Un écrivain chinois en exil confondu avec un espion corrompu, “kafkaïen”

Vendredi 28 Décembre 2018

Surprise, à l’approche de la nouvelle année, pour les enfants de l’écrivain chinois Ma Jian. Vivant en exil depuis quelque temps déjà, il a eu la surprise de découvrir sa photo dans les médias chinois. En cause ? Une confusion regrettable entre un maître-espion corrompu et lui, pour une bête histoire d’homonymie...

Spy
Ben Fruen, CC BY 2.0


Il fallait de l’humour et beaucoup d’autodérision pour rire de ce qui vient de se passer : « Non content de partager mon nom, ce chef-espion corrompu, Ma Jian, était le vice-ministre responsable de l’agence qui a décidé de me bannir de Chine – et désormais, il me vole également ma tête », lance-t-il sur Twitter.
 

C'est un peu kafkaïen... un peu ?


L’affaire a pour le coup quelque chose de cocasse : le chef adjoint de la sécurité d’État vient en effet d’être incarcéré pour corruption et délit d’initié. Mais le nom des deux hommes utilise les mêmes caractères en chinois, provoquant la confusion. 

This is a strange China Dream. Am I a banned novelist dreaming that I'm a corrupt spy chief, or am I a corrupt spy chief dreaming that I'm a banned novelist? https://t.co/tejZOuNOsJ

— 马建 Ma Jian (@majian53) December 27, 2018


« Mes enfants sont perplexes d’apprendre que je ne suis pas l’auteur de China Dream, qui leur préparait des boulettes d’algues pour le dîner, mais que je suis un ancien super espion, condamné à la prison à perpétuité pour avoir accepté des pots-de-vin extrêmement importants », poursuit-il sur le réseau. 

Et pour cause, on estime que le condamné aurait perçu quelque chose comme 14 millions € de sommes indélicates. L’arrestation est survenue suite à la vaste campagne déclenchée par le président chinois Xi Jinping – et plus d’un million de responsables du régime ont été interpellés.
 
Ma Jian – le corrompu, pas l’écrivain – a bénéficié de la clémence du jury, parce qu’il a promis une totale coopération et la restitution des gains illégaux. Ma Jian – l’écrivain, pas le corrompu – se tord encore de rire : « C’est un peu kafkaïen », note-t-il sur Twitter.

Ces derniers temps, Ma Jian a rencontré de réelles difficultés pour tenir les conférences qu’il devait mener lors d’un festival du livre à Hong Kong. Le centre artistique chargé de l’accueillir a annulé sa visite au dernier moment, avant de changer de nouveau d’avis. 

Sa dernière visite en Chine remonte à 2012 : le gouvernement lui a concédé une autorisation spéciale, pour assister aux funérailles de sa mère.

Source : https://www.actualitte.com/article/monde-edition/u...

ng@actualitte.com (trimNicolas Gary))