Le bitcoin, une lèse-majesté en Islam ?

Lundi 8 Janvier 2018

Casablanca : Le bitcoin et toute les cryptomonnaies, de par leur nature virtuelle, décentralisée, déterritorialisée et désétatisée, porteraient atteinte à l’autorité du ‘Sultan – ولي الأمر’, telle qu’elle est instituée par la Charia.


Ainsi a décidé, via une Fatwa, le grand mufti d’Egypte, Cheikh Chawqi Allam.

Après la mise en garde très technique que les autorités financières marocaines ont émis à l’encontre des cryptomonnaies, via un communiqué signé conjointement par Bank Al Maghrib, le ministère des finances et l’autorité des marchés (A2MC), était venu le tour aux religieux, mais à l’autre extrémité de l’Afrique du Nord, pour tirer sur le Bitcoin.

Dar Al Iftaa Al Misriya, l’organisme égyptien des fatwas, a ainsi produit un avis religieux, officiel, décrétant ‘haram’, les cryptomonnaies.

L’argumentaire utilisé par le mufti égyptien invoque plusieurs raisons, selon lesquelles le bitcoin et ses semblables seraient assimilés à des jeux de hasard interdits en Islam. Ils seraient aussi considérés comme un outil financier non sûr, facilitant par sa nature opaque, la tricherie et les financements des activités interdites, comme les trafics de drogue, la prostitution et le terrorisme. Mais surtout que ces cryptomonnaies portent atteinte à l’un des fondements de l’Etat musulman : l’autorité du Sultan (ولي الأمر ).


UNE LESE-MAJESTE  

Selon le mufti égyptien, le bitcoin et toutes les cryptomonnaies, étant des monnaies non frappées par des Etats ou des unions monétaires officielles, constituent une violation, justifiant leur caractère ‘haram, du droit du Sultan à réguler l’économie dans son pays.

Le Sultan en Islam est le garant des droits et de l’imposition des devoirs dans la société, et entre dans cette catégorie les droits et les devoirs liés aux transactions économiques.

Selon le mufti, le bitcoin sape cette autorité sultanienne porteuse de garanties de justice et peut ainsi ouvrir la porte à la ‘fitna’, qui risque d’engloutir les sociétés musulmanes dans les abîmes de l’anarchie. 


Adam Sfali - LeMag