Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Lundi 10 Mai 2021

Tunis - L'appel à la désobéissance suite à la décision du gouvernement tunisien de décréter sept jours de confinement général, l’escalade des violences policières contre les manifestants en Algérie et les mesures de sécurité prise par les autorités mauritaniennes à l’approche de l'Aïd Al Fitr sont les principaux sujets abordés lundi par la presse maghrébine.


"Tunisie Numérique" fait savoir que l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) et l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) ont déclaré la désobéissance civile face au gouvernement.

Le média indique que la centrale patronale, UTICA, et celle des travailleurs, l’UGTT, ont publié, dimanche soir, un communiqué commun, dans lequel elles déplorent "la ségrégation suivie par le gouvernement pour les mesures et les dispositions prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie".

Les deux centrales déplorent que les dispositions restrictives de fermeture et d’interdiction d’exercice ne concernent que les petites entreprises, alors que les grandes entreprises ont été exemptées de ces mesures, ajoute la même source.

Elle fait savoir que les deux organisations ont annoncé avoir donné des consignes à leurs adhérents pour désobéir à ces mesures et poursuivre, normalement, leurs activités.

De son côté, "Réalités" note que le confinement général est très mal vu en Tunisie, du moins, sa rapide mise en place, faisant observer que le gouvernement l’a annoncé vendredi 7 mai et il est entré en vigueur le 9 mai 2021.

Il explique que les citoyens n’ont pas eu le temps de s’organiser comme en témoignent, d’ailleurs, les transports publics et les bureaux de poste bondés.

Une désobéissance civile générale a été constatée en Tunisie et ce, dans plusieurs gouvernorats, fait-il observer, relevant que cela a commencé par des petits commerçants, soucieux de préserver leur seul et unique gagne-pain.

Pour "Webmanager", le gouvernement tunisien, dans un élan purement populiste, vient de décréter un congé payé pour ses fonctionnaires de 10 jours.

On peut comprendre la fermeture des cafés, des mosquées et autres lieux de loisirs, réduire les déplacements entre les régions, mais aller jusqu’à fermer les entreprises et réduire le secteur privé à un chômage forcé, c’est "incompréhensible voire suicidaire économiquement", met-il en garde.

Il explique que sitôt la décision du gouvernement de confiner le pays a été annoncée, de surcroît on leur donne 3 jours pour sa mise en place, faisant observer que tous les Tunisiens se sont rués sur les routes, les stations de trains, de bus, de louanges, des supermarchés.

Il souligne que l’idée que dégage la Tunisie est d’un pays plutôt en congé qu’en confinement, rappelant que la commission scientifique et le gouvernement doivent comprendre que la seule porte de sortie est la vaccination.

Ils doivent chercher tous les types de vaccins disponibles (chinois, indien, russe, américain, britannique), même avec une efficacité de 50% c'est mieux que la mort, préconise l’auteur de l’article, faisant remarquer que la Tunisie a raté toute sa stratégie vaccinale, et avec ce rythme de 15.000 personnes vaccinées par jour, on ne finira de vacciner le peuple tunisien qu’en 2025.

Il estime qu’aujourd’hui la priorité devrait être les ouvriers, les travailleurs, les agents dans les établissements de tourisme, les ingénieurs, les chefs d’entreprise, en un mot les forces productives et non l’administration car un gouverneur ou un délégué ou un Omda ne sont ou bien ne devraient être pas des personnes prioritaires de point de vue économique.

La Tunisie et donc le gouvernement sont en train de fermer le robinet économique qui continue pourtant à apporter encore de l’oxygène au pays, déplore-t-il, relevant que la seule voie que le gouvernement Mechichi a choisi c’est de contracter des crédits au FMI et à la BM, et ce non pour des projets ou pour des investissements, mais pour payer les salaires des fonctionnaires.

"Business News" fait état pour sa part de vives tensions qui ont éclaté dimanche à plusieurs zones dont le marché central de Tunis, le souk Sidi El Bahri ainsi que le marché aux poissons de Sfax.

En effet, les marchands ont décidé d’ouvrir leurs commerces contrairement aux dispositions du confinement général décrété par le gouvernement à partir de dimanche, constate la publication, notant que les commerçants ont forcé les portes et manifesté leur désobéissance en voulant travailler malgré les dispositions du confinement.

