Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Jeudi 26 Août 2021

​Tunis - Les derniers développements politiques en Tunisie, la crise économique en Algérie et l'augmentation des prix des engrais en Mauritanie sont les principaux sujets abordés jeudi par la presse maghrébine.


Sous le titre "Qu'attend-on pour intervenir ?", l'éditorialiste de "La Presse de Tunisie" écrit que "l'une des causes de l'effondrement économique que nous vivons est la corruption et les pratiques illégales dans le circuit économique".

Il estime que dans ce "chapitre triste", le monopole généralisé demeure la pratique la plus ravageuse dont on vit jusqu'à aujourd'hui les épisodes insoutenables.

Pas d'eau minérale, exemple cité par le président de la république Kaïs Saïed, mais il n'y a pas que ça, l'huile végétale, les matériaux de construction et tous ces biens de consommation dont les prix fluctuent au gré des envies de ces contrebandiers et cartels organisés, regrette-t-il.

Il regrette le fait que ces mafias n'ont pas honte de se montrer et d'imposer un fait accompli même après le 25 juillet.

"Ils sont partout, dans tous les secteurs, ils s'organisent en réseaux, protégés par une justice passive et parfois complice, et le tout devant un impuissant ministère du Commerce submergé par l'ampleur et la puissance de ces mafias", déplore encore le journal.

Il rappelle que tout presque est monopolisé, et en économie, le monopole est la forme la plus désastreuse au niveau du bien-être du consommateur, astreint alors à payer, faute de concurrence et aussi faute d'alternatives.

Il souligne que les services bien placés savent parfaitement qui sont ces gens qui monopolisent les produits et connaissent l'emplacement des nombreux dépôts où ils cachent ces biens indisponibles sur le marché, indiquant que dans ce cadre, un coup de balai s'impose contre ces criminels en séquestrant leurs dépôts au profit de l'Etat qui se chargerait d'alimenter le marché pour stabiliser les prix et arrêter l'inflation.

Dans cette lutte contre la corruption, le temps est un mauvais allié, car ces mafias commencent à se relever et à hausser le ton, faute de mesures concrètes pour les contrer, fait-il observer, ajoutant que leurs moyens sont colossaux pour protéger leur commerce illégal.

"Le Quotidien", qui titre "A la croisée des chemins", indique que les trente jours de mesures exceptionnelles que tolère la Constitution viennent de prendre fin et le président Kaïs Saïed ne semble pas se limiter à ce mois de répit puisqu'il vient d'annoncer le recours, sans crier gare et avec remarquable sang-froid, aux prolongations qui demeurent, toujours selon la même Constitution, non limitées dans le temps.

Ainsi, on s'attend à voir le Parlement ronronner encore pendant quelque temps et les observateurs avertis pensent qu'il s'agit, là, du coup de grâce pour une institution constitutionnelle qui a longtemps joué avec le feu avant de se brûler alors que les indicateurs étaient au rouge sans pour autant inciter ces parlementaires à assumer leurs responsabilités, à respecter leurs concitoyens, à cesser leurs pratiques corrompues et à se reprendre à temps, explique-t-il.

Il rappelle que c'est ce qui a fait réagir le Président de la République qui voit les choses autrement : "Les institutions politiques existantes et leur manière de fonctionner représentent un danger persistant pour l'Etat".

En optant pour cette prolongation, il devient de plus en plus clair que le chef de l'Etat s'oriente, doucement mais sûrement, vers la mise en action de son propre programme, selon une feuille de route qu'il ne veut pas, pour l'instant, divulguer totalement, ajoute le journal.

Il précise que le Président Saïed dispose même d'autres raisons pour faire durer cette période de mesures exceptionnelles et les échos qui nous parviennent des frontières "sont bien là pour nous rappeler que les menaces terroristes sont encore persistantes et sérieuses avec la présence de milices armées".

Il fait savoir en citant des rapports sécuritaires, que ces milices ont tenté de traverser les frontières pour commettre des actes de sabotage, de terreur et de meurtres avec l'intention d'assassiner le Président de la République, de semer le chaos et de permettre aux islamistes de tenir de nouveau les rênes du pays.

Il estime que c'est dans ce contexte que M. Kaïs Saïed a prolongé cette phase d'attente, même si certaines mesures s'imposent pour rassurer et pour semer encore plus d'optimisme.

