Afrique du Sud: Détresse de l'écosystème marin à Durban, «dommage collatéral» des émeutes de juillet

Samedi 11 Septembre 2021

​Johannesburg - La dévastation causée par les émeutes qui ont ravagé, en juillet dernier, plusieurs régions en Afrique du Sud a été d’une ampleur inouïe. Outre les dégâts économiques et humains, les violences n’ont pas épargné l'environnement.


Dans le sillage des pillages généralisés, les émeutiers ont incendié un entrepôt appartenant à une entreprise basée dans la province du Kwazulu-Natal, causant le déversement de grandes quantités de produits chimiques brûlés sur les côtes est du pays.

Les images des équipes de nettoyage des déchets dangereux récupérant des poissons et des oiseaux morts sur les plages de la ville de Durban (625 km de Pretoria) ont fait le tour des réseaux sociaux, montrant une infime partie des dégâts causés à la vie marine.

Au regard de l’ampleur des dégâts, les environnementalistes ont vite tiré la sonnette d’alarme en considérant que la situation est grave dans cette région où l’écosystème marin a été sérieusement mis en péril. Ils déplorent que la détresse de l’environnement n’est, une fois de plus, qu’un «dommage collatéral» causé par l’Homme.

En effet, les dommages qui ont affecté une large zone des côtes de la ville de Durban, connue par ses plages touristiques et sa diversité biologique, sont difficiles à évaluer pour le moment.

Par ailleurs, la restauration de l’écosystème détruit par le déversement des produits chimiques nécessite également un travail de longue haleine. Selon les ONG de défense de l’environnement, il faut attendre plusieurs années pour que la région commence à se rétablir.

«Cinq ans est une estimation moyenne pour le rétablissement de cette zone au vu de l’ampleur de la catastrophe», a déploré la volontaire de Greenpeace Afrique, Desiree Laverne. Elle a mis en garde que l'écosystème marin affecté «ne se rétablira probablement pas complètement de mon vivant».

L’environnementaliste a également mis l’accent sur la nécessité de «prendre en considération le fait que les canaux de pluies contiendraient toujours des résidus chimiques dangereux et, avec l'arrivée prochaine des pluies printanières, ils risquent de se répandre dans la rivière, l'estuaire et l'océan».

Rico Euripidou, membre de l’association environnementale GroundWork, a pour sa part signalé que le scénario le plus dangereux consiste dans le fait à ce que pendant l'incendie, le mélange de produits chimiques brûlés a créé des "polluants organiques persistants".

“Ces produits chimiques peuvent rester dans l'environnement pendant des décennies. Ils s’accumulent dans la chaîne alimentaire et peuvent avoir des effets durables sur l'environnement et la santé humaine”, a-t-il averti.

Dans ce contexte, les autorités locales ont décidé de fermer au public les plages de la ville de Durban. Elles ont également avisé le public «de s'abstenir de toute activité récréative, y compris la pêche, le surf, la collecte d'appâts et le ramassage des espèces mortes» dans la région affectée.

«Les niveaux de pollution dans la zone sont considérés comme graves et peuvent affecter la santé humaine si ces espèces sont collectées et consommées. Le contact avec le lagon et l'eau de mer doit également être évité», ont-elles averti.

Selon le chef du département provincial des affaires environnementales, Ravi Pillay, le constat est sans appel: «c'est une catastrophe écologique». «Nous ne pouvons pas inverser la situation. Tous ce que nous pouvons faire, c’est d’essayer d'en atténuer l'impact et de raccourcir la période de récupération».

L’incident du déversement des produits chimiques sur les côtes de Durban constitue ainsi un autre coup dur porté à l’environnement dans ce pays d’Afrique australe.

Considérée comme l’un des pays les plus industrialisés du continent, l’Afrique du Sud est confrontée déjà à des taux très élevés de pollution atmosphérique à cause de ses installations inadaptées aux normes environnementales.

La situation exige ainsi une action urgente, non seulement pour que les entreprises atténuent leurs émissions nocives, mais aussi pour qu’elles adoptent des mesures visant à faire face aux cas d’urgences et ce, à même d’éviter que l’incident de Durban ne se reproduise une fois encore.

MAP - Ilias Khalafi