Liban, Mexique, Maroc, Turquie … Quand les protestation se technocratisent !

Vendredi 28 Juillet 2017

Liban, Mexique, Maroc, Turquie … Quand les protestation se technocratisent !

New York : Les révoltes du printemps arabe, avec leur slogans valises, scandant tout et n’importe quoi, sont-elles révolues ? Ont-elles libéré le champ à des protestations localisées, technocratiques, pratiques et précises?

L’âge de la rage’ dans lequel est entré le monde, à partir de 2010, n’est pas mort. mais change d’aspect. Les révoltés auraient gagné en expérience. après que leur romantisme d’adolescents, aient laissé dans le chaos, des pays comme la Libye, la Syrie ou le Yémen. Et fait retomber en dictature pire, l’Egypte.

Les activistes civiques auraient mûri. Et auraient compris que les slogans politiques valises : la démocratie, la liberté, l’anti-néolibéralisme, l’anticapitalisme, ne mènent à rien. si ce n’est au chaos. et vaquent désormais à mieux définir leur sujets et déterminer leur revendications.

LA RÉVOLTE TECHNOCRATIQUE

Selon Richard Youngs, professeur de politique internationale et européenne à la ‘University of Warwick’ à Coventry au Royaume-Uni, le printemps révolutionnaire mondial change considérablement de visage, depuis 2016.

Dans une tribune qu’il a signé sur le site américain The Conversation, Pr Youngs a expliqué que les manifestations actuelles, sont technocratiques et localisées. et sont nettement différentes des révoltes politiques ouvertement anti-régime, qui ont éclaté, avec les mauvais résultats que l’on sait, il y a cinq ans.

Pour cela, il a cité plusieurs exemples, dont celui de la colère populaire à Al Hoceima, au nord du Maroc :

‘’Les manifestations en cours dans la région du Rif au nord du Maroc ont commencé comme un appel à la justice pour un poissonnier écrasé à mort dans un camion à ordures. mais a progressivement évolué pour lutter contre la pauvreté, le sous-développement des infrastructures et la corruption de la bureaucratie locale.’’

Il fut de même, ajoute-il, au Liban  où les manifestants criaient contre la non-collecte des ordures dans les rue. En Turquie  on a manifesté pour sauver des jardins publics. Au Mexique, contre la hausse des prix de l’essence. En Argentine, contre l’impunité de fonctionnaires accusés d’atteintes aux droits de l’homme. Au Brésil, on a manifesté pour dénoncer des cas de corruption politique. Et au Paraguay, pour revendiquer des limites au mandat présidentiel.

Les manifestations spontanées et non organisées, qui ne parviennent pas à définir clairement leurs objectifs. Qui se dissolvent invariablement dans des revendications creuses et anti-systémiques. qui n’aboutissent dans tous les cas à rien, sont révolues, indique Richard Youngs.

L’âge de la rage‘, selon lui, se réinvente sous forme de mobilisations ultra-localisées et autour de sujets qui le sont aussi. Les campagnes qui en résultent peuvent être moins spectaculaires, mais elles se révèlent nettement plus efficaces.


Larbi Amine - LeMag