Festival Gnaoua : Epilogue en "più forte" d'une partition multiculturelle sublimissime

Lundi 24 Juin 2013

Essaouira - La 16ème édition du Festival Gnaoua et musiques du monde s'est achevée, dimanche à Essaouira, sur un concert de deux artistes d'exception Will Calhoun et Maâlem Mustapha Baqbou qui ont offert au public une prestation en "più forte" riche en couleurs et en fusion.


Cette soirée de clôture était l'aboutissement heureux de quatre jours où une multitude de races, de nationalités, de cultures et de croyances des plus diversifiées et des plus lointaines  géographiquement parlant- sont entrées dans une mixtion presque parfaite, que ce soit sur scène, autour des lieux de spectacle, dans les espaces de débats ou d'exposition, voire même dans chaque recoin d'une ville qui respire la cohabitation.

 
Mais dans cette belle histoire, il y a de petites histoires personnelles, pas loin du contexte du festival et dont les fils se tramaient dans les coulisses, les ruelles ou ailleurs. Parmi elles se trouve celle de Will Calhoun, qui a vu un v u très cher à lui se réaliser dimanche.
 
Pour  ce batteur talentueux et musicien éclectique, natif du Bronx et habitué du festival d'Essaouira en tant que membre de différents groupes  en 2012 ce fut le groupe d'Oumou Sangaré-, il s'agit de l'histoire d'un rêve qui s'est concrétisé, celui de venir dans le festival pour y présenter son travail personnel.
 
Et cette chance, Calhoun en a bien profité et l'instrumentaliste avide de nouveautés, qui est en lui, ne tarda pas à surgir. Alors il donna, lui et les membres de son groupe, libre cours aux instruments et, tour à tour, batterie, contrebasse et saxophone prenaient la parole et libéraient toute leur énergie, sans parler d'instruments exotiques aux tonalités mystiques et énigmatiques qui se sont invités à la fête, de quoi régaler les mélomanes les plus exigeants.
 
Mais quand le guembri et qraqeb de Maâlem Mustapha Baqbou et sa troupe se mêlent de ce festin musical, c'est la synchronisation totale entre jazz, musique gnaouie, mélodies d'ailleurs, public, couleurs, chorégraphies, danses improvisées, donnant tout son sens au mot "fusion". Et quand le festival arriva à sa fin, l'assistance en veut encore et les artistes accèdent à cette demande pressante et appuyée, prolongeant les festivités de trois ou quatre minutes, le temps de laisser le public rassasier jusqu'au bout sa soif de musique.
 
Et Mustapha Baqbou, né en 1954 à Marrakech, d'ajouter une autre étoile à une longue liste de stars avec qui il a partagé la scène, en l'occurrence Pat Metheny, Louis Bertignac, Eric Legnini ou encore le groupe français de jazz Sixun ou la troupe américaine de danse, Step Afrika.
 
Il se confirme également comme un maâlem  au talent toujours renouvelé, qui a la capacité de faire prospérer l'art Gnaoua, dans sa dimension la plus traditionnelle ainsi que son aptitude à fusionner avec tous les genres musicaux.
 
Ainsi, prit fin une édition riche et variée, où les festivaliers avaient droit presque à tout : de l'ambiance animée des scènes, avec au menu l'art et le métier de musiciens chevronnés de différents univers et la fougue et de l'audace de jeunes talents du Maroc et d'ailleurs, aux débats savants et engagés lors du Forum, qui a réuni sociologues, historiens, politologues, économistes et acteurs économiques et sociopolitiques autour du thème épique de "Société en mouvement, jeunesse du monde", en passant par l'initiative de  cinq artistes-peintres qui ont exposé leurs oeuvres, en faveur de l'association Darna pour les enfants en situation difficile.


MAP - Ali Refouh