Le modèle économique marocain: Un libéralisme rationnel

Mardi 24 Juillet 2012

Le Maroc connaît aujourd’hui une croissance économique importante et sans précédent, et ce, en dépit de la crise économique et financière internationale qui secoue l’économie mondiale. En effet, l’économie marocaine, caractérisée par une ouverture de plus en plus marquée par un libéralisme favorisant l’initiative privée et par un développement social réel, est considérée comme un véritable modèle pour les économies des pays en voie de développement. Dès lors, il conviendra de s’interroger sur les facteurs ayant favorisé l’émergence de cette politique économique et dans quelle mesure pouvons-nous la qualifier de modèle. 

Il convient de souligner que l’économie marocaine est une économie de type libéral, où l’Etat se place comme l’animateur et le régulateur de l’économie nationale, laissant l’initiative privée jouer pleinement son rôle de moteur de croissance économique. Le modèle économique marocain se traduit par un rôle de l’Etat entrepreneur qui favorise la création d’emploi et la réalisation de grands chantiers en matière d’infrastructures, d’une part, et par un rôle de l’Etat moteur et facilitateur pour les autres opérateurs économiques, nationaux et étrangers, d’autre part. Force est de constater que la politique de planification économique, telle que pratiquée dans les années 1970, a été substituée aujourd’hui par des plans de développement sectoriel, à l’instar du Plan Azur ou du Plan Maroc Vert.

En effet, grâce aux politiques économiques qui s’inscrivent sur le moyen et le long terme, le Maroc jouit d’une économie solide qui lui permet de faire face aux aléas de l’économie internationale. Il convient de rappeler qu’à la fin des années 1990, les recettes financières importantes générées par la politique de privatisation de plusieurs entreprises publiques, comme en témoigne l’exemple réussi de la privatisation de l’entreprise de télécommunication « Maroc Telecom », le 20 février 2001, ont largement permis d’équilibrer le budget de l’Etat et d’alimenter le fonds Hassan II pour le développement économique et social. En effet, il faut souligner que dès le début du nouveau règne, les recettes de la privatisation ont permis de constituer des réserves importantes qui ont contribué à redynamiser l’économie nationale et d’accélérer le rythme de sa croissance.

Cependant, les moyens qui ont été investis auraient été insuffisants s’ils n’avaient pas rencontré une volonté exprimée au plus haut niveau de l’Etat. Le port de Tanger Med en est l’exemple le plus probant. Ce dernier a été financé en grande partie par le fonds Hassan II pour le développement économique et social alimenté essentiellement par les recettes de la privatisation. Ce projet incarne justement le nouveau modèle de l’économie nationale marocaine, fondée sur le volontarisme politique et le positionnement stratégique.

Par ailleurs, l’économie marocaine, qui propose un environnement favorable à l’expansion des sociétés étrangères, est devenue une destination de choix pour les capitaux étrangers. Ainsi, les investissements étrangers ont considérablement augmenté, notamment depuis la fin des années 1990. Plusieurs facteurs expliquent cet accroissement, parmi lesquels l’on peut citer les réformes économiques, juridiques et sociales d’envergure destinées à faciliter l’installation et le développement des investissements étrangers au Maroc.

En outre, des réformes fiscales incitatives ont été adoptées en vue de compléter les mesures économiques en matière d’attraction des investissements étrangers. A titre illustratif, l’on pourrait citer le projet réalisé par le groupe français de l’industrie automobile, Renault, à Tanger, et inauguré par le roi Mohammed VI le 9 janvier 2012. Il s’agit de l’implantation d’une grande usine de fabrication de véhicules sur une superficie de 314 hectares dont 220 000 mètres carrés de bâtiments totalisant un investissement d’un milliard d’euros. Ce projet témoigne de la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie nationale.

Dans la perspective d’aplanir toutes les difficultés administratives qui peuvent s’ériger devant l’installation des investissements, et en vue de simplifier et d’uniformiser les procédures, le Maroc s’est doté de Centres Régionaux d’Investissement (CRI). De plus, la Charte de l’Investissement, adoptée le 6 décembre 1995, prévoit dans son article 16 que les investisseurs étrangers bénéficient, sur le plan de la réglementation, du régime de convertibilité. En vertu de ce régime, l’investisseur étranger dispose de l’entière liberté de réaliser des investissements au Maroc, de transférer les revenus de ses investissements ou de retransférer le produit de liquidation ou de cession des investissements. Il convient d’ajouter qu’au Maroc, tous les secteurs d’activités économiques sont libres et ouverts aux capitaux étrangers.

Outre cette libéralisation des différents secteurs économiques au secteur privé, le commerce extérieur et le régime des changes ont également été libéralisés. De son côté, la bourse des valeurs de Casablanca a été modernisée en vue de lui permettre de s’adapter aux mutations financières et économiques internationales. Par ailleurs, la loi 13-89 du 9 novembre 1992, relative au commerce extérieur, consacre, dans son article premier, le principe de la liberté d’importation et d’exportation.

In fine, l’économie marocaine illustre de manière éloquente le nouveau visage du capitalisme, basé sur des particularités nationales et au service d’une vision durable et pérenne pour l’avenir du pays.


Centre d’Etudes Internationales