Tourisme : le Maroc face à ses concurrents

Mardi 23 Avril 2019

Tourisme : le Maroc face à ses concurrents

Alors qu’au Maroc on se réjouissait plutôt de la croissance touristique et du chiffre de plus de 12 millions de visiteurs en 2018, un article publié par le magazine « Economies et Entreprises » vient relativiser cette satisfaction. Il s’agit d’un texte comparatif avec certains de nos concurrents directs, tels que la Turquie, l’Egypte et même la Tunisie, qui remet en question les avancées réelles du tourisme marocain. Des personnalités du secteur en ont profité pour monter au créneau…

 

L’article en question s’intitule « Le Tourisme otage de l’aérien » car, selon les appréciations, ce serait le maillon faible de cette industrie au Maroc. Mais ce n’est pas le seul, si l’on en juge par les déclarations au magazine cité, par MM. Abdellatif Kabbaj, président du CNT, Lahcen Zelmat, Président de la Fédération National de l’Industrie Hôtelière, et Mustapha Karim, Directeur général du voyagisteEuzyaTravel de Casablanca.

Ces trois personnalités ont en effet, dans cet article,rappelé que le taux de croissance  de 10% du tourisme marocain, était au deçà des pays concurrents, qu’on pouvait faire beaucoup mieux, et que l’aérien en était en partie responsable.

La Turquie par exemple possède une dizaine de compagnies aériennes, alors que le Maroc n’en a que deux. Et A. Kabbaj a même avancé que si Ryanair et EasyJet venaient qu’à supprimer leurs vols, le Maroc pourrait revenir à 5 à 6 millions de touristes annuellement…

On n’en est pas là, heureusement, et des propositions ont été faites au gouvernement pour créer plusieurscompagnies aériennes régionales dans chacune des grandes destinations nationales, genre Marrakech Airlines, Agadir Airlines, etc. Cela coûterait 2 milliards de DH mais permettrait 10 millions de touristes supplémentaires. Mais « le gouvernement n’est pas sensible à ce secteur » selon LahcenZelmat, implacable.

Il est vrai que si l’on se compare à certains pays,  des mesures concrètes et rapides doivent être prises dans le domaine de l’aérien pour doper le tourisme. L’Egypte pratique des baisses massives de prix sur EgyptAir et les charters. Et que dire de la Turquie et de ses offres agressives ! De ses 40 nouveaux vols sur le Maroc  et de son « hub » Istanbul, qui vient d’inaugurer un nouvel aéroport (le plus grand du monde) pouvant accueillir 140 millions de passagers annuellement.

A titre de comparaison, le « hub » de la RAM Casa qui a mis dix ans à se réaliser, n’offre qu’une capacité de 3 millions de passagers par an. Mustapha Karim considère que le Maroc est mal desservi et que c’est la raison du modeste taux de croissance touristique de ce pays comparé aux chiffres astronomiques des concurrents.

La Turquie s’est envolée à 48 millions de touristes, dont plus de 39 millions d’étrangers et 18% de croissance. Elle a multiplié par deux sa captation de touristes en 10 ans et obtenu la Palme de la croissance la plus rapide du secteur, décerné par le Conseil Mondial du Tourisme et des Voyages (WTTC).

La Tunisie aussi s’est redressée après des années difficiles (Printemps arabes, terrorisme, etc) et depuis deux ans se repositionne avec plus de 8 millions de touristes et une politique dynamique pour booster son économie touristique.

Le Maroc, selon les études, a été sauvé par l’arrivée des chinois, les MRE et le tourisme local, mais il reste déficient par manque de vrais tours opérateurs (TO) marocains basés dans les pays d’émissions. C’est pourquoi il a mal exploité par exemple le marché russe (lorsque la Russie avait des problèmes avec la Turquie) tandis que l’Egypte et d’autres destinations en ont profité.

Il faut dire que ces pays ont des agences locales, subventionnées par l’Etat, qui recrutent sur place pour vendre leurs destinations et organisent des voyages-découvertes gratuits pour motiver les professionnels (eductours). Le budget turque de promotion étant de 200 millions de dollars et celui de l’Egypte de 70 millions de $. L’ONMT ne dépensant le sien (650 millions de dh) surtout en frais de fonctionnement, selon les interviewés.

Leurs critiques ont porté  également sur une mauvaise gestion de la publicité. Les campagnes d’affichages dans les métros de certaines capitales européennes notamment sont aujourd’hui dépassées par les moyens qu’offre la technologie digitale. Il y a un retard à rattraper dans ces moyens de communication. Mieux exploiter aussi par exemple l’aspect « people » des célébrités (VIP) qui viennent régulièrement au Maroc. La visite du couple princier britannique dernièrement est passé presqu’inaperçue à l’international, entre autres… Ce type de promotion est pourtant peu coûteux et extrêmement efficace.

Enfin, la capacité litière a également été évoquée. Insuffisante.  Antalya, en Turquie, dépasse à elle seule, celle de tout le Maroc, toutes catégories confondues. Idem dans le balnéaire. Sharm Sheikh, en Egypte, surpasse aussi toute la capacité d’accueil du Royaume chérifien.

Bref, on n’y a pas été de « main morte » dans cet article du magazine « Economie et Entreprises » pour mettre à bas les résultats touristiques obtenus au Maroc. De quoi provoquer un coup de déprime et de perte d’enthousiasme. Au point de se demander si les comparaisons sont toujours bonnes à faire. Car il y a bien sûr toujours matière à s’autocritiquer si l’on se compare aux autres. Ceci dit, cela peut avoir un effet stimulant et motivateur pour corriger ce qui ne va pas et tenter d’améliorer, voire de se dépasser.

Espérons que ce soit dans ce sens positif que la lecture de l’article en question soit prise.

HBP

 

 

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Source : http://premiumtravelnews.com/2019/04/23/tourisme-l...

Rédaction