Crises dans le monde arabe: les positions du Maroc émanent de son souci de resserrer les rangs, loin de tout parti pris (M. Bourita)

Vendredi 25 Janvier 2019

Doha - Les positions du Maroc vis-à-vis des crises qui secouent le monde arabe sont dictées par des principes d'indépendance, de conviction et de souci de resserrer les rangs loin de tout parti pris, a affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita.

M. Bourita, qui était l'invité de l'émission "Bila Houdoud" (Sans frontières), diffusée mercredi soir par la chaine qatarie +Al Jazeera+, a indiqué que l'attitude impartiale du Royaume concernant la crise du Golfe "ne signifie nullement une apathie" vis-à-vis de ce qui passe dans la région, de même que le Maroc ne saurait prendre un parti pris, mais oeuvre plutôt à aider à résoudre cette crise, conscient en cela de sa responsabilité de réconciliation et de rapprochement des différents points de vue, tout en restant à l'écoute de toutes les parties afin de surmonter les différentes dissensions.

La position du Royaume vis-à-vis de cette crise s'appuie sur des bases claires, à savoir "la forte relation personnelle liant SM le Roi Mohammed VI et les différents dirigeants des pays du Golfe", et la relation stratégique forte du Royaume du Maroc avec les pays de la région, en plus de la conviction du Souverain que le monde arabe a besoin d'un golfe arabe intégré, vu que cette région constituait la seule lueur d'espoir dans le monde arabe, a-t-il dit.

Les relations du Maroc avec les pays de la région ne sont pas seulement d'ordre diplomatique ou liées à des conjonctures particulières, mais il s’agit de relations stratégiques basées sur des mécanismes et moyens d'action, ce qui permet au Royaume du Maroc de jouer un rôle clé, positif et constructif dans le rapprochement des différents points de vue, a poursuivi le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.

Par ailleurs, M. Bourita a précisé que la relation entre le Maroc et l'Arabie Saoudite est forte et cimentée par le lien solide entre les deux familles royales et entre SM le Roi et le Serviteur des deux Lieux Saints de l'Islam.

S'agissant de l'attitude du Maroc concernant la crise au Yémen et sa participation à la coalition arabe, M. Bourita a rappelé que le Royaume a pris part à cette coalition, avant que les développements survenus et les aspects humanitaires et politiques ne lui imposent d'évaluer la situation et de "développer et changer, en conséquence, la forme et le contenu de cette participation". 

Parmi les constantes de la position marocaine, a-t-il enchaîné, l'appui à la légalité au Yémen et le soutien du plan du Golfe à ce propos, notant que le Maroc se tient aux côtés des pays du Golfe dans la défense de leur sécurité et souveraineté.

Il a relevé dans ce sens que "les aspects humanitaires suscitent une grande inquiétude et il est affligeant de constater que le Yémen vit la crise humanitaire la plus désastreuse dans le monde, selon l'ONU", formulant le voeu de voir le processus de Stockholm couronné de succès, et que le dossier humanitaire puisse susciter davantage d'intérêt et que l'intégrité territoriale du Yémen soit préservée.

En ce qui concerne la question palestinienne, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a indiqué que la position du Maroc vis-à-vis de ce dossier est constante et présente dans l'action diplomatique de SM le Roi et de la diplomatie marocaine, notant que la défense de la cause palestinienne ne se manifeste pas uniquement à travers les communiqués et les réunions, mais par l'action sur le terrain.

Il a rappelé, à ce propos, l'action quotidienne menée par l'Agence Bayt Mal Al Qods que ce soit dans le domaine de la construction des écoles au profit des Maqdessis, de l'offre d'une vie décente chaque jour pour 2500 familles maqdessies, la prise en charge de 150 orphelins maqdessis, l'organisation de colonies de vacances au Maroc pour cinquante enfants maqdessis, ou la réfection de la Maison du Maroc, sise à quelques mètres de la mosquée d'Al Aqsa, notant que toutes ces réalisations sont le fruit d'une action quotidienne de l'agence, avec un financement marocain exclusif. 

Au sujet de la Syrie, M. Bourita a souligné que le Maroc n'a jamais rompu ses relations diplomatiques avec Damas, et il n'est pas donc dans la logique du rétablissement des relations avec ce pays ou réouverture de l'ambassade, notant qu'il y a eu des changements sur le terrain en Syrie qui doivent être pris en compte. Il a dans ce sens mis l'accent sur la nécessité d'un rôle et d'une coordination arabes avant la prise de toute décision, laquelle décision doit s'inscrire dans la logique de contribution à la résolution de la situation actuelle. 

Evoquant le 4è sommet arabe sur le développement économique et social, tenu dernièrement à Beyrouth, le ministre a salué les efforts déployés par le Liban, pays hôte, et la Ligue arabe pour l'organisation de ce conclave dans de bonnes conditions, relevant toutefois que la question principale est de savoir quelles sont les attentes des arabes de ce sommet et si les aspects économique et social font partie aujourd'hui des priorités du système arabe ou s'ils ne constituent que des questions marginales. 

A cet égard, il a rappelé que SM le Roi Mohammed VI a souligné, lors du sommet économique du Koweït, l'impératif de ces aspects pour l'édification d'un système arabe solide qui s'appuie sur des piliers économiques plaçant l'homme arabe au centre de tout développement, estimant qu'il y a un problème de vision quant aux attentes du système arabe et à la dimension des questions économiques et sociales en tant qu'objectifs.

Abordant les relations entre le Maroc et l'Afrique, M. Bourita a expliqué que ces relations s'inscrivent dans le cadre de la vision du Souverain incitant à "la diversification et au renforcement des partenariats et à l'ouverture sur d'autres espaces", rappelant que l'Afrique a constitué depuis l'intronisation de SM le Roi une priorité pour le Maroc. 

"Le modèle marocain avec l'Afrique est l'aboutissement d'un long processus de développement des relations", a-t-il fait remarquer, notant que ce modèle n'est pas basé sur la sélectivité mais sur l'élargissement des horizons des partenariats. "Le Maroc veut, en même temps, un Maghreb arabe uni, une union africaine, une zone économique arabe et des relations fortes avec l'Union européenne et un partenariat avec la Russie et la Chine", a-t-il dit. S'agissant des relations entre le Maroc et l'Iran, M. Bourita a affirmé que ces relations ont été, depuis de longue date, marquées par "l'instabilité", soulignant que chaque fois que les deux parties conviennent de trouver des arrangements quant aux moyens de renforcer les relations bilatérales et de préserver le respect mutuel, un problème surgit "portant atteinte à ces arrangements et aux intérêts du Maroc".

Après la crise de 2009 où le Maroc a pris position aux côtés du Royaume de Bahreïn, dans le cadre des fondements de ses relations avec les pays du Golfe, les relations avec Téhéran ont repris leur cours avant qu’apparaisse de nouveau, malheureusement, des agissements nuisibles aux intérêts du Maroc et à ces causes sensibles, a-t-il ajouté.

La décision de la rupture des relations avec l'Iran n'était pas prise sous la pression d'une quelconque partie. Il s'agit d'une question bilatérale en rapport avec des agissements qui touchent à la sécurité du Maroc et à sa première cause et s'inscrit dans le cadre de l'indépendance des positions politiques et diplomatiques du Maroc, a relevé M. Bourita. 

Le ministre a saisi cette occasion pour saluer la position officielle positive du Liban, exprimée par le ministre libanais des affaires étrangères lors de sa visite à Marrakech où il a réaffirmé que le Liban soutient l'intégrité territoriale du Maroc et sa souveraineté sur son Sahara. 

MAP