Selon la même source, les forces de l’ordre et la police municipale sont intervenues et ont procédé à la fermeture forcée des marchés.

En Algérie, "ObservAlgérie" relève que les Algériens ont été choqués par les images d’un manifestant malmené par des policiers, ajoutant qu’il s’agit cette fois d’un homme âgé de 61 ans, qui a été brutalisé par des policiers en civil lors de son arrestation pendant la marche du Hirak de vendredi 7 mai, à Alger.

Il note que les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent le sexagénaire, chétif, au milieu de plusieurs policiers en civil qui n’ont pas hésité à le violenter.

"On assiste, depuis le retour de mouvement populaire (Hirak), à une répression sans pareille contre les manifestants", regrette-t-il, faisant savoir que chaque marche hebdomadaire (principalement vendredi et mardi) apporte son lot de violence.

Il regrette le fait que malgré les moult dénonciations et les innombrables appels à la cessation de l’acharnement à l’encontre des marcheurs pacifiques en Algérie, la machine répressive ne s’arrête pas.

Il fait savoir que plusieurs manifestants ont été encore une fois malmenés vendredi dernier.

Citant le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le média relève que l'homme en question est un ancien entraîneur de la sélection algérienne de course à vélo.

D’après la même source, la scène, filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux, a provoqué l’ire des Algériens et une vague d’indignation.

Les internautes sont nombreux à dénoncer "un énième dépassement" des forces de l’ordre et à afficher leur solidarité avec l’homme interpellé, ajoute-t-elle.

Elle indique que le sexagénaire n’a pas été le seul à être arrêté lors de la même marche de vendredi à Alger, précisant que le CNLD fait état de plusieurs autres interpellations parmi les manifestants, dont une vieille dame arrêtée lors de la marche du vendredi 7 mai à Alger.

De son côté, TSA revient sur la réaction de l'avocat et militant des droits humains, Abdelghani Badi, qui a souligné que la photo du vieux brutalisé par la police "illustre à elle seule l’état des droits de l’Homme en Algérie".

"Il ne faut pas se taire devant de tels comportements illégaux. L’objectif était de provoquer les manifestants et les pousser à la violence", a réagi, quant elle, Me Nabila Smail, connue pour défendre les détenus du Hirak.

"Interlignes" indique de son côté que dès vendredi passé, l’opinion publique attendait la réaction des autorités suite à cette vidéo diffusée sur les réseaux sociaux devenue virale quelques minutes après et qui montre des images d’une violence inouïe contre le sexagénaire maltraité lors d’une interpellation musclée.

Il fait savoir que le ministère algérien de l’Intérieur a rendu public, dimanche, un communiqué dans lequel il exige désormais de nouvelles conditions pour la tenue des marches hebdomadaires et même de "déclarer les slogans scandés".

Dans ce sens, il se demande si le ministère de l’intérieur veut interdire les marches du Hirak.

Il rappelle que les marches dans la capitale sont interdites depuis juin 2001, le lendemain de la grande marche organisée lors des événements du printemps noir de Kabylie, mais l’interdiction a été cassée par les marches du Hirak depuis le 22 février 2019.

En Mauritanie, la presse locale s’attarde sur les mesures sécuritaires prises par le gouvernement à l’approche de l’Aid Al Fitr.

Les journaux notent que les ministres mauritaniens de la Défense, M. Hanenne Ould Sidi, et de l'Intérieur et de la Décentralisation, M. Mohamed Salem Ould Merzouk, ont effectué, dimanche, une visite d'inspection dans les trois wilayas de Nouakchott pour s’enquérir des conditions de sécurité dans ces zones.

Le but de cette visite est de se rendre compte de l’effectivité des dispositions de sécurité prises récemment et évaluer leur efficacité à l'approche de l'Aïd al-Fitr qui s’ajoutent au couvre-feu déjà en vigueur, précisent les mêmes sources.

D’après les mêmes sources, qui citent ces responsables, ces mesures ont pour but de contrôler la sécurité et de sécuriser les citoyens, surtout au cours ces derniers jours du mois béni du Ramadan et l’approche de l'Aïd Al-Fitr.

Elles relèvent que ces périodes nécessitent des dispositions particulières dans certains sites sensibles tels que les grands marchés dans les différentes moughataas, le site du port, la zone de l'ancien aéroport et le vieux jardin de la Capitale, en plus des principaux carrefours routiers.

MAP