Il rappelle que le président tunisien a lui-même promis de nommer un nouveau chef de gouvernement dans les jours qui viennent et "une telle initiative aura de quoi accélérer l'instauration d'une nouvelle ère qui mettra définitivement fin à l'amère expérience parlementaire et surtout à l'hégémonie d'un parti islamiste financé et soutenu par des forces étrangères pour soumettre tout un peuple à la volonté de ces mercenaires".

"Algérie Part Plus" fait savoir que la situation économique en Algérie est totalement négligée par les autorités du pays alors qu'elle connaît une dégradation sans précédent.

"Le pays traverse une panne effrayante contrairement à ce que veulent laisser croire les autorités algériennes qui jouent avec des chiffres totalement infondés sur la supposée relance de la croissance économique", déplore-t-il.

Il relève que la réalité du terrain est très différente avec l'endettement, les graves problèmes de trésorerie, les licenciements des employés, le chômage technique, les liquidations judiciaires ou le gel de tous les investissements productifs, ainsi que la crise que subissent les entreprises algériennes notamment privées et qui menace tout bonnement leur existence.

Il note que cette crise était prévisible depuis le début de la pandémie de la COVID-19 au mois de mars 2020, rappelant qu'en avril de la même année, pas moins de 58 % des entreprises algériennes craignaient de ne pas survivre à la crise financière qui s’est aggravée dans le pays dans le sillage de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19.

Selon la publication, ces données ont été confirmées par une très sérieuse et approfondie étude menée par le cabinet "EVIDENCIA Business Academy", un centre de formation, conseil et études pour dirigeants et chefs d’entreprise basé à Oran, qui a indiqué que seulement 42% des entreprises privées algériennes pensent pouvoir survivre à la crise financière née dans le sillage de la pandémie.

Elle explique que ces entreprises étaient conscientes qu’elles ne peuvent pas s’en sortir sans "un niveau d’endettement élevé ou un rééchelonnement des dettes", précisant que 11,4% des entreprises privées algériennes pensaient depuis avril 2020 "ne pas survivre à cette crise sans mesures d’accompagnement".

D'après la même source, seulement 1/3 des entreprises privées algériennes croyaient à un dénouement proche de la crise" : C’est dire que le tissu économique algérienne était totalement conscient de sa fragilité extrême face à un bouleversement économique de grande envergure.

En effet, les autorités algériennes ont adopté uniquement des mesures d’allègement fiscal et parafiscal au profit des entreprises algériennes qui se sont traduites par la réduction du seuil minimum du coefficient de liquidité.

Il note que même la poursuite de l’octroi des crédits bancaires a été totalement ralentie car les banques algériennes ont manqué cruellement de liquidités pendant toute l’année 2020.

Et depuis le début de l’année 2021, les re-financements des banques algériennes ont été essentiellement consacrés aux entreprises publiques ravagées par les conséquences de la crise financière, fait-il savoir.

Quant aux entreprises privées, premiers employeurs du pays avec 6,95 millions de travailleurs, soit 63% de l’emploi total en Algérie, elles ont été livrées à leur triste sort et abandonnés à leurs problèmes de trésorerie, dénonce l'auteur de l'article, qui relève que les conséquences seront lourdes de conséquences puisque les pertes des emplois seront colossales et d’ici la fin de l’année 2021.

Dans ce sens, le bilan des entreprises algériennes ayant fait faillite provoquera un autre cataclysme économique en Algérie, met-il en garde.

En Mauritanie, la presse locale relève que des agriculteurs se sont plaints mercredi de la hausse vertigineuse des prix des engrais depuis l'ouverture de la campagne agricole en juillet dernier par le président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani.

Le prix d'une tonne d'engrais noir est passé de 130.000 à 250.000 ouguiyas anciennes, alors que le prix de la tonne des engrais blancs est passé de 110.000 à 150.000 Ouguiyas anciennes, ont indiqué ces agriculteurs cités par ces médias.

Ils notent que le ministre de l'Agriculture, Sidina Ould Sidi Mohamed Ould Ahmed Ely, avait justifié cette situation par l'augmentation des prix des engrais sur le marché à l'international.

MAP