Facebook : des centaines de pages fermées sur des soupçons d’infox en Afrique

Mardi 9 Juin 2020

Facebook vient de fermer 446 pages et 96 groupes touchant 4 millions d’internautes. Le réseau social soupçonne la société UReputation, basée à Tunis, de se livrer à de la propagande politique sur le continent africain, mêlant des informations à des contenus biaisés ou faux.

Facebook a fermé 446 pages et 96 groupes administrés par une société tunisienne de marketing digital, arguant du fait qu’ils visaient à peser, au prix d’infox, sur des élections en Afrique francophone. | VALENTIN FLAURAUD / REUTERS

Facebook a fermé 446 pages et 96 groupes administrés sur le réseau social par une société tunisienne de marketing digital appartenant à l’homme d’affaires franco-tunisien Lotfi Bel Hadj, arguant du fait qu’ils visaient à peser, au prix d’infox, sur des élections en Afrique francophone.

Des groupes ont créé une audience de façon trompeuse en abordant des sujets attrayants, comme le tourisme, les liens avec la diaspora et récemment sur la lutte contre le coronavirus, avant de changer de ton et se lancer dans la propagande politique, a déploré Facebook dans un communiqué.

Selon le géant américain des réseaux sociaux, ces pages et groupes, qui touchaient quasiment quatre millions d’internautes au total, ont violé sa charte contre les interférences étrangères.

La société visée, UReputation, n’a pas souhaité commenter pour l’instant.

Des informations mêlées à des contenus biaisés ou faux

Maghreb Info, Guinées Actu, Revue Afrique, L’Observateur togolais ou Le Moronien : d’après une enquête du laboratoire de recherche américain Digital Forensic Research lab (DFRLab) publiée le week-end, UReputation a lancé des pages présentées à tort comme des sites d’information locale.

En réalité, ces pseudo-médias locaux n’avaient pas de rédaction indépendante, et DFRLab a indiqué avoir établi des liens entre ces publications et des collaborateurs de UReputation, rémunérés selon ce laboratoire pour diffuser des informations mêlées à des contenus biaisés ou faux.

D’après la même source, les publications, dont des sondages trompeurs, soutenaient le président comorien Azali Assoumani, l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, en campagne pour les élections d’octobre, le magnat tunisien des médias Nabil Karoui, candidat battu à la présidentielle fin 2019, ou encore le président togolais Faure Gnassingbé, réélu en février.

Une agence de « cyberinfluence » qui compte 75 salariés

Cela semble avoir été motivé par le gain financier, car il n’y a pas de continuité idéologique qui se dégage du contenu, a estimé DFRLab, une émanation du groupe de réflexion américain Atlantic Council.

UReputation, basée à Tunis, se présente comme une agence d'intelligence digitale et cyberinfluence comptant 75 salariés.

Elle est dirigée, selon des sources du secteur, par l’homme d’affaires franco-tunisien Lotfi Bel Hadj, qui est notamment présent en Afrique dans la compensation carbone.

Auteur d’un essai sur l’économie du halal, « La Bible du Halal », il a aussi été très actif dans la défense de l’islamologue suisse Tariq Ramadan lorsque celui-ci a été mis en examen pour viols.

La structure gère également le site d’information francophone destiné aux musulmans basés en Europe, Muslim Post, qui couvre l’actualité généraliste.



Source : https://www.ouest-france.fr/high-tech/facebook/fac...