Lancement par des associations nationales d'une "charte tunisienne de l'égalité et des libertés individuelles"

Mardi 24 Juillet 2018

Des associations de la société civile ont annoncé mardi la création d'une charte tunisienne de l'égalité et des libertés individuelles, en présence de plusieurs personnalités dans le domaine des droits de l'homme et des académiciens. La charte, au nombre de dix articles, réaffirme la nécessité de voir les législations se conformer à la constitution tunisienne, faire prévaloir les valeurs de liberté, d’égalité et de droit à la vie, assurer la liberté de pensée, de conscience, de religion et bannir toute forme de répression.

La charte se prononce aussi pour les droits et les libertés sexuelles et appelle l'Etat à protéger les espaces et les pratiques initiés par la loi et la constitution. "La charte tunisienne pour l'égalité doit être soutenue par les forces politiques et adoptée dans leurs programmes électoraux", a souligné le professeur de civilisation Amel Grami. Elle a estimé que la question des libertés "se pose toujours en Tunisie" et il importe d'appeler "à la mobilisation pour garantir le droit des citoyens à une vie digne".

"Les voix qui affirment que ces appels ne cadrent pas avec la crise économique que vit le pays ne sont pas acceptables et sont illégitimes car les revendications de la liberté et de l'égalité sont des revendications humaines qui n'ont aucun rapport avec la situation socio-économique", a-t-elle fait valoir. Pour l'islamologue Youssef Seddik "la pensée islamique dans son essence n'est pas en contradiction avec le principe des libertés et de l'égalité". Il a appelé à ce que l'action de la Commission des libertés individuelles et l'égalité trouve sa légitimité sociologique.

"Nous devons dépasser les idées traditionnelles sclérosées qui momifient l'Islam et nous appelons tous les intellectuels à se mobiliser pour faire triompher les idées de liberté et d'égalité en tant que principes généraux qui dictent la conduite de la société", a-t-il souligné.

Pour sa part, le syndicaliste Kacem Afia, a estimé que la charte tunisienne de l'égalité et des libertés individuelles "est une occasion pour toutes les forces vives pour mener les plus grandes batailles de l'histoire, celles de la liberté, et la loi tunisienne doit être au diapason avec les dispositions de la constitution, notamment celles portant sur la liberté de conscience".

Pour l''écrivain et journaliste Hedi Yahmed également "la Tunisie ne doit pas faire marche arrière en matière de liberté "car les libertés doivent être totales ou elles ne le sont pas".

"Nous appelons tous les intellectuels tunisiens à trouver une synthèse qui consolide la pensée progressiste face à la pensée rétrograde et le besoin de liberté des hommes n'exige pas une conjoncture socio-économique donnée", a-t-il indiqué. La cérémonie d'annonce de la charte s'est déroulée en présence de plusieurs personnalités nationales, à l'instar de Sana Ben Achour, de l'ex-gouverneur de la banque nationale Kamel Nabli et de plusieurs universitaires. Les associations ayant proclamé cette charte sont notamment le syndicat national des journalistes tunisiens, les associations "Linakon", "la rue artistique", "Maoujoudine", le forum tunisien des droits économiques et sociaux et l'association tunisienne des femmes démocrates.

La commission des libertés et d'égalité (Colibe), présidée par lé députée Bochra Bel Haj Hmida, avait présenté des recommandations sur la consolidation notamment des libertés individuelles et de l'égalité dans l'héritage dans un rapport remis au président de la république Beji Caid Essebsi qui a suscité une grande controverse dans les milieux sociaux, rappelle-t-on.




Source : https://www.atlasinfo.fr/Lancement-par-des-associa...

TAP