CHRONIQUE AUX TEMPS DU CHOLERA.

Lundi 27 Août 2018

 

« Si la religion n’altère pas la condition de l’être humain de son vivant, elle ne le fera certainement pas après sa mort. » 
Ali Shariati (Intellectuel Iranien, 1933 -1977)

Notre société vit dans la contradiction la plus totale entre les supposés préceptes de la Religion, dont chacun prétend défendre et pratiquer, et les attitudes sociales au quotidien de nos citoyens.

Qui peut nier les comportements inciviques de nos compatriotes dans tous les domaines et à longueur d’année. Pour rappel, il faut juste noter la dégradation avérée et croissante de nos villes et villages à chaque fête du sacrifice.

Villes et villages qui se transforment en abattoir à ciel ouvert où les mesures d’hygiènes les plus élémentaires ne sont pas respectées.

Ce phénomène déplorable, n’est qu’un élément d’une islamisation rampante au sein de notre société observée à tous les niveaux.

Médusés, nous contemplons aussi que cette même islamisation de l’individu et de la société dans sa forme rituelle ne modifie en rien les postures sociales dénudées de civilité de nos citoyens que ce soit en privé ou en public.

Comment peut-on expliquer un tel écart entre la pratique des préceptes religieux et les conduites presque antisociales observées ?

Cette question nous hante au quotidien. Elle est le sujet le plus discuté et commenté à longueur d’année et au-grès des saisons. Elle est présente dans tous les événements familiaux et nationaux.

Elle est l’une des questions des plus centrales autour de laquelle notre vie et société évoluent.

Le socle social de notre société est d’essence religieuse, plus précisément dérivant de l’interprétation que nous faisons de l’Islam. De ce fait, le comportement social dans la sphère du privé aussi bien qu’en public est régenté dans une large mesure par le fait religieux, et ceci de façon consciente ou inconsciente.

Mais ce sont ces rapports moraux et éthiques qui construisent et définissent une société harmonieuse où les citoyens évoluent dans la paix et la quiétude.

Pour illustrer cela, il faut observer que dans notre société quand on veut qualifier quelqu’un de bien, on dit d’elle ou de lui, qu’il est issu ou qu’elle est issue d’une bonne famille, encore moins qu’il est bon musulman ou qu’elle est bonne musulmane, mais jamais de bon citoyen ou bonne citoyenne.

C’est comme les trois sphères qui sont la famille, la religion et la société dans lesquelles nous évoluons, n’ont rien de commun et n’influent que d’une façon partielle sur notre comportement.

Si les mosquées sont remplies et débordent parfois sur les rues et ruelles de nos villes et de nos villages, il n’est pas pernicieux de dire que cela ne contribue en rien à la civilité, à la moralité et à la quiétude de notre société.

C’est un constat terrible, mais il faut le faire avec humilité et courage. C’est notre responsabilité.

Ceci n’est nullement une attaque contre l’Islam, mais une tentative de comprendre en pratique l’interprétation que nous avons fait de l’Islam.

Une interprétation qu’il faut décortiquer et revoir sans pour autant offusquer les uns et les autres. Il y va de notre devenir et celui des générations futures.

Il est tout à fait clair que cette tâche qui nous y dévolue aujourd’hui est immense. Et son immensité réside dans le fait que le débat que nous souhaitons est plus passionnel que passionnant.

L’islam, est religion, culture, tradition et civilisation, tout à la fois. L’amputer de l’une de ces composantes, c’est projeter une image dénaturée de lui. C’est ce que nous vivons et voyons aujourd’hui.

Mais surtout en final, pour pronostiquer qu’une religion qui se coupe de l’Éthique Universelle, c’est à dire d’être d’abord au service du vivre ensemble et de tout ce qui s’y attache ; pour se fixer au seul rituel ou au droit ; devient irrationnelle et inhumaine.

Khaled Boulaziz



Source : http://lequotidienalgerie.org/2018/08/27/chronique...

Rédaction LQA