Le Maroc interdit finalement une manifestation dans le Rif dénonçant la répression en Catalogne

Mercredi 14 Février 2018

POLITIQUE - Changement de cap. Un rassemblement initialement prévu le 19 février prochain devant le consulat d'Espagne à Nador pour dénoncer la "répression" menée en Catalogne et autorisé par les autorités marocaines a finalement été interdit.

Les autorités avaient autorisé, avec grande surprise, ce rassemblement de militants marocains visant à soutenir les "victimes de la répression" en Catalogne, alors que les manifestations dans le Rif sont interdites depuis l'été dernier, notamment suite à la marche du 20 juillet 2017 en pleine mobilisation du "Hirak".

Ce rassemblement aurait été interprété par les médias espagnols comme l'occasion pour Rabat de répondre à un récent "affront": la tenue, fin janvier à Séville, au Parlement d'Andalousie, "d'un acte de solidarité avec la révolte dans le Rif" et qui a compté avec la présence médiatisée de Ahmed Zefzafi, le père du "leader" du Hirak, Nasser Zefzafi, actuellement en détention à Casablanca.

Selon le média espagnol El Nacional, la coordinatrice de ce mouvement de protestation, Fadwa El Amrani, a informé l'agence de presse espgagnole Efe que les autorités locales ont rejeté, par écrit, la tenue de cette manifestation lundi 19 février devant le Consulat général d'Espagne. "Ils nous ont informé de la décision sans pour autant justifier l’interdiction", confie-t-elle à nos confrères de Yabiladi. Soulignant le caractère pacifique de la manifestation, elle précise vouloir porter l’interdiction des autorités de Nador devant le tribunal administratif d’Oujda et obtenir ainsi des explications sur cette décision.

La protestation voulait "dénoncer les emprisonnements" et la "persécution politique, par le Royaume d'Espagne, du président légitime de la Catalogne, Carles Puigdemont", précise El Nacional. Les organisateurs de la manifestation voulaient également exhorter l'Espagne à "revenir à la légalité démocratique et à respecter les décisions du peuple catalan découlant de l'urne", selon le texte qui demande l'autorisation de la manifestation.

Les organisateurs avaient par ailleurs saisi l'occasion pour parler au nom du Hirak et réclamer la libération d'environ 400 militants détenus depuis la crise du Rif qui a éclaté en octobre 2016.

Cependant, les commissions de soutien au Hirak en Espagne, formées par des activistes du Rif vivant dans différentes villes espagnoles, ont condamné les intentions des manifestants dans une déclaration. "Nous condamnons fermement cette manifestation qui, loin d'apporter un soutien au mouvement (Hirak) génère une confusion et un faux positionnement de notre mouvement sur le processus délicat et complexe que connaît l'Espagne", indiquent-ils dans une note citée par El Nacional.

Lors du référendum organisé à l'automne dernier pour l'indépendance de la Catalogne, le Maroc avait rejeté "le processus unilatéral d’indépendance" de cette région espagnole, et exprimé "son attachement à la souveraineté, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du royaume d’Espagne".


Source : http://www.huffpostmaghreb.com/2018/02/14/rif-maro...

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