Dounia Berrachid, une chercheuse qui lutte pour “gendériser” les finances entrepreneuriales

Samedi 7 Mars 2020

Rabat – Docteur en sciences de gestion, professeure vacataire et à la tête d’un bureau d’étude, Dounia Berrachid a su multiplier ses casquettes pour faire de sa passion un levier, dotant la femme d’une voix dans le domaine des finances entrepreneuriales et sociales.


Après son enfance à Tan-Tan, au sud du Maroc, marquée par un brillant parcours estudiantin qui lui a permis d’accéder au Parlement de l’enfant, Mme Berrachid s’est lancée dans une carrière des sciences sociales, issues de l’économie, optant pour un doctorat en anglais, intitulé  “Human and Social Capital Interplay in the Success of Social Entrepreneurs : Case of Shariah Compliant Crowdfunding Platforms”, qui lui a valu le prix de L’Économiste pour la Recherche en Economie et Gestion 2020, dans la catégorie “Meilleure thèse”.

“Benjamine de la fratrie, j’ai été fortement influencée par les préférences linguistiques de mes frères, séduits par Hollywood”, rétorque-t-elle en réponse à son choix linguistique qui n’a laissé aucun jury indifférent.

Professeure vacataire, cette chercheuse en science de gestion s’est tournée vers l’enseignement supérieur “pour la noblesse du métier”. “Avec un physique jeune comme le mien, je passe par une étudiante, alors que je suis professeure du cycle bachelor”, s’est-elle présentée dans une déclaration à la MAP, sur un air amusé.

Cette passionnée des finances entrepreneuriales a expliqué que sa thèse de doctorat a été une occasion pour découvrir les différentes plateformes du “crowdfunding” et en déduire que la gente féminine n’est pas à armes égales dans le domaine de l’entreprenariat et des finances sociales.

Les plateformes internationales du “crowdfunding” connaissent une forte présence masculine avec un taux de  64,7%, contre 33% pour les femmes, qui elles sont principalement originaires de l’Australie et du Royaume Uni, a fait observer Mme Berrachid.

Pour la chercheuse trentenaire, le “crowdfunding” est un excellent moyen pour démocratiser l’accès des femmes au financement et ainsi sécuriser leur aventure entrepreneuriale, par l’inclusion d’une approche genre.

Le programme d’appui et de financement des entreprises “Intelaka”, lancé suite à la signature devant SM le Roi Mohammed VI des conventions actant son démarrage, est une opportunité pour entamer une réflexion sur l’autonomisation de la femme, s’est-elle félicitée.

“Étant la pierre angulaire de toute société, il est nécessaire de mettre la femme marocaine au centre de tout projet social et entrepreneurial, et surtout de valoriser son savoir-faire qui touche à tous les domaines économiques”, a insisté Mme Berrchid.

Sofia El Aouni - MAP