Un bureau sans papier est possible si l'on change nos pratiques

Mardi 24 Octobre 2017

Rabat - Aujourd’hui, la révolution informatique n'a toujours pas délivré le bureau sans papier qu’elle nous avait promis, pour ne pas dire que c’est le contraire qui s’est produit, puisque la diffusion et la démocratisation de l’usage des ordinateurs, des imprimantes et des photocopieuses a augmenté de façon gargantuesque l'utilisation du papier.


Si l'on s'attarde sur le cycle de production du papier et son impact à la fois sur les forêts, la consommation en eau et en énergie et les émissions des gaz à effet de serre, le bilan est pour le moins accablant et la nécessité d’une journée pour faire le point sur la surconsommation de ce produit, un chancre qui ronge notre planète, n’est plus à démontrer.

"A Changing Future for Paper", l’une des études les plus exhaustives menées par l’Institut international pour l’environnement et le développement durable, fait savoir que durant les années 90, l’industrie du papier aux Etats-Unis était le troisième plus grand consommateur d'énergie après les secteurs du pétrole et des produits chimiques.

La journée mondiale sans papier, célébrée le 25 octobre, est donc l’opportunité propice pour changer certaines pratiques et de sensibiliser les différents acteurs à la nécessité de rationaliser l’utilisation des ressources dans le dessein d’assurer leur pérennité en faveur des générations futures.

C’est particulièrement le monde de l’entreprise, des bureaux et des administrations qui doit s’atteler à une meilleure gestion du papier à travers des réflexes simples, mais qui auront un impact patent tant au niveau financier qu’organisationnel. Et l’impact serait d’autant plus significatif si ces derniers optaient pour une politique d’achat vert, c’est-à-dire l’achat de papiers écologiques labellisés.

Dans cette veine, certaines personnes pensent que les gouvernements et l’industrie ont échoué à améliorer la gestion de l’une des principales sources du papier, à savoir la forêt.

C’est le cas de Driss, un doctorant en relations internationales qui estime que les organisations internationales (OI) devraient fournir davantage d’efforts notamment pour "aider à l'élaboration des politiques nationales, en fournissant les informations nécessaires à encourager les efforts intergouvernementaux pour introduire une foresterie durable".

Dans une déclaration à la MAP, le jeune chercheur juge nécessaire d’accorder "un soutien financier à la recherche et au développement", insistant sur le rôle dévolu au marché qui doit réagir favorablement aux pressions exercées par les consommateurs soucieux de l’environnement.

C'est le raisonnement qui sous-tend l'idée de certification: le processus par lequel les gestionnaires forestiers peuvent demander l'approbation de certificateurs indépendants qui vérifient que les normes convenues d'intendance forestière sont respectées.

À ce niveau, deux systèmes internationaux de labellisation cohabitent. Il s’agit du PEFC, acronyme du Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes (Programme de reconnaissance des certifications forestières) et du Conseil de Soutien de la Forêt (FSC-Forest Stewardship Council).

Ces certifications sont des standards d’exploitation de forêts durablement gérées qui apportent à l’utilisateur un certain nombre de garanties.

La certification PEFC, née en 1999, repose sur six critères distincts, à savoir la pérennisation des ressources forestières, le maintien de la santé et la vitalité des écosystèmes, la préservation des fonctions de productions des forêts, la conservation de la diversité biologique, l’amélioration des fonctions de protections des forêts et le maintien des fonctions socio-économiques.

S’agissant du label FSC, qui lui a vu le jour en 1993 avec pour ambition d’œuvrer en faveur de la préservation des forêts tropicales, il impose aux exploitants diverses contraintes comme le respect des populations autochtones, la préservation de la biodiversité et la régénération des forêts.

Ce système prévoit également un contrôle multipartite de l’activité des forestiers avec des commissions incluant des représentants des populations autochtones ou d’associations environnementales.

Les écolos peuvent aussi se réjouir désormais de produits présentant l’avantage de combiner papier recyclé et ressource issue de forêts gérées écologiquement.

En sus, la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), promue au Maroc grâce notamment à l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises au Maroc, constitue une solution qui devrait inciter les entreprises à adopter de bons réflexes.

Ainsi, elles pourraient, à l’époque où tout le monde dispose d’un smartphone, procéder à la diffusion de documents via QR code, veiller, dès le recrutement, à sensibiliser les employés à l’importance d’adopter des gestes écoresponsables et à limiter le recours à la reprographie.

Un bureau sans papier n’est pas donc une utopie. C’est tout à fait possible si l’on pense à changer nos pratiques.


MAP - Mohammed Saâd BOUYAFRI