Un an au Maroc

Jeudi 23 Août 2018

 

Par Thomas Reilly
Ambassadeur de Grande Bretagne au Maroc

Le 9 août 2018 – Il y a un an, ma famille et moi sommes allés à Tarifa pour prendre le ferry, traverser le détroit et commencer notre aventure au Maroc. Alors que nous apercevions les montagnes du Rif, nous nous sommes tous sentis à la fois excités et inquiets. Bien que je m’étais rendu au Maroc trois fois auparavant, je n’avais jamais travaillé ici : avec les affectations antérieures, j’ai pris conscience que l’expérience d’un touriste était très différente de celle d’un « résident ». Je n’avais jamais été ambassadeur auparavant et je n’avais jamais déménagé dans un nouveau pays avec deux enfants et deux chiens, avec des écoles et une résidence à gérer et à m’en occuper.

Nous avions parcouru plus de 5 000 km du Royaume-Uni à Tanger sans incident, mais nous n’avions été au Maroc que 20 minutes avant d’être accueillis gentiment par un camion qui a heurté l’arrière de notre voiture alors que nous quittions Tanger en direction de Rabat.

Rétrospectivement, c’était une introduction appropriée aux routes marocaines. La conduite au Maroc est rapide et furieuse. Souvent effrayante. Jamais ennuyeuse. Vous devez rester sur le qui-vive tout le temps. Les voitures roulent juste derrière vous à 130 km / h et leurs feux clignotent pour vous demander de vous ranger ; les voitures dépassent de tous les côtés ; les piétons peuvent déambuler sur l’autoroute à tout moment ; et dans les villes et les villages, il y a une grande pagaille d’ânes, de tracteurs, de cyclomoteurs, de charrettes, de personnes, de voitures, de chiens, de chats et de camions. Vous ne pouvez pas vous permettre de perdre la concentration ne serait-ce pour une seconde.

Après notre accrochage avec le camion et notre première rencontre avec la Gendarmerie Royale, incroyablement aimable et serviable, nous sommes sortis de Tanger par la route de Rabat. C’était notre premier voyage le long de ce trajet et, en roulant, j’ai été émerveillé par sa variété géographique – alors que nous laissions derrière nous les collines du Rif, la magnifique côte atlantique est apparue.

Cette route présage l’extraordinaire variété du paysage marocain. J’ai escaladé le mont Toubkal et j’ai contemplé, depuis cette hauteur enneigée et gelée, le magnifique massif de l’Atlas, plus bas le désert infini ; et derrière vers les plaines fertiles autour de Marrakech. Mon épouse a participé à une compétition internationale avec l’équipe nationale marocaine d’endurance dans le désert autour de Merzouga et en est revenue avec des histoires d’une région inhospitalière et incroyablement belle – dunes ondulées de sable, oasis inattendues, et chameaux sortant des tempêtes de poussière. Nous sommes allés en vacances à Essaouira et nous avons eu les jambes mitraillées par le sable levé par le vent alors que nous marchions le long des plages des plus extraordinaires que j’ai vues nulle part ailleurs en dehors de la Nouvelle-Zélande. Nous avons visité Ouarzazate et admiré les films qui y ont été réalisés (dont Gladiateur, l’un de mes favoris de tous les temps). Nous avons roulé jusqu’aux spectaculaires gorges du Dadès et le long de la vallée des roses. Nous avons visité Fès, Volubilis, Meknès, Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Marrakech et Casablanca – des lieux dont les noms évoquent une myriade d’images magiques et mythiques. Nous nous sommes perdus dans le Rif et avons surfé dans l’Atlantique. Nous avons été séduits par le silence dans la Kasbah de Toubkal et profondément plongé dans la folie de Jamaa El Fna.

+ Si je pouvais changer 2 choses au Maroc: la conduite et les ordures +

Alors que nous roulions vers Rabat, ce premier jour, le long des terres plates agricoles entre Larache et Kénitra, nous avons vu la nouvelle ligne de train et la vie rurale aux alentours. Nous avons vu des ânes et des chevaux travaillant dans les champs et de hautes gerbes de paille et de foin. Nous avons vu des gens travailler dur dans leurs champs sous le soleil brûlant d’un été africain.

