La délimitation des frontières maritimes en rapport avec la paix internationale, au cœur des débats à Marrakech

Lundi 6 Décembre 2021

La délimitation des frontières maritimes dans le Bassin Méditerranéen en rapport avec les enjeux liés à la paix et à la sécurité internationales, ont été au cœur des débats lors d’un colloque international organisé les 3 et 4 décembre courant à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales (FSJES) de Marrakech, avec la participation d'un parterre d'experts et de professeurs universitaires marocains et étrangers.

Initiée par le Laboratoire des Etudes Constitutionnelles et l’Analyse des Crises et Politiques relevant de l’Université Cadi Ayyad (UCA), ce conclave a été l’occasion pour les participants de s'attarder sur les contextes conceptuels, juridiques et politiques de la question de la délimitation des frontières maritimes, et de discuter des problématiques de coopération et de conflits lors de la délimitation de ces frontières dans le Bassin Méditerranéen.

Pour le doyen de la Faculté de Droit de Marrakech, M. Abdelkarim Taleb, ce Colloque s’avère d’une grande actualité et intervient dans un contexte marqué par l’adoption par le Maroc de deux lois relatives à la délimitation de ses frontières maritimes.

Ces deux lois visent à parachever la souveraineté du Royaume sur son domaine maritime et à actualiser la législation nationale, en vue de l’harmoniser avec les conventions internationales, dont celle de l’ONU sur le Droit de la mer, a-t-il expliqué.

Le Chef du Département de Droit Public à la FSJES de Marrakech, M. Said Aghrib, a fait savoir que le thème de ce Colloque est à la fois "d’une grande actualité, ancienne et renouvelée", relevant que l’importance de cette question s’explique par la montée des voix appelant à l’ouverture et à l’abolition des frontières économiques, et ce parallèlement à d’autres voix qui plaident, au contraire, en faveur de la délimitation des frontières maritimes.

Dans ce contexte, ce professeur universitaire a relevé que la Méditerranée représente un gisement de richesses naturelles, mettant l’accent sur plusieurs concepts, tels que la paix et la sécurité internationale et la souveraineté après la guerre froide.

Le directeur du Laboratoire des études Constitutionnelles et d’Analyse des Crises et Politiques, M. Driss Lagrini, a souligné, quant à lui, l’importance que revêt le Bassin Méditerranéen en tant que l’un des espaces les plus importants à travers l’histoire, mettant en relief son rôle dans le renforcement des échanges commerciaux au niveau mondial.

Dans ce contexte, il a indiqué que ce Bassin a été, à travers l’histoire, un carrefour stratégique du commerce international, rappelant que cette importance ne fait que grandir étant donné que cette région, qui représente un trait d'union entre les trois Continents (Afrique, Asie et Europe), dispose de près de 50% des réserves mondiales de pétrole, alors que trois détroits stratégiques : Détroits de Gibraltar, du Bosphore et le Détroit du canal de Suez sont situés dans ce Bassin.

Dans son exposé intitulé "la délimitation des frontières maritimes : les fondements juridiques et les pratiques internationales", l’enseignant- chercheur à l’Université Moulay Ismail de Meknès, M. Mohamed El Bezzaz, a fait remarquer que la problématique de la délimitation des frontières maritimes est d’ordre juridique, étant donné la diversité des systèmes juridiques contenus dans la Convention de l’ONU sur le Droit de la mer, ce qui soulève une grande difficulté au niveau de la délimitation des frontières.

Si les frontières terrestres sont nettement délimitées, celles maritimes s'avèrent moins délimitées et engendrent, de ce fait, de véritables problèmes dans les relations internationales et génèrent des conflits notamment, en Méditerranée, a-t-il expliqué.

De son côté, le chercheur à la FSJES de Fès, Abdelaali Bouzebaa, a relevé que l’évolution technologique et scientifique a démontré que les eaux méditerranéennes recèlent de grandes richesses, ce qui a contribué à alimenter les conflits et les crises entre les pays frontaliers, faisant remarquer que la communauté internationale a œuvré depuis le 19è siècle en vue d'élaborer des solutions durables à ces conflits, en rapport avec l’exploitation des mers et à conclure des conventions régissant ce domaine.

Selon ce chercheur, les Etats du sud perçoivent leur partenariat avec les pays de l'hémisphère nord du Bassin Méditerranéen comme un mécanisme de nature à renforcer les échanges commerciaux, alors que ceux du Nord considèrent leur partenariat comme "mécanisme" à même de faire face aux défis et aux menaces relatives à l’immigration et au terrorisme.

De son côté, l’enseignant chercheur à l’université Sultan Qabus (Oman), Abdennacer Assayed Mohamed Al Jihani, a abordé dans son intervention, les répercussions du trafic des immigrants sur la souveraineté des pays, faisant remarquer que le bassin méditerranéen est la région la plus impactée par ce phénomène.

Mme Hanane Mourad, professeure de Droit Public à la Faculté de Droit à Mohammédia, dans son intervention intitulée "les menaces maritimes dans le Bassin Méditerranéen et ses répercussions sur la sécurité internationale- la pollution maritime comme modèle", a donné un aperçu détaillé sur ce fléau écologique en tant que menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationales. Organisée en forme hybride (en présentiel et à distance), cette conférence internationale a connu la présentation de 19 exposés par des chercheurs issus du Maroc, de la Grande-Bretagne, de la Russie, du Sultanat d’Oman, de Jordanie, d’Irak et de France.

"La délimitation des frontières nationales : contextes conceptuels, juridiques et politiques", "la délimitation des frontières maritimes dans la Méditerranée : problématiques de coopération et de conflits", "la délimitation des frontières maritimes en Méditerranée : Cas pratiques" et "la délimitation des frontières maritimes et les enjeux de la paix et de sécurité internationales dans le bassin méditerranéen", sont les principales thématiques débattues lors de ce conclave.

MAP