Italie : revue de presse Presse allemande Portugal

Samedi 19 Mai 2018

Bruxelles - Le tournant politique que connait l'Italie, avec la formation prochaine d’un gouvernement anti-européen constitué des partis populistes Mouvement 5 étoiles et Ligue du Nord, les grands gagnants des dernières législatives, est le sujet phare qui a suscité samedi l'intérêt des quotidiens européens, aux côtés d'autres sujets d'actualité, dont la rencontre à Sotchi (Russie) entre le président Vladimir Poutine et la Chancelière allemande Angela Merkel et la violence dans le sport au Portugal.

Dans un éditorial intitulé "Le laboratoire populiste italien", le journal belge Le Soir estime que le gouvernement qui pourrait voir le jour la semaine prochaine en Italie est "susceptible de provoquer une instabilité majeure en Europe", parce qu’il s’agit du "premier gouvernement totalement populiste dans un pays fondateur de l’Union européenne et de la zone euro".

Le chroniquer évoque comme autre motif d’inquiétude, le fait que le contrat conclu entre le parti de la droite souverainiste et le mouvement anti-système "remet en cause nombre de piliers traditionnels de la politique des trente dernières années (en matière de respect des traités internationaux, de solidarité européenne, d’immigration, d’économie, de fiscalité, etc.)".

L’éditorialiste considère, de même, que les deux partis "ne semblent pas préparés pour les enjeux énormes qu’ils doivent affronter", soulevant "les approximations et les inexactitudes grossières" de ce programme.

Sur le même sujet, L’Echo estime que même s'il ne prévoit pas de sortie unilatérale de l'euro, ce programme "tourne résolument le dos à l'austérité et aux -diktats- de Bruxelles", posant le décor d' "une confrontation entre Rome et ses partenaires européens".

Ce contrat divise "la péninsule - où les détracteurs de ce singulier nouveau binôme politique pointent son dilettantisme et provoque, surtout, de fortes inquiétudes au sein de l'Union européenne", explique le journal.

Et de poursuivre : " Alors que cet exécutif en puissance cherche à s'accorder sur le nom du futur chef du gouvernement, l'Europe s'interroge sur les contours et les possibles conséquences de cette hétéroclite synthèse de programmes politiques qui semblaient, il y a une semaine encore, inconciliables".
La Libre Belgique relève que le "contrat de gouvernement" rendu public vendredi par les populistes italiens qui "tourne résolument le dos à l’austérité et affirme son caractère nettement à droite sur les thèmes de l’immigration et de la sécurité".

Pour marier les promesses électorales des deux formations politiques, ce programme s’est transformé, selon la publication, en "fourre-tout; 58 pages où, selon certains experts, apparaît clairement le manque de compétences de ses auteurs, surtout en matière d’économie et de relations internationales.
Pourquoi l'Europe tremble face à l'Italie, titre, pour sa part, le quotidien français Le Monde qui écrit que les dirigeants de l'UE craignent les projets économiques, migratoires et diplomatiques d'une coalition M5S-Ligue.

L'Europe se dirige-t-elle tout droit vers une -confrontation lourde de conséquences entre Rome et Bruxelles ? se demande le journal, notant que les voisins européens de l'Italie commencent à paniquer, tandis que la situation politique du pays commençait à peine à se clarifier, vendredi 18 mai. 

Les deux partis "anti-système" arrivés en tête aux récentes législatives, la Ligue et le Mouvement cinq étoiles (M5S), ont annoncé la veille qu'ils soumettraient lundi 21 mai leur programme au président Sergio Mattarella, poursuit l’auteur de l’article, faisant savoir qu’ils espèrent alors être en mesure de révéler l'identité du prochain président du Conseil – ni Matteo Salvini, ni Luigi Di Maio, leur chef de file, ne devraient occuper le poste.

Sous le titre M5S et la Ligue, l’alliance crée la défiance, Libération indique que malgré les antagonismes entre les deux mouvements, le pacte gouvernemental prévoit des mesures sociales mais aussi anti-immigrés, notant que certaines propositions économiques pourraient provoquer une crise européenne.
Les deux partis revendiquent un programme délibérément social et tournant le dos à la rigueur, rapporte le journal, faisant observer que dans la version définitive du «contrat pour le gouvernement du changement» qui devrait être paraphé devant notaire, les deux signataires ont adouci leurs positions vis-à-vis de l’UE. 

