L’action scientifique de la France au Maroc : la vitalité d’une coopération bilatérale

Jeudi 4 Avril 2013

S’il est vrai que la coopération scientifique entre la France et le Maroc n’est pas aussi ancienne que les relations franco-marocaines, force est de noter qu’elle remonte au moins au début du XXe siècle lorsque fut créée en 1904 à Tanger la « Mission scientifique » qui publiait depuis lors les célèbres Archives marocaines. L’initiateur du projet était M. Alfred Le Chatelier, islamologue et professeur au Collège de France. Profitant d’une subvention du Ministère de français de l’Instruction publique, il fonda par la suite (à partir de 1906) la Revue du monde musulman, qui paraît toujours sous le titre de Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée. À partir de 1919, le projet scientifique du Protectorat fut conforté par la création de deux sections : la section historique et la section sociologique.

L’historien de l’action scientifique de la France au Maroc ne saurait, en revanche, passer sous silence l’Institut des hautes études marocaines (IHEM) créé, à Rabat, en 1920. L’arrêté viziriel créateur de l’Institut lui assignait entre autres objectifs, de « provoquer et d’encourager les recherches scientifiques relatives au Maroc, de les coordonner et d’en centraliser les résultats ». L’IHEM, éditeur de la revue Hespéris, était d’ailleurs l’unique établissement d’enseignement supérieur au sens moderne et a amplement contribué à la formation des futures élites du Royaume. 

L’indépendance du Maroc allait évidemment imprimer une nouvelle orientation à la coopération maroco-française en la matière avec l’introduction du statut de coopérant français au Maroc. Dès l’indépendance, ces derniers, surtout les coopérants enseignants, avaient été la véritable cheville ouvrière de l’action  scientifique française au Maroc. Les universités marocaines retiennent toujours les traces de leur production académique comme de leur contribution à l’effort national de formation des élites administratives, politiques et économiques du Maroc. Mieux encore, les performances de cette dynamique expliquent la volonté des deux pays d’institutionnaliser ce volet de la coopération bilatérale en signant, le 13 janvier 1972, la « Convention de coopération culturelle et technique ». Ce cadre conventionnel bilatéral allait être bientôt renforcé et actualisé à travers plusieurs accords dont la « Convention de coopération culturelle, scientifique et technique » signée le 31 juillet 1984, et la « la Convention de partenariat pour la coopération culturelle et le développement signée le 25 juillet 2003. 

Partie intégrante de la politique étrangère de la France, la coopération scientifique et de recherche a été et est toujours un élément clé de l’action internationale de ce pays partenaire. Pour preuve, le récent redéploiement de la politique scientifique extérieure de la France met le Maroc, pays francophone et partenaire à plus d’un titre, au centre de ses priorités. Comme l’indique un très récent document stratégique daté du mois de janvier de l’année 2013 et intitulé, « Une diplomatie scientifique pour la France », la stratégie en question assigne à la coopération en la matière plusieurs objectifs, dont deux concernent directement le partenariat maroco-français : 

1/ La recherche et l’action scientifique comme vecteur efficace de dialogue politique et de développement partagé. 

2/ La recherche et l’action scientifique comme élément déterminant pour les projets d’intégration régionale. 

S’il est difficile de dresser ici le bilan des actions réalisées sur ce registre, force est de signaler la vitalité de l’action scientifique et universitaire française au Maroc à travers le réseau des Universités internationales. Produit d’une concertation étroite entre les départements ministériels concernés des deux pays, l’Université internationale compte aujourd’hui deux implantations solides à Rabat et Casablanca. Les deux établissements, dont le démarrage est déjà un succès, proposent une offre de formation pluridisciplinaire dans de nombreuses filières qui présentent une pertinence évidente au regard des objectifs de développement pour le Maroc. Autant dire que, si cette implantation universitaire réussie en dit long sur la vitalité du partenariat entre le Maroc et la France, elle n’en témoigne pas moins d’une communauté réelle de visions et de projections pour l’avenir.

Mehdi Bennani


Mehdi Bennani