La sauvegarde du patrimoine culturel marocain : Un axe de la politique culturelle nationale

Mardi 5 Mars 2013

La sauvegarde du patrimoine culturel marocain : Un axe de la politique culturelle nationale
Pendant longtemps au Maroc, la politique culturelle n’interagissait que très peu avec les politiques locales de développement. Mais au cours de la dernière décennie, plus précisément depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI, une véritable politique culturelle a vu le jour au Maroc, et la culture s’est imposée comme un puissant levier du développement et de la durabilité des territoires. 
Or le développement d’un territoire ne peut être réalisé que s’il est porté à tous les niveaux, en l’occurrence par une politique culturelle répondant aux exigences particulières dudit territoire. C’est ainsi qu’en date du 4 mars 2013, le roi du Maroc a présidé une cérémonie de signature de deux conventions prévoyant la restauration et la réhabilitation d’un grand nombre de monuments historiques sis dans la Médina de la ville de Fès. Rappelons que cette Médina est inscrite au patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et que les monuments concernés par cette restauration revêtent une importance particulière, puisqu’ils font partie intégrante du patrimoine culturel marocain et témoignent d’une identité culturelle propre au royaume. Il s’agit notamment de « Médersas », de tanneries ou encore de murailles historiques.

De cette manière, il apparaît clairement que le Maroc rattache l’efficacité de son action publique à sa volonté de préserver les éléments patrimoniaux matériels caractéristiques de son histoire séculaire. Cette démarche renseigne également sur la volonté du souverain marocain, en sa qualité de « (…) Chef de l’Etat, [de] Représentant suprême, Symbole de l’unité de la Nation, [et] Garant de la  pérennité et de la continuité de l’Etat (…) », d’insuffler aux politiques publiques culturelles menées dans le royaume l’idée d’un héritage commun à tous les Marocains, et à l’humanité dans son ensemble, légué par les générations antérieures, que l’Etat doit veiller à transmettre aux générations futures.

Rappelons également que ce choix du Maroc de faire un pas supplémentaire en faveur du développement local, axé sur la valorisation du patrimoine culturel, ne se contente pas seulement de s’appuyer sur le patrimoine en lui-même comme vecteur de durabilité, mais tend également à intégrer une approche socio-économique, dans le but de garantir sa viabilité sur le long terme. De cette manière, la gestion de ce projet de réhabilitation du patrimoine historique de la Médina de Fès, fait de la prise en compte des besoins et des attentes propres au territoire et aux populations y établies, une véritable priorité.

De ce fait, le projet bénéficie d’une véritable légitimité populaire et suscite l’adhésion de tous, dans la mesure où les bases stratégiques des travaux de restauration sont justifiées et que les effets en seront mesurables, aussi bien en termes de retombées socio-économiques positives que de renforcement des éléments matériels fondant l’identité culturelle nationale. Mais plus important encore, un équilibre est trouvé et les deux aspects, culturel et socio-économique, sont conciliés. Le Maroc n’envisage donc pas le lancement de ces chantiers uniquement comme un vecteur du développement économique, notamment via le tourisme, mais accorde une importance particulière à la portée symbolique du patrimoine. Ainsi, la politique culturelle menée par le royaume mesure son efficacité grâce à sa contribution à la valorisation de l’identité marocaine et également aux répercussions positives qu’elle entraîne sur son économie.

Myriam Cherkaoui
Analyste au Centre d’Etudes Internationales

 

Myriam Cherkaoui