Année 2017: Le Panama entre la crise économique, la corruption généralisée et la qualification au Mondial

Samedi 16 Décembre 2017

Panama - L'année 2017 au Panama a été rythmée par de nombreuses accusations de corruption, phénomène qui a atteint un niveau inégalé malgré les mesures prises par le gouvernement pour l'endiguer, provoquant une grogne des Panaméens qui revendiquent un jeu politique transparent et une économie saine et prospère.


Accusé par ses détracteurs politiques, l'ancien président Ricardo Martinelli, qui a fui le pays juste avant l'ouverture d'une enquête judiciaire, a été arrêté mi-juin aux Etats-Unis en attendant son extradition pour corruption et espionnage politique à grande échelle dans son pays.

L'ancien président panaméen est accusé, entre autres, de surfacturation présumée d'un contrat public de 45 millions de dollars d’achat de denrées déshydratées, destinées aux écoles, de fraude et d’évasion fiscale. La corruption imputable à son gouvernement pourrait avoir coûté environ 100 millions de dollars au pays, avait estimé l'actuel chef de l'Etat, Juan Carlos Varela.

M. Martinelli, qui réfute ces accusations, accuse ses détracteurs de mener un "procès politique" à son encontre, inspiré par le président Varela.

De même, le pays n'a pas été épargné du scandale des pots-de-vin versés par le géant brésilien du BTP "Odebrecht" pour remporter des contrats dans plusieurs pays d'Amérique latine, dont le Panama où une dizaine de chefs d'entreprises sont dans le collimateur de la justice panaméenne qui a demandé des informations à son homologue brésilienne pour enquêter localement sur cette affaire, qui aurait impliqué 63 personnes, pour au moins 60 millions de dollars au total.

Toutefois, la gestion du gouvernement panaméen de cette affaire a été largement critiquée, notamment après la conclusion d'un accord d’amnistie d'un accusé dans l'affaire en contrepartie du versement d’une caution à l'Etat.

Ces faits ont trouvé écho dans le dernier rapport de Transparency International sur la corruption dans la région de l'Amérique Latine, qui fait valoir que 57 pc des Panaméens estiment que les mesures prises par leur gouvernement ne sont pas efficaces pour lutter contre la corruption, alors que 38 pc ont reconnu avoir versé des pots-de-vin pour bénéficier de services publics.

Les critiques concernent aussi le volet économique, où en dépit des efforts du gouvernement pour maintenir une croissance économique stable, les observateurs pointent du doigt les limites du modèle de développement qui n'a pas un impact direct sur le citoyen et son pouvoir d'achat, outre le décalage entre le taux de croissance du PIB et celui du PIB/habitant.

Mais pour ne pas sombrer dans le pessimisme, l’année 2017 a apporté son lot de joie aux Panaméens qui ont vu leur sélection nationale de football se qualifier pour la première fois de son histoire pour la Coupe du monde qui se déroulera l'été prochain en Russie.

Le Onze national panaméen a fait chavirer de bonheur ses supporters et tout un peuple, à l'image d'un président qui a descendu sur la pelouse du stade de la capitale pour féliciter l’équipe, après sa victoire contre le Costa Rica.

Ainsi, dès le coup de sifflet final, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour célébrer ce moment historique et vivre une soirée inoubliable qui restera dans les annales puisque le président du pays, Juan Carlos Varela, a même décrété un jour férié pour que les Panaméens puissent prolonger les festivités et célébrer comme il se doit la performance de leurs joueurs.


MAP - Abdelmoughite SABYH