Lettre à Chakib Benmoussa

Samedi 11 Janvier 2020

Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encourager la négociation là où il y a le conflit, et donner l’espoir là où règne le désespoir.”Citation de Nelson Mandela.
 
Messieurs arrêtez le massacre et stoppez l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard…
Il y a très peu de chances que cette lettre de détresse trouve bon entendeur parmi la classe politique , les responsables gouvernementaux et le milieu des affaires ,mais elle concerne tous ceux et celles qui ont de l’intérêt pour l’avenir de ce pays.

Car en même temps, il faut mesurer l’ampleur des dégâts quand des décideurs prennent de très mauvaises décisions pour le pays.

Plus de vingt millions de marocains auront moins de vingt-cinq ans en 2030 et environ trente millions en auront moins de trente selon des projections officielles très sérieuses et à prendre très au sérieux.

Il s’agit certainement d’une révolution démographique en marche qui ne laisse plus la place à l’improvisation , aux politiques avec objectifs non chiffrés et aux diverses tergiversations.
Pour qui sonne le glas alors !?

Cette révolution démographique sonne le glas pour les politiques court-termistes , les tableaux de bord électoralistes à deux ou trois années et il est plus qu’urgent puisque vital pour notre pays d’institutionnaliser une rupture avec énormément de pratiques d’une époque qui devrait en principe être révolue.
Combien d’écoles , de centres de formations , d’instituts pour l’apprentissage professionnelle , de centres culturels, de théâtres , de stades , d’associations pour les activités artistiques , de bibliothèques d’ universités , d’académies sportives , de professeurs et de clubs devra-t-on créer pour cette jeunesse ?. .
Combien notre pays aura-t-il besoin d’enseignants, d’éducateurs et de formateurs et ce, dans toutes les disciplines et surtout dans toutes les régions du pays .!?
Il s’agit d’un défi immense qui exige une vision prospective globale et une mobilisation tous azimuts afin de gagner le pari de cette révolution démographique sans pareil et plutôt sans précédent pour nos gouvernements. .

La nature a horreur du vide, et il serait ainsi suicidaire et impardonnable de jeter tous ces jeunes à la rue et les jeter en pâture aux démons de l’oisiveté , de l’extrémisme et du fanatisme ..

Une rupture devra être effectuée afin de réunir toutes les conditions pour réussir une transition démographique au lieu de la subir de plein fouet car cette donne constitue une véritable richesse qui peut se transformer en malédiction et en handicap majeur si toutes les potentialités ne sont pas exploitées et toutes les énergies valorisées

Cette jeunesse est une formidable richesse que beaucoup de pays en proie au vieillissement de la population vont certainement nous envier , et il s’agit de ne pas passer à côté de ce rendez vous sinon on risque de se retrouver avec une génération perdue, complètement hors jeu et laissée pour compte.

Quant à la réflexion sur le modèle de développement , je crois qu’on a tout faux et que ce débat ne mènera absolument à rien car un modèle de développement ce n’est pas la somme de propositions, de pistes , de politiques ou de stratégies..
Bien sûr, je peux me tromper mais il y a de cela une bonne vingtaine d’années, Sa Majesté avait commandé à un groupe d’experts le rapport sur le millénaire sans que cela n’ait débouché sur quoi que ce soit de concret puisqu’il s’est avéré que notre pays ne dispose ni de la volonté politique, ni des ressources humaines et encore moins des moyens financiers pour mener à bien cette mission..

Et ce ne sont surtout pas nos partis politiques, pris en otage entre leur aveuglement partisan, leurs calculs politiciens et électoralistes et leurs intérêts mesquins qui risquent d’insuffler une nouvelle dynamique..

L’affaire du présumé avortement de la journaliste Hajar Raissouni est en train de montrer que la société marocaine est divisée et déchirée entre les courants conservateurs, rétrogrades et obscurantistes ou les trois en même temps, et de l’autre côté les courants qui se disent progressistes, laïques ou libéraux et qui militent pour la liberté de culte, la liberté sexuelle ou la liberté tout court..

Et il revient à Sa Majesté, en tant que chef d’état, d’imposer les contours d’un modèle de développement et d’asseoir les principes devant lesquels tous les citoyens devront s’astreindre, sans distinction de classe aucune..

Et il serait heureux que les principes d’égalité et de justice soient inscrits, en premier lieu et en lettres d’or, afin de définir la société que nous voulons pour les trente prochaines années..

Laisser cette lourde responsabilité à la classe politique et au patronat , dont on connaît très bien la vision court-termiste, ce serait comme s’engouffrer dans une impasse sans fin et un sous-développement durable et inextricable..

Notre société a grandement besoin d’une révolution culturelle qui valorise l’école, l’éducation et l’enseignement, et qui encourage les citoyens à investir dans leur pays et non pas le fuir et immigrer à tout prix et par n’importe quel moyen.

Les marocains, en général, et dans l’ensemble ont plein de projets pour leur pays. Il reste juste que le Maroc leur rende justice en ayant des projets pour tous leurs enfants.
Mais , en deux mots , l’essentiel a été dit , n’est-ce pas !?

Beaucoup plus qu’un modèle de développement, le Maroc a incontestablement besoin d’une révolution culturelle, basée sur une éthique et des valeurs à inculquer aux générations montantes.
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Pour le reste, en conclusion, je vous épargne ma vision concernant ce modèle de développement car de toutes les manières personne ne m’a demandé mon avis ..
Par Hafid Fassi Fihri


Source : https://www.actu-maroc.com/lettre-a-chakib-benmous...

Hafid Fassi Fihri