Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Jeudi 5 Août 2021

​Tunis - Les derniers développements politiques en Tunisie et la situation épidémiologique en Algérie et en Mauritanie sont les principaux sujets abordés jeudi par la presse maghrébine.


Dans un éditorial intitulé "La guerre sacrée...", "La Presse de Tunisie" écrit qu’il y a quelque chose de très urgent à combattre, ou plutôt qu'il faut commencer à combattre sérieusement, c'est sans doute la corruption qui a envahi tous les secteurs sans exception.

Elle concerne tout le monde : partis, fonctionnaires, hommes d'affaires, entreprises publiques, santé, justice, culture et sport, enseignement, énergie, médias, énumère-t-il, relevant que ce fléau a fragilisé l'économie et privé l'Etat d'un immense vivier.

En même temps, le coût de la corruption est énorme et pèse lourd sur les équilibres macroéconomiques, poursuit-t-il, soulignant que si on est arrivé à ce stade de chaos, c'est en grande partie à cause de la corruption et de l'impunité devant des dossiers lourds et argumentés par des preuves.

Cette feuille de route que l'on veut doit comporter systématiquement un plan clair de l'approche anti-corruption, préconise l’éditorialiste, ajoutant que les dossiers sont là, les organes de la justice tunisienne, malgré toutes les infiltrations, tiennent encore bon.

"Il suffit d'accélérer la cadence, de passer à l'action et de donner les moyens qu'il faut à notre justice pour mettre fin à ces tragédies et à ces agissements scandaleux", poursuit la même source.

Cela va avoir des effets impressionnants à court terme sur le plan international, estime-t-il, ajoutant que les bailleurs de fonds, les investisseurs et les pays partenaires auront une motivation de plus pour rentrer dans des ententes et des projets communs.

La transparence est, rappelle-t-il, un indicateur clé en finance internationale : autant on offre une garantie solide pour la protection des intérêts des investisseurs nationaux et internationaux, autant les capitaux vont affluer.

Pour sa part, "Le Quotidien", qui titre "des priorités à respecter", fait observer qu’à moins de vingt jours de l'échéance annoncée des trente jours, le Président Kaïs Saïed doit faire preuve de plus de rapidité dans la mise en exécution de son initiative.

Le moment de vérité a sonné pour Kaïs Saïed, indique-t-il, soulignant que celui qui a osé provoquer ce tsunami socio-politique dans le pays n'a plus le droit d'avoir la main qui tremble et il est appelé à aller au bout de ses intentions, les bons surtout.

Ceux qui soutiennent le Président de la République se sont tous accordés à dire que Saïed ne doit pas trop tergiverser, relève-t-il, estimant que certes, chaque pas accompli nécessite attention et pertinence, mais il ne faut pas somnoler au moment où la fermeté, la détermination et l'autorité sont plus qu'indispensables.

Aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger, on attend avec impatience la nomination du futur chef de gouvernement, note le journal, faisant savoir que l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens, un allié de taille pour Saïed, appelle également à accélérer cette nomination pour pouvoir entamer la phase la plus délicate, celle de la mise en application de la nouvelle feuille de route qui sera établie selon les orientations fixées par le président, son chef de gouvernement et les principales composantes de la société civile.

"Or, jusqu'à présent, nous ne percevons pas nettement le probable contenu de cette feuille de route", déplore le journal, qui souligne que certes, Saïed dispose de trente jours pour tout dévoiler, mais il est plus qu'urgent de mettre en place la future stratégie et d'entreprendre certaines actions qui n'attendent pas.

Selon l'éditorialiste, Kais Saïed a répondu présent au moment opportun pour rejoindre son peuple, déçu et lessivé par dix ans d'errements et de dérapages et il est appelé à passer à l'action sans trop regarder dans le rétroviseur.

"Après avoir fait le plus difficile en libérant le peuple de l'hégémonie d'une classe politique corrompue et irresponsable, nous devons savoir où Saïed voudrait aller ? Que veut-il changer essentiellement ?" se demande-t-il.

Certaines réformes sont plus que nécessaires et tout le monde en convient tels la réforme du système politique, l'instauration d'un régime présidentiel, la révision du code électoral, l'organisation des législatives anticipées, la libération de la justice, demeurée pendant de longues années sous le joug des nahdhaouis, la divulgation de toute la vérité sur les assassinats politiques et l'appareil clandestin d'Ennahdha, l'engagement d'une véritable bataille contre les malfrats, corrompus, contrebandiers et terroristes, explique-t-il.

En s'appuyant sur la légalité et en précisant les séquences, le calendrier et les modalités, il emportera l'adhésion la plus large, en Tunisie comme à l'étranger où les manifestations de soutien commencent à devenir plus consistantes, soutient-il.

