Algérie: prison pour un homme ayant appelé à "rayer de la carte" la Kabylie

Mardi 14 Septembre 2021

​Alger - La justice algérienne a condamné lundi pour incitation à la haine l'auteur d'une vidéo virale appelant à "rayer de la carte" la Kabylie, une région frondeuse à l'est d'Alger, a indiqué la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADH), à l'origine de la plainte contre lui.


Le tribunal d'Annaba (nord-est) a condamné cet homme, connu sous le pseudonyme Rayfa sur les réseaux sociaux, à huit mois de prison ferme et 100.000 dinars d'amende (622 euros), a précisé la LADH dans un communiqué.

Lors de son procès, le parquet avait requis fin août cinq ans de prison ferme à son encontre.

Dans la vidéo incriminée, largement relayée sur les réseaux sociaux, Rayfa a appelé à "rayer la Kabylie de la carte", après le lynchage à mort le 11 août d'un homme, Djamel Bensmail, accusé à tort de pyromanie dans cette région, alors ravagée par les feux de forêt, selon le communiqué.

Plus de 80 suspects ont été écroués pour le lynchage de Bensmail originaire d'une autre région et âgé de 38 ans.

Il s'était porté volontaire dans le village de Larbaa Nath Irathen, près de Tizi Ouzou, pour aider à éteindre les incendies qui ont fait au moins 60 morts en moins d'une semaine.

Après avoir entendu qu'on le soupçonnait d'avoir mis le feu à la forêt, il s'était rendu à la police.

Des images relayées par les réseaux sociaux avaient montré la foule entourant le fourgon de police et extirpant l'homme du véhicule après l'avoir frappé.

Bensmaïl avait ensuite été battu puis immolé tandis que des jeunes prenaient des selfies devant le cadavre.

Les propos de l'auteur de la vidéo "sont d'une telle gravité que la LADH a dû intervenir pour déposer plainte auprès du procureur" du tribunal d'Annaba, a précisé le communiqué.

"Les réseau sociaux se sont transformés depuis quelques temps en une véritable tribune pour le régionalistes, les racistes et les portes-voix de la fitna (discorde)", a déploré la LADH.

L'Algérie a approuvé en 2020 une loi criminalisant la discrimination et les discours de haine qui ont proliféré ces deux dernières années notamment sur les réseaux sociaux.

AFP