Flottement du dirham, une réforme qui s'érige en douceur

Mercredi 25 Juillet 2018

Rabat - Avec le passage à un régime de change plus flexible, le Maroc a franchi un nouveau cap dans sa mutation économique. Amorcée dans un contexte macroéconomique solide, cette réforme graduelle semble être sur la bonne voie pour permettre à un pays, résolument orienté à l'international, de parer à toute sorte de choc exogène.

Stratégique et mûrement réfléchie, cette réforme du régime de change s'accomplit en douceur et dans un climat serein. Outre son ambition de consolider les choix stratégiques du Maroc en termes d’ouverture économique, elle vient à point nommée pour appuyer les transformations structurelles qu’a connues l’économie nationale tout en renforçant sa compétitivité.

En effet, le Maroc a décidé, le 15 janvier 2018, de passer à un dirham flottant, où la parité de la monnaie nationale est déterminée à l'intérieur d'une bande de fluctuation élargie à ±2,5%, contre ±0,3% auparavant. L'idée avait suscité un vif débat, tant chez les observateurs de la scène économique que les citoyens. Or cette bande est restée aux alentours du taux cible, ce qui veut dire que la réforme a bien été assimilée par les banques et les marchés.

Ainsi, toutes les craintes qui ont précédé le passage à ce nouveau régime ont, selon les observateurs, dégénéré dès les premiers jours de la mise en marche de cette réforme. Auparavant, les différents acteurs du marché craignaient que l'inflation s'installe et redoutaient une éventuelle dépréciation de la valeur du dirham, mais tous ces soucis se sont dissipés avant d'être contenus et maîtrisés.

Au lendemain de son lancement, Bank Al-Maghrib (BAM) et le ministère de l'Economie et des Finances avaient annoncé que la réforme du régime de change se traduira par une appréciation de la croissance nationale de 0,2% en 2018 et ce sur la base de l’hypothèse d’une dépréciation maximale de 2,5% du dirham. Un constat rassurant d'autant plus que l'esprit de cette réforme veut que l'institut d'émission continuera d’intervenir sur le marché des changes en vue d’assurer sa liquidité. 

Six mois plus tard, le wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri avait fait part devant un parterre de journalistes de son satisfecit des résultats de cette réforme, qualifiant de positif et très utile tout le travail mené particulièrement avec les banques. 

M. Jouahri s'était également félicité des remontées régulières de données relatant les conditions appliquées à la clientèle, outre le suivi quotidien par BAM des fins détails du marché de change, y compris le volume des achats/ventes ou encore le reporting.

Par ailleurs, le passage progressif à la flexibilité du dirham requiert une surveillance réglementaire qui devra se traduire par une accentuation de la responsabilité gestionnaire de BAM. Cette condition est sur la voie de la concrétisation grâce à la réforme du statut de Bank Al-Maghrib, qui selon les économistes, marquera une étape importance dans le processus de convergence vers les standards internationaux.

En effet, le projet de loi n° 40-17 relatif au statut de BAM qui a été adopté récemment à la majorité par la Chambre des représentants ambitionne la révision du statut de la Banque centrale à travers l'élargissement du champ de ses missions, pour y inclure notamment la contribution à la prévention contre les risques systémiques et le renforcement de la stabilité financière. Il vient ainsi renforcer l'autonomie Bank Al Maghrib qui se verra confier de nouvelles prérogatives pour définir l'objectif de stabilité des prix. 

C'est en ce sens que plusieurs experts se sont accordés à dire que l’impact escompté du régime flottant du dirham sur l'économie nationale, ne saurait se manifester amplement que si cette réforme est conjuguée à d’autres actions qui convergent vers le développement économique souhaité.

MAP