Startups: Les financements arrivent

Mardi 27 Février 2018

Au total, le budget qui devrait être alloué au financement des startups d’ici dix ans devrait dépasser 700 millions de DH
Le Fonds Innov Invest dédié au financement des startups innovantes est opérationnel. Les modalités de fonctionnement du fonds d’amorçage public-privé sont connues. Ainsi, les quatre sociétés de gestion se partageront 292,5 millions de DH, dont Maroc Numeric Fund II avec un montant de 42,5 millions de DH pour le financement des initiatives existantes (voir tableau).

Au total, la Caisse centrale de garantie (CCG), qui est dépositaire du Fonds Innov Invest, misera 292,5 millions de DH dans les fonds créés par les sociétés de gestion. La part de la CCG varie en fonction de la taille de chaque fonds. Chaque équipe de gestion s’est engagée à lever un montant presque équivalent à la mise de la CCG auprès d’investisseurs et institutionnels privés aussi bien locaux qu’internationaux. (voir aussi nos pages Analyse de Compétences & RH).

Sur les 500 millions de DH prévus par la loi de finances, la CCG conservera 205 millions de DH, destinés notamment à apporter le soutien financier et l’assistance technique aux startups en phase de démarrage ou en co-investissement avec les sociétés de gestion. Les solutions de financement offertes (Innov Idea, Innov Start, Innov Dev) varient de 100.000 DH à 4 millions de DH (http://www.ccg.ma/innovation/nos-solutions.php). Quatre startups viennent de bénéficier d’une première levée de fonds.
Un long processus attend maintenant les sociétés de gestion et les investisseurs intéressés. En effet, ces derniers doivent procéder à une sélection, une due diligence, une évaluation des projets avant de faire valider le tout par leur comité d’investissement respectif. Le processus est plus compliqué quand il s’agit d’investisseur étranger.
Chaque société de gestion devait lever au moins l’équivalent du montant qui lui est adjugé. A défaut de quoi, elle sera éliminée et remplacée par une autre parmi les sociétés figurant dans la liste d’attente. Les sociétés de gestion avaient un délai d’un mois, renouvelé une fois à leur demande, pour soumettre à la CCG des lettres d’intentions fortes d’investisseurs privés. L’une des trois sociétés pourra atteindre à elle seule 300 millions de DH.

Au total, le budget destiné à financer les startups s’élève à 700 millions de DH.

Le Fonds Innov Invest cible en tout 100 startups innovantes. Il s’agit de structures de droit marocain créées il y a moins de 5 ans. Le caractère innovant a été emprunté de la définition OCDE: la startup doit développer un nouveau service, un nouveau produit, un nouveau marché ou un nouveau processus.

Pour trouver un financement, les startups font parfois le tour des capital-risqueurs à travers le monde en tentant de les séduire avec leur projet. C’est ce qui explique que les opérateurs nationaux reçoivent des demandes de toutes les nationalités. Pour se financer via le Fonds Innov Invest, les startups étrangères sont appelées à créer une entité de droit marocain.

L’horizon d’investissement des sociétés de gestion dans les startups est fixé à 10 ans, prorogeable de cinq ans. Le taux de rendement interne (TRI) projeté varie entre 8 et 13%. Les sociétés de gestion percevront une commission annuelle de 3% pour couvrir les frais de gestion, facturés au fonds.

«La viabilité des startups dépend de plusieurs facteurs tels que le concept développé, le secteur d’activité, la réaction du marché, la réponse des consommateurs… C’est ce qui explique que le taux de casse parmi les startups dépasse les 70% durant les trois premières années de leur création car nous sommes dans le domaine de l’incertain», signale le dirigeant d’une société de gestion.

A l’échelle internationale, de nombreuses startups sont devenues des géants du web, tels que FaceBook, Google, YouTube… Lorsque David Filo et Jerry Yang, deux jeunes étudiants de l’Université Stanford, avaient décidé en 1994 de lancer Yahoo, aucun capital-risqueur n’avait confiance dans leur potentiel. Roland Moreno, inventeur français de la carte à puce, n’avait pas eu plus de chance pour trouver des bailleurs de fonds pour financer son invention, qui est devenue par la suite une véritable success-story.
La chasse à la perle rare
C’est maintenant la course contre la montre pour débusquer la perle rare parmi les startups innovantes. «Nous sommes en train d’analyser les premiers projets. Nous tablons sur le déblocage des premiers dossiers au plus tard vers le mois de mai prochain. La difficulté avec les startups réside dans le fait que sur 100 startups, il faut en sélectionner 10 pour investir dans l’une ou deux des plus prometteuses d’entre elles.
C’est un ratio universel qui s’applique aussi au Maroc eu égard à notre historique», explique à L’Economiste le gérant d’une des sociétés de gestion adjudicataires. Certaines sociétés ont déjà commencé à recevoir et à examiner les demandes de financement pour pouvoir présenter un «pipeline» (entendre par là projet) à leurs investisseurs.
 


Source : http://www.leconomiste.com/article/1024580-startup...