Côte d’Ivoire: La découverte majeure de pétrole et le grand retour de l’ex-président Gbagbo, événements phares de l'an 2021

Samedi 18 Décembre 2021

Abidjan - La Côte d’Ivoire a connu durant l’année 2021, qui tire à sa fin, une série d’événements dont certains s’inscrivent dans la durée et auront certainement un impact sur le développement socio-économique du pays et une influence sur le paysage politique national.


Il s’agit plus particulièrement de la découverte de gisements de pétrole et de gaz qui fait rêver la plupart des jeunes ivoiriens, et le retour de l’ex-président Laurent Gbagbo, acquitté de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, sur la scène politique, en plus de la reprise du dialogue politique entre le gouvernement et les partis politiques.

Le 1er septembre dernier, le ministre des Mines, de l’Energie et du Pétrole, Thomas Camara, avait annoncé dans un communiqué qu’une découverte majeure de pétrole dans le bassin sédimentaire de la Côte d’Ivoire a été faite par la société italienne «Eni» dans le bloc CI-101, en eaux profondes opéré en consortium avec la société nationale Petroci-holding.

Il s’agit d’une découverte importante qui intervient 20 ans après la dernière découverte commerciale d’hydrocarbures dans le bassin sédimentaire ivoirien qui concernait le gisement Baobab, découvert en mars 2001.

Les dernières réserves découvertes concernent du pétrole brut et du gaz naturel associé pour un potentiel estimé de manière préliminaire à environ 1,5 à 2 milliards de barils de pétrole brut d’une part, et d’autre part à environ 1.800 à 2.400 milliards de pieds cube de gaz associé.

«C’est donc une découverte importante qui viendrait ainsi fortement accroître les réserves prouvées de la Côte d’Ivoire ainsi que sa production pétrolière et gazière dans les années à venir», avait souligné Thomas Camara.

Pour l’expert international en énergie, Francis Perrin, l’importante découverte pétrolière réalisée récemment en Côte d’Ivoire est susceptible d’accroître l’attractivité de ce pays auprès de l’industrie pétrolière internationale.

«Elle est qualifiée, à juste titre, d’importante. Le nom du champ découvert est Baleine, ce qui est assez expressif. On ne donnerait évidemment pas un tel nom à un petit gisement», avait relevé le Senior Fellow au think thank Policy Center for the New South (PCNS) dans une analyse intitulée «Découverte de pétrole en Côte d’Ivoire : cinq points clés».

Rappelant que le pays est pour l’instant un petit producteur d’hydrocarbures, il avait avancé qu’avec le développement de Baleine, il pourrait changer d’échelle en matière de production. Selon lui, «cela aurait, bien sûr, un impact fortement haussier sur les futures recettes d’exportation et les recettes budgétaires du pays» qui a récemment modifié son Code pétrolier pour attirer des investisseurs.

Mais l’annonce de la découverte de pétrole a été précédée par une autre annonce en août, mais cette fois-ci dans le domaine politique : la création du nouveau parti de l’ex-président Laurent Gbagbo.

Cette annonce a été officialisée en septembre au terme d’un congrès constitutif. Baptisé Parti des Peuples Africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI) avec une visée panafricaine, cette nouvelle formation concrétise le grand retour de l’ancien président ivoirien sur la scène politique après une longue absence.

De retour au pays depuis juin, après près de 10 ans d'absence, M. Gbagbo avait annoncé en août dernier la création d'un nouveau parti politique, laissant celui qu'il avait fondé en 1982, en l’occurrence le Front populaire ivoirien (FPI), aux mains de son ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan.

Arrêté en avril 2011 puis transféré devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité après les violences liées à la présidentielle de 2010, Laurent Gbagbo avait été définitivement acquitté en mars dernier et est rentré en Côte d'Ivoire le 17 juin dernier.

M. Gbagbo avait été élu, sans surprise, à la tête du PPA-CI par une acclamation des quelque 1.600 congressistes présents au congrès constitutif du nouveau parti de gauche qui se veut «socialiste, progressiste, panafricaniste et souverainiste».

"C'est un évènement majeur qui fera sans aucun doute date dans l'histoire politique de la Côte d'Ivoire", avait souligné Georges Armand Ouégnin, président du comité d'organisation de l'évènement, évoquant "un nouveau départ" pour M. Gbagbo.

Mais dans son discours, qui était attendu par les quelque 1.600 congressistes, l’ancien président ivoirien et premier président de son propre parti a entretenu le flou sur son avenir politique.

Pour M. Gbagbo, 76 ans, il est inadmissible et «outrecuidant» d’être mêlé à un débat sur sa retraite politique avant l’élection présidentielle de 2025. «Je ne laisserai à personne de décider quand je dois partir», avait-il insisté. Il avait justifié avoir créé le nouveau parti pour qu’il soit "un bon instrument de lutte".

Dans son long discours, M. Gbagbo s’est longuement attardé sur ses années d'incarcération à la Haye (2011-2019) et les poursuites pour crime contre l'humanité, mais il n’a pas parlé de la présidentielle de 2025, laissant planer le suspens sur ses intentions.

Des personnalités politiques relevant du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et de l’opposition ivoirienne avaient pris part à la cérémonie d’ouverture du congrès constitutif.

Le RHDP, parti au pouvoir, était représenté à cette occasion par son directeur exécutif, Adama Bictogo. Prenant la parole au nom du président de la République, Alassane Ouattara, M. Bictogo a affirmé que la Côte d'Ivoire est en passe de tirer définitivement un trait sur son passé douloureux marqué par la crise post-électorale de 2010, rappelant dans ce sens la rencontre du 27 juillet dernier entre les présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo au palais présidentiel.

A l’en croire, «ce nouveau parti créé par Laurent Gbagbo viendra renforcer la vitalité démocratique en Côte d’Ivoire. Car au-delà des fortes incompréhensions qu’a vécues ce pays, les hommes ont la clé du renforcement de la cohésion sociale».

Il convient de signaler dans ce sens que le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, a présidé, vendredi à Abidjan, la cérémonie officielle marquant la reprise du dialogue politique entre le gouvernement et les partis politiques de l'opposition.

La reprise du dialogue politique s’inscrit dans le cadre de la réconciliation nationale, a dit M. Achi, notant que la démocratie ivoirienne avance dans la paix, la tolérance et le dialogue.

«Grâce aux initiatives prises par le Président de la République, Alassane Ouattara, depuis la rencontre avec le Président Bédié jusqu’à celle qui s’est déroulée le 27 juillet dernier avec le Président Gbagbo, dans un climat de solennité et de fraternité, la démocratie ivoirienne avance dans la paix, la tolérance et le dialogue», a-t-il affirmé.

Selon le Chef du gouvernement, c’est grâce au renforcement de la paix et de la cohésion sociale mené par le Président Alassane Ouattara que les dernières élections législatives se sont déroulées, de façon ouverte et transparente, avec la participation de tous les partis politiques, pour la première fois depuis deux décennies, renforçant ainsi le processus de cohésion nationale.

Dans le domaine sportif, le fait marquant de l’année est incontestablement l'élimination des Eléphants de la course à la qualification pour le Mondial 2022 au Qatar.

La déception était immense en Côte d'Ivoire après la défaite des Eléphants face au Cameroun (1-0), synonyme d'élimination.

«Je suis très déçu de voir mon pays absent pour la deuxième fois consécutive à un Mondial. Je pleure pour ces jeunes joueurs qui évoluent dans de grands clubs en Europe et qui regarderont Qatar-2022 à la télé», a avancé l'ex-gardien international Alain Gouaméné.

Azedine Lqadey - MAP