Enquête. Les religieux sont-ils plus moraux ?

Mercredi 1 Novembre 2017

New York : Selon une enquête américaine réalisée au Maroc, la moralité liée à la religiosité, était d’un aspect très intermittent, dans le temps et selon l’espace.


La piété est-elle synonyme de moralité ? Et l’athéisme est-il la porte ouverte au vice, à l’immoralité et à l’inhumanité ?

Selon l’anthropologue américain Dimitris Xygalatas, professeur à la ‘University of Connecticut’, il n’existe pas de réponses directes ou tranchées à ces questions, tant les religions et leurs systèmes de valeurs et de vertus, différent.

Dans une note d’analyse  qu’il a signée dans le site anglophone, 'The Conversation', l’expert américain a commencé par admettre que par principe, toutes les religions révélées (Islam, christianisme et judaïsme) ou non révélées comme le bouddhisme, prêchent des morales.

Dans certains esprits, dit-il, cette association entre religiosité et moralité est affirmée et même exploitée. C’est le cas par exemple des candidats aux élections américaines qui sont obligés, selon lui, de cacher leurs athéismes si c’est le cas, et de s’afficher dans des lieux de cultes pour se faire passer auprès des électeurs, pour des personnes intègres, droites, morales et dignes de confiance. 

Or, indique l’expert américain, le fait de pratiquer une religion n’est en rien la garantie d’être parfaitement et intégralement moral.

UNE EXPERIENCE INEDITE AU MAROC

Dimitris Xygalatas, cite pour expliquer cela, une expérience scientifique réalisée au Maroc.

En 2015, des chercheurs du ‘Massachusetts Institute of Technology – MIT’ ont voulu mesurer l’impact de la religiosité sur le degré de moralité chez des musulmans marocains.

Pour cela, ils ont mené une étude observationnelle, utilisant comme facteurs référents, l’aumône et la charité comme expression de la moralité. Les résultats ont été des plus inédits.

L’étude a constaté, en effet, que les sujets marocains ne donnaient l’aumône à des mendiants, que devant les mosquées et au moment de l’appel à la prière par le muézin.

Cette charité, ajoute l’étude disparaissait presque des comportements, une fois le moment de la prière et la présence devant les mosquées, passé.

Les chercheurs du MIT expliquent alors que leurs sujets marocains devenaient plus généreux et coopératifs, lorsqu'ils se sont retrouvés dans un lieu de culte.

Ils ont conclu, que dans le cas de ces marocains, et Dimitris Xygalatas en extrapole plus généralement cette conclusion : 

‘’les effets positifs moraux de la religion dépendent de la situation et non de la disposition.’’

Adam Sfali - LeMag