Il n’est plus directement question d’une éventuelle sortie de l’euro ni même d’un référendum sur la question, alors qu’une première ébauche du texte envisageait le retour à l’esprit pré-Maastricht, c’est-à-dire avant l’introduction de la monnaie unique et l’adoption de mesures techniques de nature économique et juridique permettant aux Etats membres de sortir de l’union monétaire, estime l’auteur de l’article. 

Le journal espagnol «El Mundo» indique, quant à lui, que les partis populistes Mouvement 5 étoiles et Ligue du Nord, les grands gagnants des dernières législatives en Italie, ont conclu un accord pour la formation d’un gouvernement «anti-européen et pro-Poutine».

L’accord, qui sera soumis au vote des Italiens, prévoit notamment l’expulsion de 500 milles migrants, la mise en place d’un revenu minimum de 780 euros par mois et des dépenses supplémentaires de l’ordre de 100 milliards d’euros par an, rapporte le journal.

«L’Italie annonce un tournant radical qui menace l’économie», titre de son côté «El Pais», relevant que malgré le fait que la dernière version de l’accord entre les deux formations a modéré sensiblement le discours vis-à-vis de l’Union européenne, en abandonnant notamment la menace d’une sortie de l’euro, elle maintient néanmoins des mesures inédites comme l’impôt sur le revenu unifié, le revenu minimum garanti et l’expulsion des migrants.

La Ligue du Nord a réussi à imposer dans cet accord son idéologie radicale d’extrême droite, souverainiste et eurosceptique, souligne le quotidien, ajoutant en outre que les deux partis veulent un rapprochement avec la Russie, appelant à ne plus voir en Moscou une menace mais «un partenaire économique et commercial de plus en plus important».

Dans le même sens, «ABC» fait remarquer que ce tournant politique en Italie représente un défi pour Bruxelles sur des questions fondamentales comme la politique budgétaire, l’immigration, le commerce et la politique extérieure.

Sous le titre "le M5S et la Ligue tiennent leur programme anti-système", le journal suisse Le Temps écrit que malgré leur entente, les leaders des deux formations ont décidé de suivre le choix de leurs électeurs respectifs. 

"De nombreux obstacles empêchent encore la formation d’un exécutif", relève l'éditorialiste, soulignant que dans l’attente d’une adhésion populaire, M5S et Ligue négocient toujours le nom de la personne qui sera chargée de mettre en œuvre leur contrat à la tête du gouvernement. 

Le "24Heures" souligne de son côté que l'accord conclu entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue prévoit une plus grande ouverture à la Russie. "Les populistes réclament le retrait des sanctions imposées à Moscou et sa réhabilitation comme interlocuteur stratégique dans la résolution des crises, notamment syrienne et libyenne", explique-t-il. "Les populistes italiens sont entrés jeudi dans la dernière ligne droite avant la formation du premier gouvernement antisystème dans un pays fondateur de l'UE", indique pour sa part la Tribune de Genève.

D'après l'auteur de l'article, les chefs de file du M5S et de la Ligue tentent de s'accorder sur les derniers arbitrages de leur programme commun et sur le profil et le nom du futur chef de gouvernement, un sujet crucial sur lequel ils restent toujours muets. 

"Un cabinet pour le changement mènera soit à l'amélioration de la situation générale des Italiens ou au contraire à la détérioration de leurs conditions, tout cela reste tributaire du sens des responsabilité de la majorité", estime, de son côté, le Corriere della Sera sous le titre "le contrat de gouvernement ne suffit pas". 

Reste que, selon le quotidien, plusieurs noms suggérés pour assumer les fonctions de Premier ministre demeurent loin de convaincre. "Le plan de gouvernement mis sur la table reste lettre morte puisqu'il nécessite des personnalités compétentes en mesure d'en assurer la mise en oeuvre", a-t-il relevé. La Reppublica considère que les mesures prévues sur le volet économique risquent d'affaiblir les banques italiennes, notant que "la réforme promise ne pourrait être concrétisée sans l'accord des partenaires européens, ce qui rassure un pan entier des Italiens".

