Etudes : ‘La solitude représente un risque physique sérieux - elle est littéralement, mortelle’

Mardi 15 Mai 2018

New York : Solitude, noirceur. Solitude, fond du puits. Solitude, absence d'espoir. Solitude, fin du monde. Et solitude, douleur physique, maladie cardiaque …. Mort prématurée….


La solitude est un problème de proportions épidémiques. Elle affecte des millions dans tous les horizons de la vie. Ses racines sont complexes et souvent sont recherchées dans les méandres socio-psychiques. Mais depuis récemment, une nouvelle orientation a été donnée aux recherches sur cette grave maladie, après la découverte d’effets physiques pouvant être mortels, de la solitude.

UN FACTEUR PREDICTIF DE DECES PREMATURE

Julianne Holt-Lunstad, professeur de psychologie à la ‘Brigham Young University’ à Provo dans l’Etat US de l’Utah, est l'une des figures de proue de  recherche sur la solitude. Elle a indiqué dans une récente étude, que la solitude, 

‘’représente un risque physique sérieux - elle peut être, littéralement, mortelle. En tant que facteur prédictif de décès prématuré, la solitude est plus nocive pour la santé que l'obésité ou le tabagisme. Elle détruit autant le corps, comme si on fumait jusqu'à 15 cigarettes par jour.’’

Citée par le site spécialisé, ‘Psychology Today’, l’experte américaine s’est alarmée que la solitude est devenue une vraie épidémie qui ravagent des millions de victimes de part le monde. Et au vu des modes de la vie sociale, de plus en plus agressifs, matérialistes et consuméristes à outrance, 

‘’cette épidémie ne fait qu'empirer.’’

DANGEREUSE PARCE QUE INSIDIEUSE !


Selon Jeremy Nobel, médecin et chercheur en santé publique à Harvard, la solitude cause des blessures émotionnelles sérieuses, qui agissent sur les mêmes parties du cerveau, que la douleur physique.

Ce qui en fait un facteur aggravant les risques de santé, c’est que la solitude, ajoute le dr Nobel, est insidieuse, 

‘’elle se cache et contrairement au tabagisme ou à l'obésité, elle n'est généralement pas perçue comme une menace, même si elle nuit beaucoup à notre bien-être.’’

Il a été bien établi que les personnes isolées, sont plus susceptibles que les autres de mourir des maladies cardiovasculaires, du cancer, des maladies respiratoires et des troubles gastro-intestinaux, explique l’expert harvardien.

Selon lui, une étude a révélé que ceux qui avaient moins de trois personnes à qui se confier et sur qui compter pour un soutien social, 

‘’étaient plus de deux fois plus susceptibles de mourir d'une maladie cardiaque.’’

PHENOMENE PERCEPTIF ET SUBJECTIF !

La solitude selon nombreuses recherches internationales, est définie par un état d’isolation profonde, dans lequel, le solitaire se perçoit.

Cela veut dire, que la solitude n’est pas forcement un phénomène quantitatif. Être seul, ce n’est pas toujours, n’avoir personne autour de soit. 

Mais être seul s’est se percevoir seul. Se sentir solitaire et gésir sous un profond sentiment de vide, de dévalorisation, de manque de contrôle et de menace personnelle.

Selon Angie LeRoy, doctorante à l’université de Houston, 

‘’La solitude est un état perceptif qui dépend plus de la qualité des relations d'une personne que de son nombre. Des personnes ayant peu d'amis peuvent se sentir satisfaites. D’autres ayant de vastes réseaux sociaux, peuvent se sentir vides et déconnectées.’’

Angie LeRoy ajoute, 

‘’La solitude est subjective. Elles est un facteur de risque beaucoup plus grand que l'isolation sociale pure … Tout dépend en fait de ce que la personne ressent.’’

CONDITION PSYCHOLOGIQUE DEBILITANTE !


La solitude effondre la santé de différentes manières et à plusieurs niveaux.  En plus d’être un facteur de hauts risques, cardiaques, oncologiques, respiratoires ou gastro-intestinaux, elle détruit le système immunitaire et ravage les capacités cognitives, en favorisant l’apparition précoce de maladies de la démence, comme l’Alzheimer.

Des études montrent que les personnes seules, comme la plupart des personnes stressées, ont un sommeil moins réparateur, une pression artérielle plus élevée et une augmentation des taux d'hormones cortisol et adrénaline, lesquelles contribuent à l'affaiblissement de l'immunité.

S’EN SORTIR ET S’EN PREMUNIR ! 

Les consultants du site américain, Psychology Today, font à ce sujet, quelques recommandations, pouvant correspondre, à des gestes simples de la vie courante.

Selon eux, avant de se laisser sombrer dans la solitude et subir ses méfaits dangereux, comme cités ci-haut, il vaudrait mieux tenter de s’en prémunir en adoptant quelques comportements simples et oh combien bénéfiques :

1- Bavarder avec des inconnus


Conversez avec quelqu'un à côté de vous dans un bus ou dans un magasin. 

Selon Susan Pinker écrivain et psychologue,

‘’Juste bavarder peut nous rendre plus heureux et en meilleure santé. Nous pouvons nous sentir beaucoup mieux après seulement 30 secondes à parler à quelqu'un en personne, de vive voix et en le regardant en face.’’

2- Passer du temps avec son entourage

S’assoir avec des membres de sa famille, avec des amis ou même avec ses colocataires, vaut mieux que d’avoir des contacts virtuels via les réseaux sociaux.

Partager un espace et un peu de temps avec son entourage stimule la production d'endorphines, ces substances chimiques du cerveau qui soulagent la douleur et procurent un sentiment de bien-être. 

C'est l'une des raisons pour lesquelles l'interaction en personne améliore la santé physique, affirment des chercheurs.

3- Être un bon voisin 


Apprendre à connaître ses voisins. Une étude a révélé qu'une plus grande cohésion sociale de quartier, réduit le risque de crise cardiaque. 

Alors, inviter un voisin à prendre un thé est un geste de bonne santé.

4- Manger ensemble


Selon l’auteur Susan Pinker, 

"Manger ensemble est une forme de colle sociale".

C’est comme ça que nos ancêtres préhistoriques construisaient leurs clans protecteurs.

Partager la nourriture est un moyen de résoudre les conflits, de créer une identité de groupe et de se sentir protégé.


5- Partager ses passions

Regarder ensemble un bon match à la télévision, participer à des arts créatifs, à  un chœur ou organiser une soirée d'artisanat.
Jeremy Nobel explique que 

‘’partager ses passions avec d’autre personnes, nous aide à tisser des liens profonds, sans parler directement de nous-mêmes’’. 

6- Parler de sa solitude

Evoquer son problème, en parler avec d’autres personnes, ou de façon plus anonyme, via les réseaux sociaux, peut soulager.

Le simple fait de parler de ses émotions et de ses souffrances, peut faire se sentir moins seul. On est souvent surpris de découvrir combien de personnes sont dans la même situation que soit.

7- Le contact physique 


Serrer une main, se tenir par la main, ou même simplement tapoter quelqu'un dans le dos, est un remède puissant. 

Le contact physique peut réduire notre réponse au stress physiologique. Il  aide à combattre les infections et les inflammations, grâce à la libération dans le cerveau de l’hormone ocytocine, qui contribue à renforcer les liens sociaux.


Ahmed Belasri - LeMag