La redynamisation des relations de coopération entre le Maroc et la Côte d’Ivoire à l’aune de la visite royale

Mercredi 20 Mars 2013

La Côte d’Ivoire est connue pour avoir été l’un des modèles de réussite économique en l’Afrique de l’Ouest. Dès 1960, alors sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny (père de l’indépendance), elle a institué un libéralisme économique qui a porté ses fruits durant les années 1960 et 1970. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire s’érigeait alors en parti unique. Après la disparition du « Sage » en 1993, le pays a sombré dans une crise politique profonde, même s’il a institué le multipartisme à partir des années 1980. Son économie a été durement affectée et le pays a été exposé à plusieurs troubles sociaux et politiques, dont les plus graves ont eu lieu entre l’an 2000 et l’année 2005 prenant la forme d’une guerre civile et faisant au moins 5000 morts. Beaucoup de résidents marocains en Côte d’Ivoire ont alors quitté le pays tout en essuyant des pertes financières importantes.

Depuis quelques années, le pays cherche à s’extraire de cette situation d’instabilité. En 2011, quelques années après la conclusion d’accords de paix entre les principaux protagonistes politiques, des élections présidentielles ont porté au pouvoir un nouveau Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, en remplacement de Laurent Gbagbo, en place depuis l’an 2000.

La Côte d’Ivoire est donc aujourd’hui dans un nouveau départ politique à même de lui permettre de « rattraper » le temps perdu. En 2012, le pays occupait la 170ème place au niveau de l’Indicateur de développement humain. Mais il dispose d’un potentiel important en matière économique. Ses exportations sont constituées essentiellement de Cacao et de Café, produits dans lesquels il occupe les premiers rangs mondiaux. Le Produit Intérieur Brut de la Côte d’Ivoire constitue, à lui seul, environ 40% du reste des pays membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).

Le Maroc a toujours eu de bonnes relations avec la Côte d’Ivoire. Maintenant que le pays a retrouvé sa stabilité politique, il était temps de relancer la coopération avec lui sur de nouvelles bases. C’est dans ce sens où intervient la visite royale en Côte d’Ivoire entamée le mardi 19 mars 2013. Par ailleurs, beaucoup d’entreprises marocaines sont opérationnelles dans ce pays. Les domaines prisés sont généralement le Bâtiment, les mines et le secteur bancaire. On peut donc penser que le nouveau climat en cours en Côte d’Ivoire inciterait davantage d’entreprises marocaines à s’y installer. Ainsi, quelques heures seulement après l’arrivée du Roi du Maroc à Abidjan, le Souverain et le président ivoirien ont présidé « (…) la cérémonie de signature de plusieurs accords de coopération ».

En sus des relations bilatérales avec la Côte d’Ivoire, et qui seront développées consécutivement à la visite royale, le Maroc aura intérêt à fructifier ses relations avec l’UEMOA. Créé en 1994, ce groupement subrégional se fixe comme objectif la promotion de l’intégration économique des pays de l’Afrique de l’Ouest. Il est à noter que le Maroc entretient de bonnes relations avec l’ensemble des pays membres de l’UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Ceci d’autant plus que, dans la dernière crise au Mali, le Maroc, en tant que membre du Conseil de sécurité, a joué un rôle important dans l’adoption de la résolution 2085 datant du mois de décembre de l’année 2012 qui a autorisé le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA). La conclusion d’un Accord commercial et d’investissement avec l’UEMOA est de nature à resserrer les liens économiques avec l’Afrique de l’Ouest en général, et la Côte d’Ivoire en particulier. Des perspectives tout aussi importantes sont possibles avec la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), fondée le 28 mai 1975 par le Traité de Lagos, dont la Côte d’ivoire est membre au même titre que le Sénégal et le reste des pays appartenant à l’UEMOA.

Zakaria ABOUDDAHAB