Il est prévu que 94% des membres du M5S se sont prononcés en faveur du "contrat de gouvernement", donnant de la vigueur à l'alliance entre les formations populistes alors qu'elles tentent de former leur majorité. La Stampa rapporte que la Ligue devra soumettre samedi l'accord avec le mouvement antisystème au vote de ses membres, mais devra aussi être validé par une majorité de citoyens dans toute l'Italie. 

La presse allemande s'intéresse, de son côté, à l'alliance entre la Ligue et le Mouvement cinq étoiles (M5S) pour gouverner l’Italie, ainsi qu'à la rencontre dans la station balnéaire de Sotchi (Russie) entre le président Vladimir Poutine et al Chancelière allemande Angela Merkel.

Dans un article sous le titre "une comédie italienne qui intéresse tout le monde", NEUE OSNABRÜCKER ZEITUNG écrit que le programme gouvernemental de la coalition populiste en Italie fait craindre les dirigeants de l'UE, ajoutant que les leaders des deux formations ont décidé de suivre le choix de leurs électeurs respectifs. "La Ligue et le Mouvement cinq étoiles (M5S) distribuent des cadeaux estimés à des milliards de dollars à leurs électeurs. C'est une mauvaise chose pour l'épargne", souligne le journal.
Concernant le sommet Merkel-Poutine, STUTTGARTER NACHRICHTEN souligne que cette rencontre qui n'a pas duré deux heures a permis aux deux responsables de défendre leur projet de gazoduc sous-marin Nord Stream 2 menacé par les sanctions américaines, motif supplémentaire de rapprochement face à Washington en plus de la volonté de maintenir l'accord sur le nucléaire iranien.

Pour le journal, en dépit que la Russie est perçue comme étant un partenaire difficile, mais elle reste toujours un partenaire indispensable pour avancer dans la solution des crises de par le monde.
HANNOVERSCHE ALLGEMEINE ZEITUNG observe, pour sa part, que deux facteurs sont derrière l'amélioration "pacifique" des relations entre Moscou et Berlin. Le premier réside dans le fait que Poutine est arrivé au seuil de ses objectifs économiques et a besoin, autant que possible, de présenter à son pays de nouvelles alternatives économiques où l'Allemagne sera un partenaire de poids. Le deuxième facteur est que Merkel doit aussi chercher un partenaire de poids face à l'hégémonie américaine qui met à flot toutes les conventions internationales (accord nucléaire iranien, accord de Paris sur le climat). 

Au Portugal, la violence dans le sport et les nouvelles mesures annoncées pour promouvoir le développement de la région du centre sont des sujets qui retiennent l’attention de la presse locale.
Diario de Noticias indique que la Police de sécurité publique (PSP) a identifié 2.219 supporters impliqués dans des situations de violence dans le football, selon les données avancées par cette force de sécurité, ajoutant que parmi ces supporters fichés par les autorités, jusqu'à hier, seuls 19 sont interdits d'entrer dans les stades. Huit d'entre eux sont des "casuals", des éléments qui n’appartiennent pas aux clubs officiels de supporters et qui s'organisent pour provoquer des troubles et des affrontements.

Parmi les mesures que cette force a déjà proposées pour mettre fin à l'impunité qui se répand clairement dans le milieu du football se trouve une "peine extrêmement lourde et non encore prévue dans la législation" qui "aurait un effet dissuasif énorme": "l'interdiction de la télédiffusion" des matchs, chaque fois que les fans provoquaient des incidents, relève la publication.

Jornal de Noticias se fait l’écho de l’annonce par le Premier ministre Antonio Costa vendredi de l'intention du gouvernement de réduire considérablement l’impôt sur les sociétés pour les entreprises situées dans le centre du pays, et pourrait même appliquer un taux "zéro" en fonction du nombre d'emplois créés.

Le PM socialiste qui a encore une fois critiqué l'intention de la Commission européenne de procéder à des coupes dans les Fonds de cohésion, a également avancé d'autres mesures à court terme, comme le lancement d’une ligne de crédit de 100 millions d'euros, destinée exclusivement aux petites et microentreprises situées dans la région de l'intérieur, pour financer des projets de création, d'expansion ou de modernisation d'unités de production.

MAP