Je n’avais pas réalisé à quel point la « culture du cheval » était profondément ancrée au Maroc. Comme nous avons voyagé à travers tout le pays, l’importance du cheval dans la vie rurale est évidente. De la courte distance entre Imlil et la Kasbah du Toubkal ; à la route que j’ai surnommée « l’autoroute des ânes », qui va d’Essaouira à Marrakech ou à la vallée des Roses, l’omniprésence de l’âne et du mulet illustre leur centralité dans la vie quotidienne. Lorsque nous avons escaladé le Toubkal, les mulets ont porté nos sacs jusqu’à ce que la neige en leur rende la tâche trop difficile. Dans les villages autour de Larache et Asilah et dans les gorges de Dadès, le transport de personnes et de marchandises se fait à l’aide des ânes pour de nombreuses familles. Dans les collines du Haut Atlas, les sentiers des vallées sont trop escarpés, sauf pour les ânes et les mulets. Les calèches d’Essaouira et de Marrakech ne sont pas seulement pour les touristes et pour le spectacle, mais ont une grande et noble histoire. L’incroyable Tbourida s’appuie sur les chevaux Arabe-Barbes qui sont extraordinairement les plus courageux. Et j’ai eu le privilège de jouer au polo ici sur certains des meilleurs poneys de polo que je n’avais jamais montés.

Lorsque nous sommes finalement arrivés à la résidence à Rabat, plein d’émerveillement et d’excitation, nous avons été accueillis par des gardes souriants. Les policiers nous ont salué de la main. Les habitants des maisons voisines ont levé leurs pouces et ont fait de grands sourires de bienvenus.

Au début de cette année, un groupe de vétérans de l’armée britannique qui souffraient tous de TSPT (trouble de stress post-traumatique) en raison de traumatismes subis ou observés sur les champs de bataille en Irak ou en Afghanistan ont visité le Maroc. Ils sont venus dans des voitures des plus difficiles que vous pouvez imaginer – Citroën Berlingos, dont la qualité était qu’elles ne coûtaient pas plus de 200 £ chacune. Ils sont venus pour faire un tour à travers les déserts du Maroc et lancer le processus de leur rétablissement mental. Ils sont venus à la résidence après leur rallye d’un mois. Ils ont décrit la beauté du désert ; le silence des nuits ; les défis de conduire leurs voitures sur des terrains difficiles ; leur sentiment d’avoir surmonté les difficultés a été très fort, les a guéris et la voie de la récupération est maintenant ouverte devant eux. Mais ce qui les a vraiment frappés, c’est l’hospitalité généreuse des Marocains qu’ils ont rencontrés – ce même sentiment de bienvenue, d’accueil, et d’ouverture. De sorte que chaque fois qu’ils avaient rencontré un problème, il y avait toujours quelqu’un – souvent des communautés les plus pauvres – pour leur offrir de l’aide, un lit pour la nuit, de la nourriture ou de l’eau.

J’ai adoré ma première année ici – et, plus important encore, je pense que ma famille aussi. Le travail a été formidable – parfois difficile, plus souvent gratifiant. J’ai eu tellement de chance lors de mes voyages à travers le pays – le Maroc a une variété presque étonnante d’histoire et de géographie. Rencontrer et travailler avec de nouvelles personnes de tous horizons politiques et sociaux a été un immense plaisir.

Bien sûr, il y a aussi des défis : le Maroc n’est pas parfait – quel pays l’est ? Si je pouvais changer deux choses, ce serait la conduite et les ordures. Le Maroc est le premier au monde à interdire les sacs en plastique et devrait être félicité pour ce leadership, mais l’héritage du fléau de plastique (dont beaucoup de pays souffrent) est plus perceptible au Maroc, car il contraste fortement avec la beauté naturelle et historique exceptionnelle du pays.

J’envisage ma deuxième année avec enthousiasme pour continuer à construire un véritable partenariat d’égal à égal entre nos deux pays, partager mes expériences et visiter plus d’endroits et apprendre davantage sur ce pays remarquable.

**** N/B: Traduction du texte en anglais a été fait par Article19.ma

Article19.ma

L’article Un an au Maroc est apparu en premier sur Article19.ma.



Source : http://article19.ma/accueil/archives/98085...

Maria