Afrique de l’Ouest, l’Amérique et la stratégie de ‘l’empreinte légère’

Mardi 7 Novembre 2017

New York : L’Afrique de l’Ouest est minée de faiblesses systémiques, que nombreux groupes terroristes algériens, libyens ou sahéliens, exploitent, pour y proliférer et y faire fructifier des business aussi juteux qu’illégaux.


L'Afrique subsaharienne en général et l’Afrique de l’Ouest en particulier, ont toujours était d’une faible importance stratégique pour les différentes administrations américaines. Mais la situation, depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, serait en train de, minimalement, changer.

Selon une note d’analyse produite par la société américaine qui œuvre dans le domaine du renseignement, Stratfor, l’Amérique commence à s’intéresser à la situation sécuritaire et aux risques terroristes en Afrique de l’Ouest, mais entend y implanter ses structures d’actions, selon un schéma dit ‘innovant’ et surtout expérimental, en vue de le généraliser à d’autres situations, dans d’autres régions du globe.

Ce schéma est appelé la stratégie de ‘l’empreinte légère’. Cette stratégie, explique Stratfor, consiste à intervenir militairement et sécuritairement, via des forces ‘proxy’ locales. 

LA LEÇON DU SIEGE D’AFRICOM

Le commandement militaire américain en Afrique – Africom, qui a fêté le mois d’octobre dernier, les 10 ans de sa création, avait en effet peiné à trouver un pays africain pour accueillir son siège et ses installations militaires.


Les pays africains dont le Maroc, auxquels avaient été faites des propositions, avaient, à l’unisson, refusé cette présence militaire US sur leurs sols, de crainte qu’elle ne soit perçue par leurs peuples, comme l’expression d’un néocolonialisme accepté.

Ce fait, qui a poussé les américains à se rabattre sur la lointaine Allemagne pour y faire siéger son Africom, vient s’ajouter aux douloureuses leçons tirées des interventions massives en Irak et en Afghanistan.

Tout cela a poussé les américains a pensé autrement leur interventionnisme militaire en Afrique de l’Ouest, en optant pour cette stratégie de ‘l’empreinte légère’.

QU’EST-CE QUE C’EST ?

Selon Stratfor, la stratégie de l’empreinte légère serait un plan militaire selon lequel, l’effort de combat sur le terrain ouest africain, et notamment au Sahel, qui est la zone de transition écologique entre le sahara et la savane africaine, sera porté par des forces militaires locales.

Celles-ci sevraient être soutenues activement par des les forces de pays de la périphérie ouest-africaine, et par des puissances géopolitiquement attenantes, principalement la France.

Dans ce plan, les américains s’arrogeraient les rôles les plus, à la fois, faciles, sécurisés et valorisés, à savoir le renseignement, la formation, la logistique et les soutiens financiers et politiques.

Les pays locaux devraient ainsi, indique Stratfor, se battre pour le compte de l’Amérique, sur leurs sols et dans leurs voisinages, contre des groupes terroristes sorties des fabriques algériennes, libyennes et sahéliennes, mais aussi, pour y asseoir une toute puissance américaine, face à la concurrence chinoise, qui est elle aussi, concernée par l’Afrique de l’Ouest, qu’elle veut connecter à sa fameuse route de la soie, via une liaison terrestre trans-équatoriale.


Larbi Amine - LeMag