Le Maroc à la CEDEAO. Un libre-échangiste chez les protectionnistes ?

Mercredi 4 Avril 2018

New York : Le Maroc irait au devant d’une grande contradiction conceptuelle économique, si jamais son adhésion à la CEDEAO, venait à se concrétiser.


Le Maroc conceptualise son développement global, par une orientation stratégique immuable voici des décennies : L’ouverture sur des blocs commerciaux mondiaux, par le biais d’accords de libre-échange.

Le royaume, par cette stratégie d’ouverture, entend faire fructifier son positionnement géostratégique, en devenant un pivot économique international, faisant office de pont pour le commerce et l’investissement, entre l’Europe, l’Asie et les Amériques, vers l’Afrique.

Or, depuis l’année dernière, et dans le sillage de son retour, très réussi, à l’union africaine, le Maroc a surpris son monde, en allant candidater pour une adhésion à la CEDEAO.

LA CONTRADICTION


Selon, Riccardo Fabiani, expert Afrique du Nord et Moyen-Orient, au cabinet de conseil américain, Eurasia Group, en voulant entrer à la CEDEAO, le Maroc s’encombrerait d’un handicap qui pourrait immédiatement enrayer l’avancement de sa stratégie économique.

Ricardo Fabiano, a publié à ce sujet, sur le site du think tank américain, Carnegie, une note d’analyse, intitulée, ‘Morocco’s Difficult Path to ECOWAS Membership ’.

Dans sa feuille de travail, l’expert international a indiqué que le Maroc qui assoit sa vision de développement global, sur une stratégie d’ouverture économique libre-échangiste, demande à intégrer la CEDEAO, qui se trouve être un des espaces économiques les plus protectionnistes.

Riccardo Fabiani en a dit :

‘’La CEDEAO impose à ses membres un tarif extérieur commun de 5 à 35%, censé protéger les économies ouest-africaines de la concurrence internationale et promouvoir le commerce intra-régional.’’

Cependant, ajoute l’expert, 

‘’Le Maroc dispose d'un accord de libre-échange avec l'UE, ainsi qu'un accord de libre-échange avec les USA. Le Maroc sera incapable de respecter le tarif douanier de la CEDEAO’’.

Fabiani s’est interrogé, en fin, sur comment le Maroc entend concilier deux réalités économiques contradictoires : d’un coté ses accords de libre-échange grâce auxquels, il vise à devenir une plaque tournante mondiale pour la production, la logistique et le commerce et l’obligation d’un tarif douanier de la CEDEAO, dont l’unique finalité est de protéger des économies ouest-africaines sous-développées et incapables de survivre dans un environnement concurrentiel ouvert. 


Adam Sfali - LeMag