2017, une année du Brexit, des attentats, de la tragédie de Grenfell…

Jeudi 14 Décembre 2017

Londres - Les Britanniques ont été secoués en 2017 par des événements politiques et économiques majeurs, ainsi que par des drames et une série d’attaques terroristes.


Concernant le Brexit, plusieurs mois après l'enclenchement du processus de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, Londres et Bruxelles ont enfin trouvé un accord de principe sur les trois dossiers prioritaires de leur séparation : la facture du divorce, l’avenir de la frontière entre l’Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, et les droits des expatriés après le Brexit.

La Première ministre britannique Theresa May et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sont en effet parvenus vendredi à un accord de principe pour clore la première phase de négociations entamées en juin, un an après le référendum historique par lequel les Britanniques ont décidé de quitter le bloc communautaire et mettre fin à plus de 40 ans d'une relation mouvementée.

Selon la Commission européenne, des "progrès suffisants" ont été réalisés sur les trois dossiers prioritaires, ce qui permet d'ouvrir la deuxième phase des négociations consacrée à la "future relation" entre l'UE à 27 et Londres, notamment commerciale.

Les négociateurs affirment que les citoyens de l'UE vivant au Royaume-Uni et les Britanniques installés dans l'UE à 27 conserveront les mêmes droits une fois que Londres aura quitté l’Union, une garantie attendue par les quelque 3 millions de personnes concernées. Réciproquement, les droits d'environ un million de Britanniques résidant dans le reste de l'UE seront aussi préservés.

Quant au montant de la facture du Brexit que devra régler Londres à Bruxelles, il est estimé entre 40 et 45 milliards d'euros, selon un porte-parole de Downing Street.

L'accord de la première phase des pourparlers prévoit que le Royaume-Uni continue à participer au budget annuel de l'UE en 2019 et 2020, "comme s'il était resté dans l'Union".

Le patronat britannique s’est félicité de l'accord de principe conclu entre Bruxelles et Londres sur les conditions du Brexit et se tourne désormais vers des discussions commerciales qui s'annoncent difficiles.

Les milieux d'affaires pressaient le gouvernement de Theresa May de conclure vite cette première phase des négociations, afin d'entrer dans le vif du sujet du commerce et de la période de transition espérée après le Brexit prévu en mars 2019.

Les employeurs britanniques veulent en finir avec une incertitude dommageable pour les affaires et qui pèse sur la croissance du pays. "La percée de Bruxelles montre qu'il y a une volonté, une voie de passage", s'est réjoui Josh Hardie du CBI, la principale organisation patronale britannique.

D'après M. Hardie, cette avancée conquise après des mois de négociations incite à un certain optimisme pour la suite des tractations euro-britanniques.

Selon les analystes, les incertitudes liées au Brexit pèsent lourdement sur l’économie britannique, actuellement pénalisée par la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs à cause d'une inflation accélérée par la dépréciation de la livre.

Cette situation a poussé le gouvernement britannique à revoir à la baisse ses prévisions de croissance à 1,5 pc en 2017 (contre 2 pc) et 1,4 pc en 2018 (contre 1,6 pc). La croissance devrait encore ralentir à 1,3 pc en 2019 et 2020 avant de se reprendre un peu à 1,5 pc en 2021.

Sur le plan politique, le Brexit continue de diviser les membres du gouvernement conservateur entre les partisans d’un Brexit dur et ceux qui plaident pour une sortie en douceur, alors que la Première ministre britannique, déjà fragilisée depuis son échec au scrutin du 8 juin, est encore affaiblie par l’impasse des négociations avec l’UE et les démissions dans son cabinet sur fond de scandales.

En novembre, Mme May a perdu deux membres de son gouvernement en une semaine. Il s’agit de la secrétaire d’État britannique au développement international Priti Patel qui a dû démissionner après avoir reconnu avoir rencontré des personnalités politiques israéliennes sans en informer son gouvernement.

Cette démission tombe très mal pour Theresa May qui a encaissé quelques jours auparavant le départ de son ministre de la défense Michael Fallon. Ce dernier a été emporté par un scandale de harcèlement sexuel qui ébranle la classe politique et menace de faire tomber d’autres membres du gouvernement.

Sur le plan sécuritaire, les Britanniques ont été frappés au cours de l'année qui s'achève par plusieurs attentats meurtriers ayant poussé la reine Elizabeth II à appeler ses sujets dans un message adressé à la Nation à puiser dans leurs ressources pour répondre à une "succession de terribles tragédies".

La série d'attentats démarre le 22 mars quand un homme fonce dans la foule avec son véhicule sur le pont qui enjambe la Tamise avant de poignarder mortellement un policier devant le Parlement britannique. L'attaque fait cinq morts.

Son auteur, Khalid Masood, un Britannique converti à l'islam, est abattu par la police. C'est le premier de trois attentats revendiqués par le groupe terroriste ''Etat Islamique''.

Le 18 avril, la Première ministre Theresa May a cru bon de convoquer des élections anticipées pour élargir sa majorité absolue en prévision du Brexit, mais sa campagne va prendre une tournure bien différente, marquée par deux attentats terroristes.

Le 22 mai, un jeune Britannique d'origine libyenne se fait exploser à la sortie d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande à Manchester (nord-ouest), faisant 22 morts et une centaine de blessés.

Le 3 juin, à cinq jours des législatives, une camionnette fonce sur la foule sur le London Bridge, puis ses trois occupants en sortent armés de couteaux et poignardent des passants dans le quartier de Borough Market, avant d'être abattus par la police. Cette attaque a fait huit morts et une cinquantaine de blessés.

Les coupes budgétaires ayant affecté les services sociaux et mené à la réduction des effectifs de police ainsi que la lutte contre le terrorisme ont dominé la campagne des législatives du 08 juin.

Du coup, les Tories ont perdu leur majorité absolue lors de ce scrutin, ce qui constitue un revers pour la Première ministre qui voulait avoir les mains libres pour négocier le Brexit et faire taire la voix de ses détracteurs y compris dans son propre camp.

Quelques jours après cette série noire d’attentats, le drame de l'incendie de la tour de Grenfell, situé dans le quartier londonien huppé de Kensington, avait eu lieu. Cette tragédie, qui a endeuillé le pays, a fait 71 morts selon un dernier bilan.

Les familles en colère accusent les autorités locales d'avoir négligé leurs mises en garde sur la sécurité du bâtiment parce qu'ils étaient, soutenaient-elles, d'un milieu modeste.

Comme si cela ne devait jamais s'arrêter, le 19 juin, reprenant le modus operandi des deux attentats précédents à Londres, un homme de 47 ans fonce à bord d'une camionnette dans la foule des fidèles qui sortent d'une prière nocturne du ramadan, près de la mosquée de Finsbury Park, faisant 11 blessés.

Le 15 septembre, un engin artisanal mal réglé avait explosé dans le métro à la station de Parsons Green, faisant 30 blessés, une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique.


MAP - Fouzi Azzam