ECFR : La contre-radicalisation, un point faible du Maroc ?

Mardi 20 Février 2018

Londres : ‘’Le fait que les services de sécurité marocains aient contrecarré un grand nombre de complots terroristes indique que de nombreux jeunes marocains restent sensibles aux messages extrémistes.’’


Le Maroc est un Etat fort, avec des services de sécurité très efficaces, qui arrivent à lutter anticipativement contre les complots terroristes. Mais ce décor, très satisfaisant d’un point de vue technique et très rassurant d’un point de vue régional, a un envers inquiétant.

C’est ce que indique, le think tank paneuropéen, ‘The European Council on Foreign Relations – ECFR’.

En effet, dans une note d’analyse, intitulée ‘The Southern Front Line: Eu Counterterrorism Cooperation With Tunisia And Morocco’, consacrée à l’évaluation de la coopération anti-terroriste de l’UE avec le Maroc et la Tunisie, ECFR a écrit :

‘’A l’intérieur comme à l'étranger, le Maroc a fait ses preuves dans le domaine sécuritaire, tant au niveau de l'intelligence humaine que du renseignement électronique. Le Maroc fonctionne comme un Etat de sécurité serrée et efficace.’’

Or, relève le think tank européen, le fait que le royaume annonce régulièrement des démantèlements de ‘centaines’ de cellules terroristes avant leur passage à l’acte, si cela est rassurant d’un point de vue technique et sécuritaire, cela devrait faire poser la question : Pourquoi y en a-t-il autant de jeunes marocains, hommes et femmes qui se radicalisent ?

REFORMER LE DISCOURS RELIGIEUX - EST-CE SUFFISANT ?

Selon ECFR, le gouvernement marocain commet l’erreur 

‘’De souligner les succès tactiques de ses opérations antiterroristes, tout en minimisant les conditions sous-jacentes qui font nécessiter ces opérations.’’

Le think tank londonien indique qu’il ne faille point négliger un état de fait selon lequel, 

‘’Un nombre disproportionné des Marocains qui ont rejoint les groupes extrémistes viennent de villes avec de grands quartiers pauvres, tels que Fès, Casablanca, Salé et Marrakech, ainsi que des zones marginalisées dans le nord du royaume.’’

Résumer la lutte contre la radicalisation, dans un programme de réforme du discours religieux, serait contre-productif, souligne ECFR.

Le gouvernement marocain serait avisé d’élargir le champ de son action de lutte contre la radicalisation, de façon a en faire un vaste programme de réforme politique, à même de favoriser le développement d'approches multidimensionnelles efficaces englobant la lutte contre la précarité sociale, la lutte contre la corruption, le développement des droits civiques et la réforme du système pénitentiaire surpeuplé.

C’est la condition, conclue ECFR, pour que la bataille marocaine contre le terrorisme soit un succès définitif et l’UE a intérêt pour sa propre sécurité à aider le royaume à réussir sur ce chemin.


Larbi Amine - LeMag