Les étudiants et stagiaires africains au Maroc, un vecteur de renforcement de la coopération interafricaine

Samedi 23 Mars 2013

Des études de qualité dans un cadre adéquat, peu onéreuses, et offrant l’opportunité de brassage avec une culture à la fois semblable et différenciée, c’est ce que le Maroc offre aux quelques 8 000 étudiants subsahariens qui ont choisi ses établissements publics supérieurs. Un nombre presque semblable d’étudiant se forme dans les instituts privés. Le royaume a même fait de l’Agence marocaine de coopération Internationale, créée en 1986, un instrument de choix de sa politique de coopération interafricaine, à travers laquelle il prend à sa charge 6500 boursiers venant d’une quarantaine de pays d’Afrique subsaharienne. Cette attention marocaine ne s’arrête pas à une simple opération de marketing visant à renforcer l’image de marque du pays auprès des peuples du Sud du Sahara, elle s’inscrit également dans une vielle tradition, interrompue le long de la période coloniale, avant d’être relancée.

Il est difficile de quantifier le nombre de « talibs » africains venus, pendant des siècles, quêter le savoir à l’Université Al Qaraouyine et dans les médersas, auprès des théologiens marocains, ainsi que dans les zaouyas, auprès des cheihks soufis. Mais il est certain qu’ils furent nombreux. Ce qui explique en partie l’influence religieuse marocaine auprès des populations musulmanes d’Afrique occidentale. Il va sans dire que les liens que gardent les « talibs » d’antan comme les étudiants des temps présents avec le pays où ils ont été initiés aux sciences religieuses ou profanes ont toujours participé au rayonnement du Maroc à l’échelle du continent. La reprise de cette tradition séculaire traduit toutefois une plus grande ambition. Il s’agit désormais de faire des relations humaines maroco-africaines un levier pour renforcer la coopération avec les pays d’Afrique. Car les anciens étudiants africains au Maroc constituent des ambassadeurs du royaume dans leurs pays respectifs  où ils mettent à disposition leurs connaissances académiques et leur savoir professionnel acquis.

Pour nombre d’étudiants africains subsahariens, faire figurer le nom d’universités, grandes écoles ou instituts de formation marocains sur leur curriculum vitae est un privilège qui permet de nourrir de grandes ambitions. Certains d’entre eux sont devenus de haut commis de l’Etat, officiers ou cadres supérieurs dans l’armée ou de grandes entreprises de leur pays, des succès personnels qui sont, indirectement, aussi ceux du Maroc. Si la création, en 1981, de la Confédération des Elèves, Etudiants et Stagiaires Africains Etrangers au Maroc fût une bonne chose, il serait, par ailleurs, encore plus intéressant de promouvoir la création d’une association des anciens étudiants africains au Maroc, de manière à entretenir les liens déjà existants.

Former les ressources humaines des pays africains contribue de manière directe à promouvoir leur développement socioéconomique, donnant une réelle consistance à la conception marocaine de la coopération interafricaine. C’est également une manière efficiente de soutenir les ambitions, économique et commerciale, du Maroc envers l’Afrique subsaharienne.

Nation pluriethnique et multiculturelle, le Maroc a également un modèle sociopolitique fonctionnel, car démocratiquement fondé, ne pouvant qu’inspirer les étudiants subsahariens qui en auraient pris connaissance pendant leurs séjours au royaume.

Fidèle à sa tradition séculaire de pôle scientifique attractif pour les jeunes africains subsahariens en quête de savoir, le Maroc affiche non sans fierté son rôle de modèle civilisationnel à l’échelle continentale.            

Ahmed Naji

Journaliste


Ahmed Naji