En ne disposant que de vingt autres jours pour dévoiler tout son programme, Saïed aura intérêt, avant tout, à en finir avec cette classe politique qui demeure encore résistante et nocive, conclut-il.

Sous le titre "La situation est grave !", "Le Matin d’Algérie" écrit qu’alors même que la pandémie fait des dizaines de morts, les autorités n’ont rien trouvé à redire que de palabrer sur les élections municipales.

"Les morts par manque d’oxygène dans les hôpitaux se multiplient. Les appels au secours se font pressants. A l’est, à l’ouest et au centre du pays, la tragédie est quotidienne", déplore-t-il, ajoutant que ce n’est plus une vague de Covid, mais un tsunami qui emporte parfois des familles entières comme à Sétif, il y a quelques jours.

Il rappelle que dans ce tableau noir, le corps médical paye un très lourd tribut, précisant que pas moins de 460 personnels médicaux ont perdu la vie depuis mars 2020.

"Rien que le mois dernier, 46 médecins sont morts de ce maudit virus. 4700 personnes sont officiellement décédées de la Covid-19", regrette-t-il, faisant observer que devant l’incapacité des autorités à fournir les moyens nécessaires pour sauver des vies humaines ce sont les citoyens qui se sont mobilisés partout en Algérie, comme dans l’émigration pour acheter des concentrateurs d’oxygène.

Des dizaines de milliers d’euros ont été récoltés par l’émigration pour faire parvenir d’urgence ces appareils aux malades. Des industriels ont mis la main à la poche aussi pour acquérir des centrales de production d’oxygène, note-t-il.

Il relève que sur les réseaux sociaux, dans les villages, les villes les plus reculées du pays on n'échange plus que pour lancer des appels pour avoir des concentrateurs d’oxygène ou pour annoncer les victimes de cette pandémie que les autorités n’ont pas su anticiper.

Le ministre de la Santé l'a reconnu sans avoir le courage de démissionner, comme d'ailleurs les responsables concernés par la gestion de la santé, ajoute l’auteur de l’article, faisant remarquer que la situation a atteint l’insupportable et le pouvoir continue de regarder ailleurs.

Selon lui, "l'heure est gravissime. Le temps presse. Chaque heure perdue, ce sont des vies qui s'éteignent".

"Pour la énième fois, le chef de l’Etat a décidé le confinement de 37 wilayas. Comprendre : les commerces et entreprises seront largement touchés. Pour autant, rien n’est fait pour accompagner le tissu économique", regrette-t-il encore.

Quelle aide pour les commerces en difficulté ? Aux petites entreprises dont l'activité est à l'arrêt ? Aux foyers les plus touchés ? se demande-t-il, indiquant que les PME/PMI sont les premières à essuyer les plâtres.

Il soutient qu’aucun chiffre d’entreprises fermées n’a été rendu public et devant l'ampleur du désastre, les autorités gardent le silence.

"Outre une économie dans un état de quasi-paralysie, la situation politique ne l’est pas moins. Les partis d’opposition sont soumis à d’indicibles pressions et interdictions. Violations des libertés, criminalisation de l’action politique, censure des médias, détentions arbitraires – 200 détenus d’opinion croupissent en pleine pandémie dans les prisons", dénonce-t-il, ajoutant que "c’est tout un pays immobile qui attend sans rien attendre des tenants du pouvoir".

En Mauritanie, la presse locale revient sur les déclarations du ministre de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, M. Moktar Ould Dahi, dans lesquelles il souligne qu’au vu de l'augmentation constante du nombre de nouveaux cas de contamination, le Président de la République a instruit le comité interministériel chargé du suivi de l’évolution du covid-19, de se réunir d’urgence afin de prendre les mesures qui s’imposent.

Selon la même source, il a été constaté que le nombre de nouveaux cas positifs est en hausse.

A cela s’ajoutent le faible taux de vaccination et un pic de cas graves, 99 au total, a déclaré le porte-parole du gouvernement, qui a Annoncé qu’il a été décidé aussi de démarrer une campagne intensive de vaccination pour préserver au maximum les citoyens.

Des centres de vaccination de proximité seront installés dans les quartiers périphériques ainsi que dans les zones où une augmentation de nouveaux cas est constatée, ajoute la même source, qui note qu’au niveau des entrées et sorties des grandes villes, des centres de vaccination seront également installés afin que les voyageurs, entrants ou sortants puissent prendre leur première ou seconde dose, selon leur situation.

Elle relève qu’un train de mesures draconiennes a été annoncé, afin d'augmenter le nombre de personnes vaccinées, ajoutant que la vaccination sera rendue obligatoire pour tous les fonctionnaires et pour toutes les personnes qui travaillent dans des établissements publics.

D’après ces médias, les personnes réfractaires s’exposent à des sanctions.

MAP