Un think-tank sud-africain s’interroge au sujet de la fiabilité de la soi-disant conférence de «solidarité» avec la fantomatique rasd, organisée à Pretoria

Samedi 30 Mars 2019

Johannesburg - Le prestigieux institut des études sécuritaires (ISS, basé à Pretoria) s’est interrogé, vendredi, au sujet de fiabilité de la soi-disant conférence de «solidarité» avec la fantomatique rasd, tenue lundi et mardi derniers à Pretoria, se demandant si ce conclave n’était qu’un simple «exercice de rhétorique» ressassant un discours dépassé datant d’une période révolue.

Un ancien diplomate sud-africain, cité par l’institut, reconnaît d’emblée que la conférence, co-organisée par l’Afrique du Sud et la Namibie dans le cadre de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), «a polarisé et compliqué davantage» la mission de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’Onu pour le Sahara, Horst Köhler, qui tente de trouver une solution sur la base de paramètres clairs définis par le Conseil de sécurité.

«La nostalgie des mouvements de libération d’Afrique australe pour leur passé de lutte contre les puissances de colonisation européennes était palpable lors de la conférence de Pretoria», souligne l’ISS.

Rappelant la présence d’anciens mouvements de libération lors de cette conférence, le think-tank note que le soutien exprimé par la SADC aux séparatistes du polisario «était un peu tiède». 

Sur les 16 Etats membres de la SADC, deux étaient absents, à savoir les Comores et Madagascar, ajoute le centre de recherche, relevant que Madagascar a opté pour dépêcher son ministre des Affaires étrangères à la conférence organisée lundi dernier Marrakech, sous le thème: conférence ministérielle africaine sur l’appui de l’UA au processus politique de l’ONU sur le différend régional au sujet du Sahara marocain.

Cette dernière rencontre avait clairement pour objectif de mettre en relief le soutien accru du continent africain à la position légitime du Maroc, à savoir que la question du Sahara devrait être laissée à l’ONU au moment où la conférence de Pretoria s’est immiscée dans la question en tentant d’établir un processus parallèle, note l’ISS, soulignant que la défection de Madagascar a poussé un responsable sud-africain à menacer d’interrompre l’aide accordée par son pays à Antananarivo. 

En effet, suite à l’échec de son simulacre de conférence, le ministère sud-africain des relations extérieures et de la coopération a incité Xolisa Makaya, son directeur-général pour l’Afrique, à menacer directement Madagascar, en faisant savoir que Pretoria «compte demander à Madagascar de rembourser une aide d’une valeur de 30 millions de rands accordée par l’Afrique du Sud à ce pays pour l’organisation des élections de 2018».

La sortie de ce responsable confirme, de l’avis des analystes, cette «image hégémonique» de l’Afrique du Sud dans son voisinage et régional et continental.

L’ISS rappelle, d’autre part, la faible participation lors de la conférence de Pretoria, à laquelle l’Afrique du Sud a associé des pays venus d’autres continents dont Cuba, Venezuela et Nicaragua.

Malheureusement pour la SADC, la conférence de Marrakech a été marquée par un plus fort taux de participation, soit 37 pays africains, observe le think-tank, soulignant que cette forte participation des pays africains n’était pas surprenante. 

Et d’ajouter que sept membres de la SADC: Angola, Madagascar, Zambie, Malawi, République démocratique du Congo, Tanzanie et eSwatini figuraient parmi les participants lors de la conférence de Marrakech. 

Cité par l’ISS, le ministre des Travaux publics de eSwatini, Christian Ntshangase, a affirmé que la conférence de Marrakech était plus utile que celle de Pretoria. 

«Nous pensons que c’est la conférence qui aiderait l’ONU à trouver une solution durable et pacifique» au conflit régional crée autour de l’intégrité territoriale du Maroc, a-t-il déclaré.

L’ISS s’interroge, dans ce contexte, si l’action du groupement d’Afrique australe allait être efficace eu égard au fort soutien dont jouit le Maroc, un soutien qui s’est renforcé depuis le retour du Royaume au sein de l’UA.

MAP