Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Jeudi 20 Mai 2021

Tunis - Les grèves en Tunisie, la grogne des enseignants en Algérie et la situation épidémiologique en Mauritanie sont les principaux sujets abordés jeudi par la presse maghrébine.


En Tunisie, "Le Temps" note qu'après la grève des recettes de finances qui se traduira par un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dinars sous forme d'impôts non levés, l'Etat risque de voir s'évaporer un peu plus de 2 milliards de dinars en 24 heures à cause de la paralysie qu'entraîne le débrayage du transport dans l'ensemble du pays.

En donnant le mot d'ordre à une grève générale ce jeudi, la fédération générale du Transport relevant de l'Union Générale Tunisienne des Travailleurs inflige un coup dur au gouvernement qui vient juste d'entamer les discussions avec les bailleurs de fonds dans l'espoir d'obtenir un nouveau soutien financier, précise le journal, rappelant que l'institution internationale avait en effet posé une condition sine qua non pour le déblocage de l'aide espérée, en l'occurrence la paix sociale.

L'UGTT ne l'entend toutefois pas de la même oreille, en parrainant les mouvements de grèves dans les secteurs névralgiques pour l'économie nationale, déplore l'auteur de l'article, pour qui la grève du transport qui doit avoir lieu aujourd'hui, si aucun accord de dernière minute n'avait été trouvé avec les autorités, mettra l'organisation ouvrière sur le banc des accusés.

Cité par le quotidien, Sami Arfaoui, économiste estime que l'UGTT est en train de jouer un très mauvais tour au gouvernement engagé dans un délicat processus de négociation avec le FMI.

La montée de la tension sociale est très palpable dans le pays ce qui est de nature à avoir un impact indésirable voire catastrophique pour l'ensemble de l'économie, met-il en garde.

Il relève que si, jamais, elle est exécutée, la grève dans les transports aérien, terrestre et maritime mettra un frein à l'ensemble de la dynamique économique dans le pays et paralysera la quasi-totalité de la chaine de production.

Cette paralysie de l'ensemble des services de transport dans le pays aura un coût direct calculé sur la base d'un jour de travail perdu pouvant avoisiner les 1,3 milliard de dinars (1 euro = 3,28 dinars).

Avec une hypothèse d'une grève suivie à 100% dans le transport public, l'on peut en effet estimer que 90% des travailleurs, tous secteurs confondus, vont manquer de travailler, relève-t-il.

Pour ce qui est du coût indirect, il est souvent supérieur ou égal au coût direct multiplié par deux, c'est-à-dire que l'on doit compter un peu plus de deux milliards de dinars, ajoute-t-il, concluant que le coût global d'une grève générale dans le transport en Tunisie risque de dépasser la barre de 3 milliards de dinars.

Sous le titre "La grève de trop !", "La Presse de Tunisie" rappelle que le pays est à la quatrième semaine d'une grève sauvage et continue opérée par les agents des recettes des finances partout en Tunisie.

Selon l'éditorialiste, il s'agit d'une paralysie généralisée des recettes fiscales directes de l'Etat, c'est-à-dire les recettes "sûres" et liquides de la fiscalité "directe" et de proximité qui garantissent un consistant fonds de roulement aux caisses de l'Etat.

Et le malheur dans tout cela, c'est que c'est une grève qui dépasse le cadre légal : la durée, les modalités et les dommages créés non seulement à l'Etat, mais au simple citoyen bloqué chaque jour devant des guichets fermés, regrette-t-il.

Pour le journal, le simple citoyen qui désire obtenir une carte d'identité, un passeport pour un déplacement urgent, le simple commerçant déjà étouffé par les taxes en tous genres, mais aussi toutes les sociétés et les personnes qui ont des déclarations fiscales ou qui ont des obligations contractuelles telles que le logement et la cession en immobilier, tout le monde est bouche bée devant cette incroyable mais vraie grève.

La raison est comme d'habitude salariale : une prime convenue il y a quelques années a été débloquée mais les montants sont inférieurs à ceux attendus, fait-il savoir.

Selon la même source, le ministre tunisien des Finances est pointé du doigt par la partie syndicale car il a failli à ses engagements selon eux et n'a pas cherché à dialoguer.

Une version pas très solide quand on voit les conséquences graves de cette grève sur les caisses de l'Etat déjà fragiles et le besoin de liquidités, déplore-t-il.

En Algérie, "El Watan" écrit qu'alors que le ministère de l’Education nationale cherche l’apaisement en ouvrant le dialogue, les fonctionnaires du secteur, notamment les enseignants, continuent de faire pression en maintenant leur mouvement de grève.

MAP