Les relations entre le Maroc et le Sénégal : Des liens spirituels, un partenariat économique

Vendredi 15 Mars 2013

Le Roi Mohammed VI entamera, en date du 15 mars 2013, une nouvelle tournée africaine au cours de laquelle Sa Majesté visitera trois pays frères que sont, dans l’ordre de l’agenda royal, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Gabon.

Le Sénégal, présidé par Macky Sall, sera donc la première station royale. A vrai dire, parmi tous les pays africains avec lesquels le Maroc entretient des relations d’excellence, le Sénégal occupe une place de choix. Les rapports entre les deux pays dépassent le seul cadre partenarial et coopératif pour s’imprégner d’une dimension culturelle et religieuse. La diaspora sénégalaise établie au Maroc y est l’une des plus importantes communautés étrangères et des milliers de Marocains  vivent au Sénégal dont certains sont même considérés comme étant des Sénégalais d’origine marocaine. Cette forte diaspora, échangée par les deux pays, constitue selon les termes d’un ancien ambassadeur du Sénégal au Maroc, le « sel de toute relation bilatérale ».

Historiquement, l’un des faits ayant ficelé définitivement une sorte de lien spirituel indéfectible entre le Maroc et le Sénégal est l’établissement à Fès, vers le 18ème siècles, du vénéré Cheikh Sidi Ahmed Tijani, homme de religion et descendant du Prophète, dont les enseignements atteindront une large audience en Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal. Aujourd’hui, la capitale culturelle du royaume, abritant justement le Mausolée Sidi Ahmed Tijani, est visitée annuellement par des dizaines de fidèles qui se déplacent du Sénégal spécialement pour rendre hommage à leur guide.  

La solidité des liens entre les deux pays a été exprimée par l’ancien Chef d’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, à l’occasion d’une visite qu’il avait effectuée au Maroc, au mois de mars 2007, lorsque, abordant les rapports bilatéraux, son excellence avait déclaré que  « Le mot coopération est trop faible pour expliquer les relations exceptionnelles qui existent entre le Maroc et le Sénégal ». Il s’agit, a-t-il ajouté, de « deux peuples qui forment une seule famille». En effet, les liens de sang et de mariage sont très fréquents entre les deux peuples à un point que de nombreux Fassis sont d’origine sénégalaise et que l’ambassadeur même du royaume au Sénégal, Taleb Berrada, est d’une mère sénégalaise. Outre ce critère signifiant, la nomination de M. Berrada n’est pas dépourvue d’enseignements profonds. Le diplomate marocain occupait auparavant le poste de Chef de la division de la coopération bilatérale à la direction des Affaires africaines au sein du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Donc, à travers cette nomination, le Maroc affiche son intérêt particulier à la coopération avec le Sénégal.

Justement, d’un point de vue économique, plus d’une soixantaine d’accords existent entre les deux pays. Le premier accord, d’ordre commercial, remonte à l’année 1964 et concerne le traitement national réciproque dont bénéficient depuis les entreprises marocaines et sénégalaises implantées de part et d’autre. Les transactions économiques entre les deux pays, notamment les importations et les exportations, n’ont cessé d’évoluer depuis le début des années 2000. Les entreprises marocaines sont omniprésentes au Sénégal et opèrent dans des secteurs tels les télécommunications, la finance et les Bâtiments et Travaux publics (BTP). Le marché sénégalais est florissant et offre d’importantes opportunités pour ces entreprises qui bénéficient des avantages de l’accord commercial susmentionné.

La visite royale, qui intervient à un moment où le Maroc cherche à dynamiser davantage ses relations avec l’Afrique, permettra justement d’explorer d’autres voies de coopération bilatérale et de consolider encore plus les liens d’amitié et de fraternité entre le Maroc et le Sénégal.  

Adnan Benabdallah
Analyste au Centre d’Etudes Internationales


Adnan Benabdallah