Commerce: les dossiers qui fâchent entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni

Mercredi 29 Janvier 2020

Londres - Le Royaume-Uni espère négocier un vaste accord de libre-échange avec les Etats-Unis après le Brexit mais plusieurs dossiers épineux pourraient lui mettre des bâtons dans les roues et contrarier Washington. Tour d'horizon.

Le Premier ministre conservateur Boris Johnson a décidé mardi d'autoriser une participation limitée du géant chinois des équipements télécoms à la 5G au Royaume-Uni.

Huawei ne sera pas impliqué dans le coeur du réseau mais dans des infrastructures moins sensibles, avec une part de marché limitée à 35%.

Londres a tranché malgré les fortes pressions des autorités américaines exercées sur l'Europe et notamment le Royaume-Uni.

Washington invoque les liens de l'entreprise avec le gouvernement chinois et les risques d'espionnage, ce que Huawei a toujours démenti.

Les opérateurs télécoms britanniques poussaient le gouvernement à travailler avec le groupe chinois, arguant que le cas contraire retarderait le développement de la 5G et la rendrait plus coûteuse.

C'est un des dossiers potentiellement les plus explosifs, puisque les Etats-Unis ont menacé de représailles commerciales, notamment de droits de douane sur l'automobile, tout pays qui adopterait une taxe sur le numérique de nature à pénaliser les géants du secteur, dits GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple).

Malgré les avertissements américains, le ministre des Finances Sajid Javid a assuré lors du forum de Davos la semaine dernière que le pays mettrait en place comme prévu sa taxe à partir du mois d'avril.

"C'est une taxe proportionnée et délibérément conçue comme une taxe temporaire. Elle disparaîtra une fois qu'il y aura une solution internationale", a assuré M. Javid.

Le sujet devrait rapidement revenir sur la table des discussions sur un accord de libre-échange avec Donald Trump qui a fait du commerce l'un des principaux leviers de sa politique internationale et martèle qu'une telle taxe est "discriminatoire".

Pour conclure un accord avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni pourrait devoir accepter d'importer des produits aux normes alimentaires bien moins protectrices de la santé et de l'environnement que celles de l'Union européenne.

Le gouvernement en a toutefois fait l'une de ses lignes rouges et a prévenu que "le poulet au chlore" ou "le boeuf aux hormones" ne seraient pas compris dans un accord avec Washington.

La ministre de l'Environnement Theresa Villiers a assuré début janvier que les barrières à l'importation pour ces produits restaient en place: "nous défendrons nos intérêts nationaux et nos valeurs, dont les normes strictes sur le bien-être animal", a-t-elle promis, alors qu'elle était sous pression des agriculteurs britanniques.

Quand bien même le pays souhaiterait importer ces produits américains, il lui serait impossible de les expédier par la suite dans l'UE.

Pendant la campagne électorale des législatives de décembre, le principal parti d'opposition, le Labour, avait accusé Boris Johnson de négocier en secret avec les Etats-Unis pour ouvrir le National Health Service (système national de Santé publique, NHS) à des puissantes sociétés pharmaceutiques américaines dans le cadre d'un accord commercial post-Brexit.

Cette potentielle privatisation d'une partie du NHS avait été démentie par les conservateurs, dénonçant une "absurdité alimentée par les théories du complot".

Reste à voir si le NHS reviendra sur la table des négociations mais les Etats-Unis eux-mêmes ont semblé calmer le jeu, en particulier le président américain Donald Trump lors d'une visite au Royaume-Uni fin 2019.

"Même si vous nous l'amenez sur un plateau d'argent, nous ne voulons rien avoir à faire avec ça", avait-t-il déclaré.

AFP