La réhabilitation de la ville de Fès : Un chantier royal

Mardi 5 Mars 2013

Cité millénaire, Fès, notamment son ancienne médina, constitue le modèle même d’une ville médiévale matérialisant un type original d'établissement humain et d'occupation du territoire traditionnel, représentatif de la profondeur historique du royaume. Ce n’est pas pour rien que l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) l’a classée comme étant un patrimoine mondial dès 1981. D’un point de vue économique, Fès a toujours constitué une destination de rêve, notamment pour les touristes étrangers et revêt, de ce point de vue, une importance particulière dans toutes les stratégies gouvernementales visant la promotion du secteur touristique, local et international, au Maroc. Or, la préservation de l’aspect pittoresque de cette ville nécessitait un entretien permanent de la part des pouvoirs publics et une stratégie gouvernementale qui s’établisse sur le long terme. 

Dès la fin des années 1990, des milliers de bâtiments d’habitat, situés à Fès El Bali, étaient menacés d’effondrement. Aussi, des monuments historiques, tels Médersa Mesbahia et Médersa Seffarine, qui font la fierté de cette ville, étaient sur le point de se transformer en ruines. Les gouvernements successifs avaient certes adopté des mesures pour la restauration et la réhabilitation de la ville. Mais de telles mesures sont restées lettre morte devant l’absence d’un suivi régulier.

C’est dans cette perspective, et en vue de remédier à ces dysfonctionnements, que s’inscrit la signature, en date du lundi 4 mars 2013, sous la présidence du roi Mohammed VI, de deux conventions relatives à la restauration et à la réhabilitation des monuments historiques et au traitement du bâti menaçant ruine dans l’ancienne médina de Fès. Le directeur général de l’Agence de Dédensification et Réhabilitation de Fès (ADER-Fès) a signalé, dans une déclaration rapportée par l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP), que les deux conventions concerneront environ 1729 bâtisses de 1er degré, c’est-à-dire avec un risque élevé d’effondrement, et 1937 bâtisses de 2ème et de 3ème degrés. Notons à ce titre que les pouvoirs publics concernés, dont le Ministère de tutelle, l’Inspection régionale d’urbanisme et l’Agence ADER-Fès pour la mise à niveau de la ville ont identifié, dès 2001, des défaillances structurantes et un programme de traitement des bâtiments menacés d’effondrement a déjà été lancé sous la houlette du Ministère de l'Aménagement du Territoire, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de l'Environnement. Or, actuellement, il suffit de visiter l’ancienne médina de Fès pour s’enquérir de la faiblesse des réalisations.

Aussi, une fois de plus, le roi Mohammed VI, qui est à l’origine de toute la dynamique réformiste et structurante, déclenchée au Maroc depuis plus d’une décennie, prend personnellement l’initiative de s’attaquer aux problèmes de fond dont souffre l’une des plus importantes villes du royaume. Sa Majesté avait, au cours des années écoulées, déployé plusieurs programmes de développement socio-économique dans cette ville. Aujourd’hui, il initie des programmes de réhabilitation des constructions menacées d’effondrement et de restauration des monuments pittoresques. La première de ces problématiques met en péril la vie de milliers de citoyens tandis que la seconde porte atteinte aux activités génératrices de revenu dans une ville dont l’économie s’appuie dans une large mesure sur les activités touristiques.

Adnan Benabdallah
Analyste au Centre d’Etudes Internationales


Adnan Benabdallah