphé à Rabat en 2002, serait de nature à promettre un bel avenir aux échanges commerciaux avec les huit pays membres de l’UEMOA en général et avec le Sénégal en particulier.

Abderrahmane HADDAD
Enseignant Chercheur


Abderrahmane HADDAD