Trois questions au DG de l'Organisation internationale pour les migrations Antonio Vitorino

Vendredi 3 Septembre 2021

​Genève - En marge de la première réunion intergouvernementale pour l'Examen régional du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, tenue mercredi en visioconférence, le Directeur Général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) Antonio Vitorino a souligné, dans trois questions à la MAP, les progrès accomplis dans la mise en œuvre du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.


Le DG de l'OIM a noté que le Maroc est et demeure un pays champion dans la mise en œuvre du Pacte à commencer par son lancement en 2018 lors de la Conférence de Marrakech.

1- Question : Comment jugez-vous l'engagement du continent africain à garantir que la migration soit volontaire, ordonnée et régulière ?

Alors que le premier examen de la mise en œuvre du Pacte Mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (PMM) en Afrique s'achève aujourd’hui, on ne peut que se féliciter de la participation importante de plus de 700 représentants de gouvernements, de la société civile et de parties prenantes venant du continent tout entier.

La migration, que ce soit à l’échelle nationale, régionale ou continentale, devient un phénomène de plus en plus complexe. Pour autant, le continent reconnait l'importance capitale de la mobilité humaine pour son développement et a pris un ensemble de mesures et initiatives afin d’accélérer la mise œuvre du Pacte jusqu’à présent.

En effet, neuf pays africains (Maroc, Égypte, Éthiopie, Ghana, Guinée-Bissau, Kenya, Nigeria, Sénégal et Tchad) sur 23 au total sont actuellement des pays dits « Champions » du PMM et ont accepté de prendre à bras le corps la mise en œuvre du Pacte. Par le biais de cette initiative, les pays Champions mettent en commun des informations, des enseignements et des pratiques prometteuses qui contribuent à la réalisation des 23 objectifs du PMM. Cette initiative a été conçue également afin d’offrir aux États membres un soutien technique et un appui au renforcement des capacités de la part du Réseau des Nations Unies sur les migrations, en fonction des réalités et des priorités de chaque pays. D’ailleurs, le Réseau est présent dans 17 pays du continent, ce qui démontre à nouveau un engagement fort de la part des États de travailler à ce que la migration soit bénéfique à tous.

Il est certain que malgré des progrès notables dans la mise en œuvre du Pacte sur le continent, la pandémie menace cet élan et peut avoir des conséquences dévastatrices quant aux droits fondamentaux des migrants. Toutefois, la pandémie a conduit certains États africains à prendre des mesures en faveur des migrants, et à étendre, par exemple, l’accès aux services de base, dont l’accès aux services de santé, aux migrants. De nombreuses autres mesures, déjà prises ou en discussion telles qu’une dispense de visa pour les voyages intra-africains, la mise en place de politiques nationales sur la migration et la diaspora ou la création de groupes de travail sur la lutte contre la traite sont aussi un très bon signal.

2- Question : Comment favoriser le partage de bonnes pratiques et des données qui pourrait contribuer à renouveler l’approche nécessaire entre nos pays ?

Tout d’abord, il faut saluer la création de STATAFRIC et de l’Observatoire africain des migrations (basé au Maroc) qui marque l'engagement de l'Union africaine à travailler au renforcement des capacités de ses États membres dans la production et l'harmonisation des statistiques en Afrique et le partage des données et des bonnes pratiques.

Dans le même temps, le lancement du Réseau africain des données migratoires (AMDN) en avril 2021 est une étape majeure vers un meilleur partage de définitions et méthodes communes et qui contribue à l'harmonisation des données à travers le continent. Le Réseau des Nations Unies va également lancer très prochainement un référentiel de bonnes pratiques sur son Hub (le Migration Network Hub) et qui permettra l’échange d’expériences au niveau mondial.

Par ailleurs, le rapport sur la migration dans le monde 2020 de l’OIM cherche à utiliser l'ensemble de ces données, ainsi que toutes les recherches et analyses disponibles sur la migration afin d’aider à constituer une base de données factuelles sur certains des problèmes migratoires mondiaux les plus importants et les plus urgents de notre époque.

Pour conclure, alors que le renforcement de la coordination et de la collaboration au niveau régional et continental en matière migratoire est fondamental, une approche mobilisant l’ensemble des pouvoirs publics est pressante. En effet, la migration est un phénomène multidimensionnel qui ne peut pas être traité par un seul secteur du gouvernement. Des investissements importants et à long terme sont nécessaires afin d’amener tous les pays d'Afrique au même niveau de capacité et d’action dans la mise en œuvre du Pacte.

Le PMM a également appelé à la création d’un Fonds fiduciaire multipartenaires pour les migrations, qui est une excellente opportunité afin de donner vie au Pacte en mettant en œuvre des projets contribuant à sa réalisation dans le monde entier – dont trois en Afrique. Le Fonds est prêt à plus pourvu qu’il reçoive les fonds nécessaires afin de soutenir 13 autres projets sur le continent.

3- Question : Le Maroc, en tant que pays hôte de l'événement, a également accueilli un certain nombre d'événements importants sur la question des migrations pour notre continent et qui ont permis de mettre en place des politiques migratoires importantes. Comment voyez-vous l'engagement du Maroc en matière de migration, notamment sur notre continent?

Tout d’abord, je tiens à souligner que nous aurions souhaité que cette conférence intergouvernementale soit organisée en présentiel au Maroc, mais malheureusement, en raison de la pandémie, ça n’a pas pu être le cas.

Il est indéniable que le Maroc est et demeure un pays Champion dans la mise en œuvre du PMM, à commencer par le lancement du Pacte en 2018 lors de la Conférence dite de Marrakech. C’est également à Marrakech que le concept du partenariat mondial pour la mobilité des compétences a été lancé avec l'OIT, l’OIM, l'UNESCO, la CSI et l'OIE. Il s’agit d’un concept clé pour la mobilité de la main-d'œuvre et des compétences sur et depuis le continent.

Le Maroc a été le premier pays d'Afrique du Nord à adopter une politique de régularisation et d'intégration de ces migrants et réfugiés en provenance d'Afrique subsaharienne et il est un partenaire de développement très solide pour ses voisins du Sud. D’ailleurs, lors du 28ème Sommet de l’Union africaine, sa Majesté le Roi Mohammed VI été nommé leader sur les questions migratoires.

À partir de 2018, le Maroc a également soutenu et participé aux travaux sur la gouvernance des migrations de travail. Le Royaume a été sélectionné comme l'un des 5 États membres à participer au dernier cadre stratégique du programme conjoint sur la migration, mis en œuvre par la Commission de l’Union africaine, l'OIT et l'OIM.

MAP